Al-A'raf

7e sourate du Coran
Le purgatoire
Le Coran, livre sacré de l'islam.
Le Coran, livre sacré de l'islam.
Informations sur cette sourate
Titre original سُورَةُ ٱلْأَعْرَافِ, Al-A'raf
Titre français Le purgatoire
Ordre traditionnel 7e sourate
Ordre chronologique 39e sourate
Période de proclamation Période mecquoise
Nombre de versets (ayat) 206
Nombre de prosternations 1 (verset 206) ou 1 Ruku (si le verset est récité lors d'une prière)
Ordre traditionnel
Ordre chronologique

La sourate Al-A'raf (arabe : سُورَةُ ٱلْأَعْرَافِ, Sūratu al-A'rāf, Le purgatoire) est la septième sourate du Coran. Elle est composée de 206 versets et appartient, selon la tradition musulmane, à la catégorie des sourates de la période mecquoise.

Origine du nom

Bien que le titre ne fasse pas directement partie du texte coranique[1], la tradition musulmane a donné comme nom à cette sourate Les Hauteurs[2].

Le titre, « très obscur », est tiré des versets 46-48. Ces versets, avec le 49, « doivent être vus comme des interpolations plus récentes » dans un ensemble 43-53 à plusieurs auteurs[3]. En effet, leur contexte est différent des autres versets et des contradictions entre versets sont bien marqués. La signification des « hauteurs » fait débat. Ces auteurs avaient, en tout cas, une bonne connaissance de la vision chrétienne du Jugement dernier et utilisaient des textes apparentés au Nouveau Testament[3].

Historique

Il n'existe à ce jour pas de sources ou documents historiques permettant de s'assurer de l'ordre chronologique des sourates du Coran. Néanmoins selon une chronologie musulmane attribuée à Ǧaʿfar al-Ṣādiq (VIIIe siècle) et largement diffusée en 1924 sous l’autorité d’al-Azhar[4],[5], cette sourate occupe la 92e place. Elle aurait été révélée pendant la période mecquoise, c'est-à-dire schématiquement durant la première partie de l'histoire de Mahomet avant de quitter La Mecque[6], bien que différents versets soient de l'époque médinoise[2]. Contestée dès le XIXe par des recherches universitaires[7], cette chronologie a été revue par Nöldeke[8],[9], pour qui cette sourate est la 87e.

Si certains traits montrent que la sourate a été conçue « pour témoigner d’un horizon universel de proclamation des messages divins », elle ne présente pas pour autant une unité littéraire. Elle est connue, par la recherche, pour l’opacité de ses liaisons textuelles. Bell envisageait une succession de rajouts tandis de Khoury « maintient qu’il est difficile de reconnaître une structure unitaire ». Le style de la sourate suggère « que l’histoire de la composition de la sourate a été longue et complexe »[3]. « L’état actuel de la recherche ne permet pas de savoir de quelle manière il convient d’envisager le développement de la sourate 7 jusqu'à sa forme actuelle »[3].

Pour Pohlmann, le texte a été composé en 5 étapes successives. Au texte original a été rajouté les « légendes de punitions » et celui des versets 103-137 puis d’autres versets sur l’inscription de la communauté dans l’histoire de la révélation divine. Ensuite, ont été rajoutées des critiques accrues sur Israël et enfin, une série de modifications et ajouts récents[3]. L’auteur en conclut qu’il y a peu de chance que toutes ces modifications proviennent d’un même auteur. Les responsable de cette mise à jour « sur une plus longue période » sont probablement un groupe ou une école, doté d’une grande connaissance des matières religieuses juives et/ou chrétienne, ce qui pourrait être un indice de leur ancienne appartenance à ses groupes[3].

Interprétations

Versets 59-137 : Récits des châtiments

Les "légendes de punitions" sont une forme de récit présente dans plusieurs sourates coraniques. Le schéma de base est qu'un peuple rejette le monothéisme apporté par un prophète. Ce peuple se retrouve anéanti tandis que le prophète, et parfois quelques fidèles, très souvent minoritaires, survivent. Ils permettent de donner un signe de la toute puissance d'Allah. L'exemple le plus ancien d'un tel récit-type se trouve dans la sourate 91 et concerne le peuple arabe de Thamud dont le prophète est Sâlih. Ces récits se trouvent soit sous forme allusifs, soit dans des développements didactiques[3].

Les liens entre ces différents récits permettent d'étudier la chronologie de ceux-ci. Ainsi, le rédacteur des verset 59-93 devait connaître le récit de la sourate 11 (v.25-95). Celui de la sourate 7 est donc une "version améliorée" de la première, un texte plus récent[3]. Cette section finit par une évocation de la chute des cités, les actions punitives divines pouvant toujours s'abattre sur celles-ci[3].


Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • K.-F. Pohlmann, "Sourate 7", Le Coran des historiens, t.2a, 2019, p. 272 et suiv.
  • R. Paret, Der Koran. Kommentar und konkordanz, 1980[Note 1].
  • G.S. Reynolds, The Quran and its biblical Subtext, 2010.

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. En 2019, seuls deux ouvrages peuvent être considérés comme des commentaires scientifiques et continus du texte coranique. Il s'agit du Commentary on the Qur'an de Richard Bell publié en 1991 (aujourd'hui daté) et du Coran des historiens publié en 2019. L'ouvrage de Paret s'inscrit, avec ceux de Blachère, Khoury et Reynolds, dans un ensemble de traduction avec apparat critique. Voir : Sourate

Références

  1. A. Chouraqui, Le Coran, traduction et commentaires, 1990, p. 15.
  2. a et b A. Chouraqui, Le Coran : L'appel, France, Robert Laffont, , 625 p. (ISBN 2221069641)
  3. a b c d e f g h et i K.-F. Pohlmann, "Sourate 7", Le Coran des historiens, t.2a, 2019, p. 272 et suiv.
  4. G.S. Reynolds, « Le problème de la chronologie du Coran », Arabica 58, 2011, p.477-502.
  5. R. Blachère, Introduction au Coran, p.244.
  6. R. Blachère, Le Coran, 1966, p. 103.
  7. M. Azaiez, « Chronologie de la Révélation »
  8. G. Dye « Le Coran et son contexte Remarques sur un ouvrage récent », Oriens Christianus n°95, 2011, p. 247-270.
  9. E. Stefanidis, « The Qur'an Made Linear: A Study of the Geschichte des Qorâns' Chronological Reordering », Journal of Qur'anic Studies, X, II, 2008, p.13.