Bélier (constellation)
Bélier | |
Vue de la constellation. | |
Désignation | |
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Nom latin | Aries |
Génitif | Arietis |
Abréviation | Ari |
Observation | |
(Époque J2000.0) | |
Ascension droite | Entre 25,0° et 50,5° |
Déclinaison | Entre 9,9° et 30,7° |
Taille observable | 441 deg2 (39e) |
Visibilité | Entre 90° N et 60° S |
Méridien | 10 décembre, 21h00 |
Étoiles | |
Brillantes (m≤3,0) | 2 (α, β) |
À l’œil nu | 89 |
Bayer / Flamsteed | 65 |
Proches (d≤16 al) | 2 |
La plus brillante | α Ari (2,0) |
La plus proche | Étoile de Teegarden (12,6 al) |
Objets | |
Objets de Messier | 0 |
Essaims météoritiques | Ariétides de mai Ariétides d'automne Delta ariétides Epsilon ariétides Ariétides diurnes Aries-triangulides |
Constellations limitrophes | Baleine Persée Poissons Taureau Triangle |
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Le Bélier (Aries en latin) est une constellation du zodiaque qui est traversée par le Soleil du 19 avril au 14 mai. Dans l'ordre du zodiaque, la constellation se situe entre les Poissons à l'ouest et le Taureau à l'est. Le Bélier était l’une des quarante-huit constellations identifiées par Ptolémée.
Le Bélier est également un signe du zodiaque correspondant au secteur de 30° de l'écliptique traversé par le Soleil du 21 mars au 19 avril. C'est dans ce sens qu'il sert au repérage des déplacements planétaires, encore utilisé en astrologie.
Histoire, nomenclature et mythologie
En Mésopotamie
Cette figure est une création mésopotamienne[1],[2] dont le nom le plus ancien est lú.ḪUN.GA = Agru, « le Travailleur journalier », ainsi que nous le lisons sur la tablette dite MUL.APIN, le premier traité d'astronomie mésopotamienne, découvert à Ninive dans la bibliothèque d'Assurbanipal et datant au plus tard de 627 av. J.-C.[3]. En fait, lú.HUN.GÁ = Agru/ UDU = Immeru », est une épithète de DUMU.ZI / Tammuz, le berger amant de la déesse INANNA / Ištar. Dans la mythologie mésopotamienne, DUMU.ZI / Tammuz, est un mortel, berger de son état et époux de prise la déesse INANNA / Ištar. Ses malheurs sont comptés dans un des plus vieux mythes identifiées dans la civilisation mésopotamienne, celui la Descente d’Ištar aux Enfers. Ištar étant descendu visiter les Enfers, domaine de sa sœur Ereškigal, qui l’y retirent prisonnière et en son absence, toute dépérit sur terre. Mais, sur l’entreprise du dieu ENKI = Ea, dieu de la Sagesse, une solution est trouvée : Ištar est libérée, à condition de désigner quelqu’un à sa place. Remontée sur terre et voyant son berger d’amant se prélasser en agréable compagnie et, jalouse, elle ordonne aux démons le désigne pour prendre sa place aux Enfers. À la suite des pleurs de la sœur de Dumuzi, Geštinanna, sa situation est aménagée : il ne reste aux Enfers que durant une partie de l’année et y est remplacé par sa sœur durant l’autre partie[4].
Au départ, lú.HUN.GÁ = Agru est affecté à une étoile, Alpha Arietis. Mais par la suite, c’est-à-dire au début du 1er millénaire apr. J.-C., le ciel est organisé en constellations, c’est-à-dire que les étoiles sont désormais nommées par leur situation dans les figures célestes, comme cela est attesté dans les fameux éphémérides qui s’étalent de 652 av. J.-C. à 61 apr. J.-C.[5].
Dans les tablettes d’époque séleucide, soit à partir de la fin du IVe siècle, on trouve dans le zodiaque la figure du Bélier sous le nom de UDU[.NITÁ] = Immeru [zikaru], « le Mouton [mâle] », soit l’animal emblématique de DUMU.ZI / Tammuz[6].
En Grèce et à Rome
Les Grecs en firent Κριός, le « Bélier », qui, selon la tradition rapportée par Pline le Jeune est introduit par Cléostrate de Ténédos[7]. Ils adaptent naturellement la figure à leur propre imaginaire. Selon Ératosthène, la constellation représente le bélier volant Chrysomallos, chevauché par deux enfants, Phrixos et Hellé. Dans le mythe tel qu'il est raconté dans l'ouvrage la Bibliothèque d'Apollodore, c'est le dieu Hermès qui envoie Chrysomallos pour sauver les deux enfants d'un sacrifice, après avoir entendu les plaintes de leur mère, Néphélé, la nymphe des nuages. Comme le racontent Hésiode et Phérécyde, ce bélier fabuleux possède une laine couleur d'or[8], qui inspirera le voyage de Jason et des argonautes qui s'en iront récupérer la toison d'or de l'autre côté de la mer Égée. Les Romains adoptent la carte du ciel du monde Grec et renomment cette constellation Aries à partir de Cicéron dans ses Aratea[9].
Cette constellation a donné son nom au premier signe du zodiaque lorsqu'il fut établi il y a plus de 2 000 ans. À cette époque, le soleil traverse le point vernal en franchissant l'équateur entre l'hémisphère sud et l'hémisphère nord entre les cornes de la constellation du Bélier. L'équinoxe de printemps marquant le début de l'année antique, le Bélier est devenu le premier signe du zodiaque. Du fait de la précession des équinoxes, cet endroit du ciel nommé point vernal se situe aujourd'hui dans la constellation des Poissons.
Chez les Arabes
Chez les Arabes, il faut distinguer le ciel traditionnel qui comprend les manāzil al-qamar ou « stations lunaires », et ciel gréco-arabe, c’est-à-dire celui que les astronomes classiques ont repris des Grecs au IXe siècle de notre ère.
Avant même d’adopter le dessin grec de la sphère céleste, le monde Arabe voyait sur la bande de l’écliptique الحمل al-Ḥamal, « l’Agneau [mâle de moins d’un an] ». Venue de Babylone par le canal du zodiaque syriaque où nous avons Emməra [ḥasen], « l’Agneau (fort) », cette appellation est attesté dans l’horoscope de fondation de la ville de Baghdad en 762, ainsi que nous le rapporte l’érudit persan al-Bīrūnī[10]. Dans l'atlas céleste arabe des manāzil al-qamar ou « stations lunaires », l'agneau correspond à la figure du Superbélier. Ce dessin est plus vaste que la constellation grecque occidentale puisque Aliyat al-Ḥamal, « la Queue du Bélier », est dessinée dans le ciel par l'amas stellaire des Pléiades qui figure en occident dans le territoire astronomique du Taureau.
L'espace de الحمل al-Ḥamal, Bélier gréco-arabe contient deux manāzil al-qamar ou « stations lunaires », la 1re étant الشرطان al-Šaraṭān, soit « les Deux Marques [de l’entrée de l’équinoxe] », et la 2de البطين al-Buṭayn, « le Petit ventre », dans le cadre du Superbélier arabe (Voir l'image des deux figures du Bélier dans l'astronomie arabe », ci-dessous). Les noms des étoiles du Bélier que nous connaissons aujourd'hui dans les catalogues internationaux viennent tous de la figure du Superbélier arabe.
En Europe
Au Moyen Âge héritier des Romains et des Arabes, les clercs latins connaissaient le nom d’Aries par les encyclopédies et les quelques manuscrits des Aratea, c’est-à-dire les versions latines des Φαινόμενα d’Aratos, à leur disposition, mais ils eurent l'accès dès l’an mil au nom arabe. Quant au nom grec, ils le purent le lire dans le texte qu'à la Renaissance. On prit alors l'habitude de nommr les contellations par tous les noms possibles dans les diverses langues. C’est ainsi qu’on lit notamment Κριός, ainsi que Elhemal vel Elhamel dans l’Uranometria de Johann Bayer (1603)[11] : Ce n'est qu'avec la nomenclature approuvée en 1930 par l’Union astronomique internationale (AUAI), que seul le nom latin est donnée, et parfois le nom grec pour mémoire.
L'astérisme comprenant les étoiles 35/39/41 Ari fut nommé la Guêpe (en latin Vespa) par Jakob Bartsch au XVIIe siècle. En 1679, Augustin Royer utilisa ces étoiles pour sa constellation Lilia / Fleur-de-Lys (représentant la fleur de lys en l'honneur de son souverain, Louis XIV). Il fut plus tard encor rebaptisé la Mouche boréale (Musca Borealis) par l’abbé Nicolas-Louis de Lacaille ca. 1752-1753 avant d'être finalement rattachée au Bélier.
En Chine
L’espace d’Aries est occupé, dans l’astronomie chinoise, par 2 宿 xiù, « astérismes servant de stations lunaires », le 16e, nommé 婁 Lóu, « le Parc des bêtes (vaches ou brebis) destinées au sacrifice », (βγα Ari), et le 17e, nommé 胃 Wèi, « l’Estomac », (35/39/41 Ari)[12]. Ces deux 宿 xiù sont à la base de 2 constellations (星官 xīng guān) recensées dans le 石氏星经 Shí shì xīng jīn, « le Canon astral de Maître Shí », élaboré par l'école atronomique de Shi Shen (env. 350 av. J.-C.). Il faut ajouter, dans l’espace d’Aries, une 3e constellation nommée 天阴 Tanyin, « le Yin céleste », constituée par le groupe δεζτ/65 Ari, qui figure dans le 巫咸氏 Wu Xian shì, « le Canon Wū Xián » (avant le IIIe siècle), sachant que toutes ces étoiles sont indiquées sur la Carte de Dunhuang (env. 649-684)[13].
Bibliographie / Nomenclature
- Hermann Hunger et David Pingree, Astral science in Mesopotamia, Leiden / Boston (Mass.) / Köln : Brill, 1999, , 303 p. (ISBN 90-04-10127-6).
- Paul Kunitzsch, Untersuchungen zur Sternnomenklatur der Araber, Wiesbaden : O. Harrassowitz, 1961 p., , 125.
- Roland Laffitte, Le ciel des Arabes. Apport de l’uranographie arabe, Geuthner, , 296 p. (ISBN 978-2-7053-3865-7).
- André Le Bœuffle, Les Noms latins d'astres et de constellations, Paris: Les Belles lettres, , 292+cartes (ISBN 978-2-251-32882-9, ISSN 1151-826X).
- Otto Neugebauer & Richard A. Parker, Egyptian astronomical texts... 3. Decans, planets, constellations and zodiacs, 2 vol., Providence, R. I. : Brown university press / London : L. Humphries, 1969.
- Sun Xiachun Sun & Jacob Kistemarker =, The Chinese Sky During the Han, Leiden Köln : Brill, , 240 p. (ISBN 90-04-10737-1).
Observation des étoiles
Localisation de la constellation
La constellation se repère à partir de son entourage : au sud de Persée et d'Andromède, et à l'ouest du Taureau.
Elle se repère par ses deux étoiles principales, α et β du Bélier, qui ne pointent sur rien de très évident (si ce n'est Capella à assez grande distance).
α Ari se situe à 20° plein Ouest du groupe des Pléiades, particulièrement remarquable.
Forme de la constellation
La « queue » du Bélier est formée par trois petites étoiles en formation serrée, situées entre le Triangle et les Pléiades, dont la plus brillante est 41 Arietis. C'est ce petit triangle qui constituait autrefois la mouche boréale.
L'autre constituant notable est un triangle plus aplati sous l'alignement Pléiades - β Ari. Ce triangle est formé par ε (Ouest), ζ(est) et δ (ESE) Ari.
Étoiles principales
Les étoiles du Bélier sont majoritairement faibles, sauf Hamal (α Arietis) et Sharatan (β Arietis). Parmi les autres étoiles du Bélier, on trouve entre autres Mesarthim (γ) et Botein (δ).
Hamal (α Arietis)
Hamal (α Arietis), dont le nom signifie l'Agneau en arabe et qui désigne donc à elle seule la constellation tout entière, est l'étoile la plus brillante du Bélier. C'est une géante orange, deux fois plus massive que le Soleil et quatre-vingt-dix fois plus brillante.
Sheratan (β Arietis)
Sheratan (β Arietis) est la deuxième étoile la plus brillante de la constellation du Bélier. C'est une étoile blanche de la séquence principale, seulement deux fois plus massive que le Soleil. C'est également une étoile double : son compagnon, une étoile de même masse que le Soleil, a été détecté par analyse Doppler il y a plus d'un siècle. Leur orbite est extrêmement excentrique (0,88), les deux étoiles sont considérablement proches l'une de l'autre, 0,08 ua au plus proche, 1,2 ua au plus loin, et tournent l'une autour de l'autre en cent-sept jours. Les deux étoiles sont donc virtuellement inséparables au télescope et la paire nécessite un interféromètre pour être séparée.
Mesarthim (γ Arietis)
Mesarthim (γ Arietis) n'est pas la troisième étoile de la constellation, mais la quatrième. Son rang dans la désignation de Bayer vient de sa proximité avec Hamal et Sheratan.
Mesarthim est une étoile double. La primaire, γ² Arietis, est de magnitude 4,75. Son compagnon, γ1 Ari (son « 1 » venant de sa localisation, à l'ouest de « 2 »), est de magnitude 4,83. Les deux étoiles combinées donnent à Mesarthim une magnitude de 3,88. Elles sont éloignées d'au moins 500 ua et tournent l'une autour de l'autre en 5 000 ans.
Le type spectral de γ² Arietis est « A1p », pour « particulier » : cette étoile possède un champ magnétique extrêmement intense, plus de 1 000 fois plus grand que celui de la Terre.
53 Arietis
53 Arietis, une étoile bleue-blanche en apparence banale, de magnitude apparente 6,13, distante d'environ 750 années-lumière, est l'une des trois « étoiles évadées » (« runaway stars » en anglais), se déplaçant extrêmement rapidement dans l'espace. Les deux autres étoiles sont µ Columbae et AE Aurigae et toutes trois semblent s'échapper à environ 100 km/s du même point dans la nébuleuse d'Orion et plus précisément de ι Orionis. Selon une théorie, ces étoiles auraient été à l'origine partie prenante d'un système multiple qui se serait désagrégé lors de l'explosion en supernova de l'un des membres il y a trois millions d'années, projetant les trois autres étoiles dans des directions différentes.
Autres étoiles
Sans être une constellation excessivement étendue, le Bélier possède un assez grand nombre d'étoiles visibles à l'œil nu bien que peu brillantes. En conséquence, les désignations utilisées sont assez nombreuses : nom propre (comme Botein, δ Arietis, 4e étoile de la constellation), désignation de Bayer (ε Arietis, 6e), désignation de Flamsteed (41 Arietis, 3e étoile, plus brillante que Mesarthim), catalogue Henry Draper (HD 20644, 5e étoile).
Objets célestes
Peu d'objets dans cette constellation, et ils sont tous assez peu lumineux. On y trouve les galaxies NGC 697 (au nord-ouest de β), NGC 772 (au sud-est de β), NGC 972 (dans le nord de la constellation) et NGC 1156 (au nord-ouest de δ).
Références
- Roland Laffitte, « Constellations mésopotamiennes: lú.HUN.GÁ = Agru/ UDU = Immeru », sur URANOS. »
- Roland Laffitte, « Le point sur l’origine babylonienne du signe du Bélier », in Cahiers de l’Institut du Proche-Orient Ancien du Collège de France (CIPOA), I, 2006, pp. 101-108. »
- Roland Laffitte, « Série MUL.APIN (BM 86378) », Tab. I, i, l. 43, sur URANOS, site astronomique de la Selefa. »
- Jean Bottéro & Samuel Noah Kramer, « La descente d‘Ištar aux enfer », et « Inanna et Bilulu [Geštinanna] », in : Quand les dieux faisaient l’homme, Paris : Ndf/ Gallimard, Paris : 19989, rééd. 1993 / Ndf, pp. 318-337.
- Roland Laffitte, « Les étoiles de comput dites 'normales' dans les Journaux astronomiques (652-61 av. J.-C.) », sur URANOS, site astronomique de la Selefa. »
- Roland Laffitte, « L’héritage mésopotamien des Grecs en matière de noms astraux (planètes, étoiles et constellations, signes du zodiaque) », in Lettre SELEFA n° 10 (décembre 2021), pp. 16-17. »
- André Le Bœuffle, Les Noms latins d’astres et de constellations, éd. Paris : Les Belles Lettres, 1977, pp. 152-154.
- Ératosthène, Le Ciel, mythes et histoires des constellations, Pascal Charvet (dir.), Paris : Nil Éditions, 1998, p. 97.
- André Le Bœuffle, Les Noms latins..., op. cit, pp. 152-154.
- Roland Laffitte, Héritages arabes. Des noms arabes pour les étoiles, Paris : Geuthner, 2005, p. 46.
- (la)Johann Bayer, Uranometria, omnium asterismorum continens schemata, nova methodo delineata…, Augusta Vindelicorum : C. Mangus, 1603, fol. 22r.
- (en) Sun Xiachun Sun & Jacob Kistemarker, The Chinese Sky During the Han, Leiden / Köln : Brill, 1997, pp. 18-21.
- (en) Sun Xiachun Sun & Jacob Kistemarker, The Chinese Sky..., op. cit. , pp. 138, 158-159, et 191.