Banlieue sud de Beyrouth

Banlieue sud de Beyrouth
Nom local
(ar) الضاحية الجنوبيةVoir et modifier les données sur Wikidata
Géographie
Pays
Gouvernorat
District
Superficie
15,63 km2Voir et modifier les données sur Wikidata
Coordonnées

La banlieue sud de Beyrouth ou Dahieh Janoubyé (en arabe : الضاحية الجنوبية, faubourgs sud) est un faubourg à majorité chiite au sud de Beyrouth, au Liban. Sur le plan administratif, il fait partie intégrante du district de Baabda ; il est composé de plusieurs villes et communes[1]. 500 000 habitants y vivent.

Géographie

Dahieh est une zone résidentielle avec une zone commerciale importante, avec des centres commerciaux, des magasins et des souks[2]. Il existe également une minorité de musulmans sunnites, de chrétiens et un camp de réfugiés palestiniens de 20 000 personnes. Il est situé au nord de l'aéroport international de Beyrouth - Rafic Hariri, traversé par l'autoroute M51 qui relie Beyrouth à l'aéroport.

Dans ce quartier se trouve le quartier général du Hezbollah, principale milice libanaise d'obédience chiite, ainsi que la maison de son ex-leader Hassan Nasrallah. De grands auditoriums à Haret Hreik, Hadeth et Bourj el-Brajné permettaient aux partisans du Hezbollah de se réunir lors d'occasions spéciales[1].

Pendant le conflit israélo-libanais de , la banlieue fut bombardée tous les jours. Une grande partie de ses bâtiments fut détruite à ras le sol ou endommagée. Les zones les plus touchées furent Bir el-Abd, Mouaawwad, Sfeir, Burj El Barajneh, Chiyah, Hayy es-Sellomm, et surtout Haret Hreik où se situe le « carré de sécurité » du Hezbollah (avec les bureaux des ministres du parti, ainsi que de ses associations) ; celui-ci fut complètement rasé (environ 100 immeubles dont la maison de Hassan Nasrallah).

Principaux quartiers de la banlieue sud

Démographie

Religion à Dahieh (hors réfugiés palestiniens)

Dahieh est l'un des quartiers les plus densément peuplés de la communauté chiite du Liban. En 1986, le nombre de ceux vivant à Dahieh était estimé à 800 000[3].

Historique

Au XIVe siècle, une importante communauté chiite habitait Bourj Beirut. La communauté a été mentionnée dans un décret du vice-roi mamelouk en 1363, qui a été publié contre les chiites de Beyrouth, de Sidon et des environs[4]. Dans les registres fiscaux ottomans tapu tahrir (en) de 1545, Bourj avait une population de 169 ménages, 11 célibataires et un imam, tous musulmans chiites. Les chiites de Bourj ont également été identifiés dans les écrits d'Étienne Douaihy en 1661, et la ville était alors connue sous le nom de Burj Beirut (lit. « la tour de Beyrouth »)[5].

Avant la guerre du Liban, Dahieh faisait partie des zones rurales de plus en plus urbanisées à l'extérieur de Beyrouth, avec à la fois des chrétiens et des chiites. Entre 1920 et 1943, de nombreux chiites ont afflué du Liban du Sud et de la plaine de la Bekaa vers Dahieh, échappant à la répression du mandat français contre les rebelles chiites en juin 1920. Négligés par l'État, de plus en plus de chiites sont arrivés au début des années 1960, fuyant les difficultés financières, formant une ceinture de pauvreté au sud et à l'est de Beyrouth. Début 1975, 319 000 chiites vivaient dans tout Beyrouth[5].

Guerre du Liban

La population de Dahieh a encore augmenté pendant la guerre du Liban. En décembre 1975-1976, environ 100 000 chiites ont été déplacés du canton de Beyrouth-Est (en) à la suite des violences sectaires du samedi noir et du massacre de Karantina, et la plupart se sont réinstallés à Dahieh. Parmi eux figurait l'éminent Ayatollah Mohammad Hussein Fadlallah. La plupart des déplacés étaient démunis et leurs besoins ont stimulé la solidarité et l'autonomie chiites, qui se sont concentrées sur l'insularité urbaine de Dahieh[5]. Pendant cette même période, les chrétiens habitant Haret Hreik ont fui vers le canton de Beyrouth-Est (en).

D'autres chiites sont arrivés à Dahieh après les invasions israéliennes du Liban en 1978 et 1982, qui ont toutes deux déplacé plus de 250 000 réfugiés et provoqué la destruction d'environ 80 % des villages[6]. Refusant de vivre sous l'Administration de la ceinture de sécurité du Liban du Sud (en), davantage de chiites ont quitté leurs villages pour s'installer à Beyrouth. En 1986, environ 800 000 chiites vivaient à Dahieh, la grande majorité des chiites du Liban[3].

Conflit israélo-libanais de 2006

Un cratère à Dahieh en 2008, deux ans après le Conflit israélo-libanais de 2006.

En raison de la présence du quartier général du Hezbollah, le quartier a été particulièrement ciblé par l'armée israélienne lors du conflit israélo-libanais de 2006. Cette forme de guerre asymétrique, consistant à augmenter au maximum le rapport de force en faveur de l'armée en même temps que leurs frappes, a été par la suite formalisée sous le nom de Doctrine Dahiya par un général israélien[7],[8].

La chaîne de télévision du Hezbollah, Al-Manar, a été prise pour cible dans la région[2],[9].

Quelques heures après le cessez-le-feu du 14 août 2006, le Hezbollah s'est engagé à reconstruire les maisons pour les habitants de Dahieh et a offert de l'argent pour le loyer le temps qu'une tentative de construire de meilleures maisons prenne forme[10].

Le 22 septembre 2006, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a participé à un rassemblement de masse à Dahieh déclarant une « victoire divine » contre Israël. En plus de mentionner que le Hezbollah dispose de 20 000 roquettes, il a également critiqué le gouvernement central libanais, déclarant qu'il devrait se retirer et former un gouvernement d'union[11].

Selon l'association « Jihad al-Bina' » du Hezbollah[12], la reconstruction de Dahieh devrait commencer à partir du 25 mai 2007, jour de l'anniversaire du retrait israélien du Liban du Sud en 2000.

Attentats de 2013-2015

Le , 53 personnes ont été blessées après l'explosion d'une bombe dans une rue commerçante animée de la banlieue ; l'explosion s'est produite lors d'une journée de shopping bondée à la veille du mois sacré du Ramadan[13]. Un groupe syrien inconnu, la « Brigade 313 », prétendue faction de l'Armée syrienne libre (ASL) a revendiqué la responsabilité ; cependant, le porte-parole de l'ASL, Luay Miqdad, a condamné l'attaque, ainsi que celle du mois suivant[14].

Le , un mois après le premier attentat, un autre attentat à la voiture piégée a frappé la banlieue[15]. Cette fois, au moins 21 personnes ont été tuées et 200 blessées dans l'explosion massive, dont la majorité des enfants[15]. Un groupe lié à l'opposition syrienne se faisant appeler la « Brigade d'Aïcha » a revendiqué l'attaque[15].

Une dizaine d'attentats ont été provoqués entre juillet 2013 et février 2014 par des groupes extrémistes islamistes[16].

Le 13 novembre 2015, un double attentat à la bombe de l'organisation État islamique dans une rue très fréquentée du quartier de Bourj El-Barajneh fait au moins 43 morts et 239 blessés[16].

Ces attentats sont une des représailles visant le Hezbollah, après son engagement au côté du régime de Bachar el-Assad lors de la guerre civile syrienne[14].

Bombardements israéliens de 2024

Quelque 30 % des habitants ont quitté la banlieue sud durant l'été 2024 en raison de la crainte des bombardements israéliens. L'un d'eux fait au moins 52 morts, dont 16 membres du Hezbollah, et 66 blessés le 20 septembre 2024[17].

Notes et références

  1. a et b Helena Cobban, « Hizbullah's New Face » [archive du ], sur Boston Review, april–may 2005 (consulté le ).
  2. a et b (en) Karim Traboulsi, « Oppa Dahieh Style: Searching for K-Pop in Hizballah land », sur english.alaraby.co.uk, (consulté le ).
  3. a et b Odd Karsten Tveit (en) (2010) Goodbye Lebanon. Israel's First Defeat. Rimal Publication. Translated by Peter Scott-Hansen. (ISBN 978-9963-715-03-9) pp.163-164
  4. Vermeulen, Urbain, 'The Rescript against the Shiʿites and Rafidites of Beirut, Saida and District (767 A.H./1363 A.D.)', Orientalia Lovaniensia Periodica 4 (1973), 169-75
  5. a b et c William Harris, Lebanon: A History, 600-2011, Oxford University Press, (ISBN 9780190217839, lire en ligne)
  6. Amal Saad-Ghorayeb (en) (2001) Hizbu'llah: Politics and Religion. London: Pluto Press. (ISBN 0-7453-1792-8)
  7. (en) Reuters, « Israel warns Hizbullah: war would invite destruction », sur Yediot Aharonot, (consulté le ).
  8. (en) Yaron London (en), « The Dahiya strategy », sur Yediot Aharonot, (consulté le ).
  9. (en) Peter Bouckaert et Human Rights Watch (Organization), Why They Died: Civilian Casualties in Lebanon During the 2006 War, Human Rights Watch, (lire en ligne)
  10. (ar) « "جهاد البناء".. إنماء من رحم المقاومة », sur www.alahednews.com.lb (consulté le )
  11. « موقع حرب تموز 2006 », sur www.alahednews.com.lb (consulté le )
  12. (en) « Jihad al-Bina Association in Lebanon: A Hezbollah social foundation engaged in construction and social projects among the Shiite community, being a major component in Hezbollah's civilian infrastructure », sur The Meir Amit Intelligence and Terrorism Information Center, (consulté le )
  13. (en) Associated Press in Beirut, « Beirut car bomb blasts Hezbollah stronghold », sur the Guardian, (consulté le )
  14. a et b « L'ASL dément tout lien avec l'attentat meurtrier de Roueiss », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le ).
  15. a b et c (en) Associated Press in Beirut, « Beirut car bomb rips through Hezbollah stronghold », sur the Guardian, (consulté le )
  16. a et b « Liban : deuil national après le pire attentat qu’ait connu Beyrouth depuis 1990 », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  17. « Nouveau bilan de 52 morts et 9 disparus dans la frappe israélienne sur la banlieue-sud », sur L'Orient-Le Jour, .

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes