Élections européennes de 2014 en Allemagne

Élections européennes de 2014 en Allemagne
Élection des 96 députés européens pour l'Allemagne
Corps électoral et résultats
Population 80 585 700
Inscrits 62 004 092
Votants 29 836 916
48,12 % en augmentation 4,8
Votes exprimés 29 340 700
CDU/CSU – David McAllister
Voix 10 374 758
35,36 %
en diminution 2,5
Sièges obtenus 34 en diminution 8
Parti social-démocrate – Martin Schulz
Voix 7 999 955
27,27 %
en augmentation 6,5
Sièges obtenus 27 en augmentation 4
Alliance 90 / Les Verts – Rebecca Harms
Voix 3 138 201
10,70 %
en diminution 1,4
Sièges obtenus 11 en diminution 3
Die Linke – Gabriele Zimmer
Voix 2 167 641
7,39 %
en diminution 0,1
Sièges obtenus 7 en diminution 1
Alternative pour l'Allemagne – Bernd Lucke
Voix 2 065 162
7,04 %
Sièges obtenus 7 en augmentation 7
Parti libéral-démocrate – Alexander Graf Lambsdorff
Voix 986 253
3,36 %
en diminution 7,6
Sièges obtenus 3 en diminution 9

Les élections européennes de 2014 ont eu lieu entre le 22 et le 25 mai selon les pays, et le dimanche 25 mai 2014 en Allemagne. Ces élections étaient les premières depuis l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne qui a renforcé les pouvoirs du Parlement européen et modifié la répartition des sièges entre les différents États-membres. Ainsi, les Allemands n'ont pas élu 99 députés européens comme en 2009, mais seulement 96.

Contexte

Depuis les dernières élections, quelques changements ont eu lieu dans le paysage politique allemand. Ainsi, bien qu'Angela Merkel et son parti dominent toujours la scène politique, son allié au gouvernement entre 2009 et 2013, le FDP, a connu une série d'importants revers, le laissant même sous le seuil des 5 % des voix et sans député au Bundestag lors des élections fédérales de 2013. Néanmoins, l'abaissement du seuil nécessaire pour obtenir des députés européens de 5 à 3 % des voix, semble représenter une possibilité pour le FDP de conserver une représentation, certes plus modeste, au Parlement européen.

La CDU/CSU, bien que toujours majoritaire mais privée de son allié, a donc formé une nouvelle grande coalition avec le SPD.

Enfin, les dernières élections fédérales ont également été marquées par l'apparition d'un nouveau parti, original en Allemagne car fortement eurosceptique. L'Alternative pour l'Allemagne a en effet frôlé les 5 % des voix nécessaires pour entrer au Bundestag, et semble en mesure de faire son entrée au Parlement européen[1].

Mode de scrutin

Les eurodéputés allemands sont élus au scrutin proportionnel de liste, mais contrairement aux élections pour le Bundestag, les électeurs ne disposent que d'une seule voix. Le 26 février 2014, le Tribunal constitutionnel fédéral a décidé que l'imposition d'un seuil électoral était inconstitutionnel pour les élections européennes. Cela a pour conséquence de permettre l'entrée de plusieurs petits partis (de) au Parlement européen[2].

Lors de ces élections, peut voter tout citoyen européen résidant en Allemagne et ayant 18 ans ou plus, le jour de l'élection. Les citoyens allemands vivant dans d'autres pays de l'Union européenne, tout comme les ressortissants de pays-membres vivant en Allemagne, doivent décider s'ils votent dans leur pays d'origine ou dans leur pays de résidence.

Campagne

Partis et candidats

Pour présenter des listes lors de ces élections, les partis et organisations politiques doivent rassembler les signatures de 4 000 électeurs. Cela ne concerne néanmoins pas les partis représentés au Bundestag et dans les Landtagen, ou ceux ayant eu au moins cinq députés au Parlement européen lors de la dernière législature. Le tableau ci-dessous présente les 25 partis ayant remplis les conditions pour se présenter aux élections[3],[4].

Parti Idéologie Tête de liste Parti européen
Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (CDU) Démocratie chrétienne, libéral-conservatisme David McAllister PPE
Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD) Social-démocratie, troisième voie, progressisme Martin Schulz PSE
Alliance 90 / Les Verts (GRÜNE) Écologie politique, progressisme Rebecca Harms PVE
Parti libéral-démocrate (FDP) Libéralisme économique, social-libéralisme Alexander Graf Lambsdorff ALDE
Die Linke (LINKE) Socialisme démocratique, anticapitalisme Gabriele Zimmer PGE
Union chrétienne-sociale en Bavière (CSU) Démocratie chrétienne, libéral-conservatisme Markus Ferber PPE
Électeurs libres (FW) Démocratie directe Ulrike Müller PDE
Les Républicains (REP) National-conservatisme, populisme, euroscepticisme Herrmann Mack
Parti de protection des animaux (Tierschutzpartei) Écologie politique, droits des animaux, euroscepticisme Stefan Bernhard Eck EA7
Parti des familles d'Allemagne (FAMILIE) Conservatisme, intérêts des familles Arne Gericke
Parti des pirates (PIRATEN) Protection de la vie privée, liberté d'accès aux documents administratifs, démocratie directe, réforme du droit d'auteur Julia Reda PPUE
Parti écologiste-démocrate (ÖDP) Écologie politique, écologie profonde Klaus Buchner
Parti des Chrétiens fidèles à la Bible (PBC) Fondamentalisme chrétien Klaus-Dieter Schlottmann MPCE
À partir de maintenant... la démocratie par référendum (Volksabstimmung) Démocratie directe, national-conservatisme Helmut Fleck
Parti bavarois (BP) Nationalisme bavarois, indépendantisme, libéral-conservatisme Florian Weber ALE
Centre chrétien - Pour une Allemagne selon les commandements divins (CM) Fondamentalisme chrétien, national-conservatisme, anti-Islam, euroscepticisme Josef Happel
Parti pour le travail, l'environnement et la famille (AUF) Démocratie chrétienne, conservatisme social Christa Meves MPCE
Parti communiste allemand (DKP) Communisme, marxisme-léninisme Nina Hager PGE (observateur)
Mouvement des droits civiques Solidarité (BüSo) Protectionnisme, anti-impérialisme, euroscepticisme Helga Zepp-LaRouche
Parti pour l'égalité sociale, section de la quatrième internationale (PSG) Communisme, trotskisme Ulrich Rippert
Alternative pour l'Allemagne (AfD) Souverainisme, libéral-conservatisme, euroscepticisme Bernd Lucke
Mouvement populaire pour la Rhénanie-du-Nord-Westphalie (PRO NRW) Nationalisme, populisme, anti-Islam Markus Beisicht
Parti marxiste-léniniste d'Allemagne (MLPD) Marxisme-léninisme, maoïsme, anti-révisionnisme Peter Weispfenning
Parti national-démocrate d'Allemagne (NPD) Néonazisme, ultranationalisme, antiaméricanisme Udo Voigt
Die PARTEI (PARTEI) Parti politique satirique Martin Sonneborn

Sondages

Sondage FGW
22 mai 2014
 %
40
30
20
10
0
37,5 %
(−0,4 %)
26,5 %
(+5,7 %)
10 %
(−2,1 %)
7,5 %
(± 0,0 %)
7 %
(inc.)
3,5 %
(−7,5 %)
8 %
(−2,8 %)
2009

Sondage


Fédéral

Institut Date Union SPD GRÜNE FDP LINKE AfD Autres
FGW dimap[5] 22.05.2014 37,5% 26,5 % 10 % 3,5 % 7,5 % 7 % 8 %
FGW dimap[5] 16.05.2014 38% 27 % 11 % 3 % 8 % 6 % 7 %
Infratest dimap[5] 14.05.2014 37% 27 % 9 % 3 % 9 % 7 % 8 %
YouGov[5] 13.05.2014 39% 25 % 10 % 4 % 10 % 6 % -
FGW[5] 09.05.2014 38% 27 % 12 % 3 % 8 % 6 % 6 %
Infratest dimap[5] 30.04.2014 39% 27 % 9 % 4 % 8 % 6 % 7 %
INSA[5] 25.04.2014 36% 28 % 11 % 4 % 9 % 7 % 5 %
FGW[5] 11.04.2014 39% 27 % 11 % 3 % 8 % 6 % 6 %
Infratest dimap[5] 03.04.2014 40% 28 % 9 % 3 % 7 % 6 % 7 %
FGW[5] 28.03.2014 39% 26 % 12 % 3 % 8 % 6 % 6 %
FGW[5] 14.03.2014 38% 26 % 11 % 4 % 8 % 6 % 7 %
INSA[5] 09.03.2014 38% 26 % 9,5 % 3 % 8,5 % 7,5 % 7,5 %
Infratest Dimap[5] 06.03.2014 40% 26 % 11 % 4 % 7 % 5 % 7 %
Forschungsgruppe Wahlen[5] 21.02.2014 40% 24 % 12 % 4 % 8 % 6 % 6 %
INSA[6] 14.02.2014 39% 25 % 10 % 3 % 10 % 8 % 5 %
Infratest[5] 06.02.2014 38% 29 % 10 % 4 % 8 % 6 % 5 %
Emnid[5] 26.01.2014 42% 26 % 10 % 3 % 8 % 7 % 4 %

Dans les Länder

Land Institut Date CDU/CSU SPD GRÜNE FDP LINKE Autres
Brandebourg Infratest dimap[5] 14.03.2014 28 % 32 % 6 % 2 % 23 %
Résultats 2009 22,5 % 22,8% 8,4% 7,4% 26,0% 13,0%
  • FW 6,7%
  • Autres 9,4%
Bavière Bayerischer Rundfunk[5] 15.05.2014 47 % 20 % 11 % 4 % 3 %
  • FW 3 %
  • AfD 6 %
  • Autres 6 %
GMS[5] 25.04.2014 49 % 15 % 11 % 3 %
  • FW 7 %
  • AfD 5 %
  • Autres 10 %
Infratest dimap[5] 15.01.2014 50 % 20 % 12 % 3 %
  • FW 4 %
  • AfD 3 %
  • Autres 4 %
Résultats 2009 48,1 % 12,9% 11,5% 9,0% 2,3%
  • FW 6,7%
  • Autres 9,4%
Hambourg Trend Research[5] 12.05.2014 27 % 32 % 14 % 4 % 10 %
  • AfD 6 %
  • Autres 6 %
Infratest dimap[5] 15.01.2014 26 % 35 % 16 % 6 % 9 %
  • AfD 3 %
  • Autres 6 %
Résultats 2009 29,7% 25,4% 20,5% 11,1% 6,7% 6,5%
Mecklembourg-Poméranie-Occidentale NDR[5] 07.05.2014 34 % 29 % 5 % - 17 %
  • AfD 5 %
  • Autres 10 %
Résultats 2009 32,3% 16,7% 5,5% 7,6% 23,5% 14,3%
Rhénanie-du-Nord-Westphalie Infratest dimap[5] 11.05.2014 34 % 36 % 9 % 4 % 4 %
  • AfD 6 %
  • Autres 6 %
Résultats 2009 38,0% 25,6% 12,5% 12,3% 4,6% 7,0%
Sarre Infratest dimap[5] 14.05.2014 35 % 34 % 6 % 3 % 9 %
  • AfD 7 %
  • Autres 6 %
Résultats 2009 35,9% 26,6% 7,7% 8,1% 12,0% 9,7%
Saxe MDR[5] 30.04.2014 41 % 18 % 7 % 2 % 17 %
  • AfD 8 %
  • Autres 7 %
Résultats 2009 35,3% 11,7% 6,7% 9,8% 20,1% 16,4%
Thuringe Infratest Dimap[5] 14.05.2014 33 % 23 % 6 % - 24 %
Résultats 2009 31,1% 15,7% 5,8% 8,2% 23,8% 15,4%

Thèmes

Die Linke a connu, au début de l'année 2014, de houleux débats lors de l'adoption de sa ligne politique en vue des élections européennes. En effet, l'aile gauche, dirigée par Sahra Wagenknecht, également vice-présidente du mouvement, a fait pression pour inclure dans le manifeste du parti un message décrivant l'Union européenne comme un « pouvoir néolibéral, militariste et en grande partie antidémocratique », donnant dès lors une image d'organisation eurosceptique au parti, et provocant les critiques de dirigeants influents, tels que Gregor Gysi, Oskar Lafontaine ou encore Petra Pau[7].

La décision de la Cour constitutionnelle de supprimer le seuil électoral pour cause d'inconstitutionnalité, permet de garantir la présence des libéraux du FDP dans la prochaine délégation allemande au Parlement européen, ainsi que celle du Parti pirate, des Électeurs libres et vraisemblablement des néo-nazis du NPD[2].

Résultats

Partis arrivés en tête par Land (1re carte), et en seconde position (2e carte). Rouge : SPD, noir : CDU, bleu : CSU, rose : Die Linke

Répartition

Voix %
Inscrits 62 004 092 100,00
Votants 29 836 916 48,12
Blancs et nuls 496 216 1,66
Exprimés 29 340 700 98,34
Flag of Europe Élections au Parlement européen de 2014
Parti politique ou coalition Voix Sièges Groupe au PE
# % +/- # +/-
Union CDU/CSU 10 374 758
8 807 500
1 567 258
35,36
30,02
5,34
- 2,54
- 0,7
- 1,9
34
29
5
- 8
- 5
- 3
PPE
Parti social-démocrate d'Allemagne 7 999 955 27,27 + 6,5 27 + 4 S&D
Alliance 90 / Les Verts 3 138 201 10,70 - 1,4 11 - 3 Verts/ALE
Die Linke 2 167 641 7,39 - 0,1 7 = GUE/NGL
Alternative pour l'Allemagne 2 065 162 7,04 N/A 7 N/A CRE
Parti libéral-démocrate 986 253 3,36 - 7,6 3 - 9 ADLE
Électeurs libres 428 524 1,46 - 0,2 1 + 1 ADLE
Parti des pirates 424 510 1,45 + 0,5 1 + 1 Verts/ALE
Parti de protection des animaux 366 303 1,25 + 0,1 1 + 1 GUE/NGL
Parti national-démocrate d'Allemagne 300 815 1,03 N/A 1 N/A Non-inscrits
Parti des familles d'Allemagne 202 871 0,69 - 0,3 1 + 1 CRE
Parti écologiste-démocrate 185 119 0,64 + 0,1 1 + 1 Verts/ALE
Die PARTEI 184 525 0,63 N/A 1 N/A Non-inscrits
Autres 516 063 1,76

Analyse

Avec une participation de 48,1 %, les Allemands se sont davantage rendus aux urnes qu'en 2009 (43,3 %), mais également qu'en 2004 (43,0 %) et en 1999 (45,2 %).

Contrairement à de nombreux pays-membres, l'Allemagne est marquée dans ces élections par une grande stabilité et par un vote majoritairement favorable aux partis pro-européens. L'Union d'Angela Merkel s'est maintenu largement en tête, bien que perdant des voix et des sièges par rapport à 2009, du fait du score plus faible de la CSU en Bavière, qui a réalisé une campagne très critique vis-à-vis de l'Europe. Les sociaux-démocrates sont en forte progression par rapport à 2009, et ont sûrement bénéficié de la candidature de leur tête de liste, Martin Schulz, à la présidence de la Commission européenne. L'Alliance 90 / Les Verts a quant à elle connu un léger recul, tout en se maintenant à la troisième place, alors que Die Linke s'est maintenue à son score de 2009.

Le FDP n'a quant à lui pas pu inversé la tendance à la baisse dans laquelle il se trouve depuis quelques années, et a même réalisé un score en dessous de celui obtenu lors des élections fédérales de 2013. Il a par ailleurs largement souffert de la concurrence de l'AfD, qui avec ses 7 % et ses sept élus, représente la principale force eurosceptique allemande.

Enfin, à la suite du changement du mode de scrutin, sept autres partis font leur entrée au Parlement européen, remportant chacun un siège. Parmi ces élus, certains ont énormément agité la presse européenne, notamment le néo-nazi Udo Voigt ainsi que le satiriste Martin Sonneborn, dont l'activité au sein de l'assemblée européenne sera sûrement largement scrutée.

Références

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