Coup d'État de janvier 2022 au Burkina Faso

Coup d'État de janvier 2022 au Burkina Faso
Description de cette image, également commentée ci-après
Une patrouille de soldats burkinabés après le coup d'État.
Informations générales
Date et
Lieu Drapeau du Burkina Faso Burkina Faso
Issue Démission de Roch Marc Christian Kaboré, dissolution de l'Assemblée nationale et du gouvernement, suspension de la Constitution
Belligérants
Drapeau du Burkina Faso Gouvernement du Burkina Faso Drapeau du Burkina Faso Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration
Commandants
Drapeau du Burkina Faso Roch Marc Christian Kaboré
Drapeau du Burkina Faso Lassina Zerbo
Drapeau du Burkina Faso Paul-Henri Sandaogo Damiba
Forces en présence
Inconnu Inconnu
Pertes

2 civils morts, 12 blessés[1]

Insurrection djihadiste au Burkina Faso

Batailles

Le coup d'État de au Burkina Faso, qui commence le par une mutinerie de soldats, est une prise de pouvoir par des militaires qui renversent le président Roch Marc Christian Kaboré et le poussent à la démission.

Contexte

Roch Marc Christian Kaboré en 2018.

Élu dès le premier tour de la présidentielle de avec un peu plus de 53 % des voix, le président Roch Marc Christian Kaboré, du Mouvement du peuple pour le progrès, est éligible à un second mandat[2]. Kaboré est réélu dès le premier tour de la présidentielle de avec 57 % des voix[3],[4].

Le , les djihadistes d'Ansarul Islam attaquent la garnison d'Inata, dans la province du Soum au nord du pays, et tuent 53 militaires et 4 civils. Cette cuisante défaite pour les forces armées du Burkina Faso entraîne des manifestations contre le gouvernement et le président Kaboré car les militaires n'étaient plus approvisionnés en nourriture depuis deux semaines. Plus généralement, les manifestants dénoncent l'incapacité du gouvernement et de l'armée à lutter efficacement contre les djihadistes et à assurer la sécurité de la population[5],[6],[7].

Christophe Dabiré, Premier ministre, présente la démission du gouvernement le et Kaboré l'accepte[7]. Le Président Roch Kabore nomme Lassina Zerbo Premier ministre le [8].

Une tentative de putsch est déjouée le [9]. Huit soldats sont arrêtés dans le cadre de cette affaire, dont le Colonel Zoungrana considéré comme la tête pensante de la tentative[10].

Le , des manifestations contre le gouvernement et en soutien à la transition malienne sont organisées dans plusieurs villes du pays dont Ouagadougou, Kaya et Bobo-Dioulasso[11].

Déroulement

Le coup d'État débute le par une mutinerie des soldats demandant le limogeage du chef d'état-major[12] et plus de moyens pour lutter contre le terrorisme. Des tirs sont entendus dans plusieurs casernes de Ouagadougou, dont la base militaire de Sangoulé Lamizana, de Baba Sy et sur la base aérienne de la capitale[13].

Elle se transforme le lendemain en putsch avec l'arrestation puis le renversement du président Roch Marc Christian Kaboré[14] et la suspension de la Constitution. Paul-Henri Sandaogo Damiba devient de fait le nouveau chef d'État[15],[16],[17]. S'ensuivent des cris de joie à l'annonce du putsch[18]. Refusant une confrontation dans le pays, il refuse la proposition de l'état-major de mater les putschistes puis démissionne pour prévenir un tel affrontement entre les deux factions[19].

Le président Kaboré est ainsi arrêté après la défection du régiment de gendarmerie qui assurait sa protection et tenté son exfiltration, alors que le reste de l'armée était rallié au putsch[20]. Selon le président de la Côte d'Ivoire Alassane Ouattara qui affirme l'avoir dissuadé dans l'après-midi à l'idée de renoncer à ses fonctions, il considérait « que sa démission était la seule chose à faire, car il n’était pas venu en politique pour créer des tueries au sein de ses compatriotes »[21].

Transition

Le , un acte fondamental rétablit la Constitution et accorde à Paul-Henri Sandaogo Damiba le titre de président du Burkina Faso[22]. Le , le Conseil constitutionnel le déclare président du Burkina Faso[23]. Il est assermenté le [24].

La charte de la transition, adoptée le et qui abroge l'acte fondamental, fait de lui le président de la Transition du pays[25] pour trois ans[26]. Il est investi le lendemain[27].

Réactions

Evgueni Prigojine, homme d'affaires russe faisant partie du cercle rapproché du président russe Vladimir Poutine, lié au groupe de mercenaires Wagner et à l'Internet Research Agency, une officine de propagande russe, approuve ce coup d'État ainsi que les autres au Mali et Guinée en 2021. Un représentant des sociétés militaires privées russes se déclare prêt à former les forces locales en dénigrant l'action des forces armées françaises[28]. Le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba avait auparavant proposé par deux fois de faire appel au groupe Wagner, ce qui avait été refusé par le président Roch Marc Christian Kaboré[29].

Le parti présidentiel, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), dénonce une « tentative d'assassinat » du président déchu, avant la confirmation de son arrestation[20].

Le , la Communauté économique des États ouest-africains (Cédéao) et le Président français Emmanuel Macron condamnent le coup d'État[30].

Au niveau local, des rassemblements en soutien aux putschistes sont organisés à Ouagadougou, montrant un apparent soutien populaire au coup d'État[31].

Notes et références

  1. https://www.lefigaro.fr/flash-actu/burkina-deux-morts-lors-du-coup-d-etat-selon-la-junte-qui-ordonne-une-enquete-20220221
  2. « Elections au Burkina Faso : en « zone rouge », une campagne sous le signe de la menace terroriste », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  3. Ceni, « Résultats préliminaires », sur ceniburkina.bf (consulté le ).
  4. « Présidentielle : la réélection contestée de Kaboré, dans un Burkina Faso sous pression djihadiste », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
  5. « Burkina Faso : le président rejette le rapport d’enquête de l’armée sur le drame d’Inata », RFI, .
  6. Nadoun Coulibaly, « Burkina Faso : la grogne monte contre Roch Marc Christian Kaboré », Jeune Afrique, .
  7. a et b « Burkina Faso : impuissant face aux attaques djihadistes, le gouvernement démissionne », Le Monde, .
  8. « Burkina Faso : Lassina Zerbo nommé Premier ministre », Radio France internationale, .
  9. « Burkina : arrestation d’un officier soupçonné de préparer un coup d’État – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com (consulté le ).
  10. « Ce que nous savons de cette tentative présumée de coup d'État au Burkina Faso », BBC News Afrique,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  11. « Manifestations du 22 janvier 2022 : Chaude journée à Ouaga et Bobo », sur Burkina24.com - L'Actualité du Burkina Faso 24h/24, (consulté le ).
  12. « Burkina Faso : confusion après la mutinerie de soldats dans plusieurs casernes », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
  13. « Ce que l'on sait de la tentative de coup d'Etat au Burkina Faso », sur Franceinfo, (consulté le )
  14. « Ce que l'on sait de la tentative de coup d'Etat au Burkina Faso », sur Franceinfo, (consulté le ).
  15. « Burkina Faso : des militaires annoncent à la télévision nationale la destitution du président Kaboré », sur RFI, (consulté le )
  16. « Coup d'État au Burkina Faso : Le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la Restauration – NetAfrique.net », sur netafrique.net (consulté le )
  17. « Burkina Faso : Des militaires prennent le pouvoir », sur Burkina24.com - L'Actualité du Burkina Faso 24h/24, (consulté le )
  18. « Burkina Faso : scènes de joie à Ouagadougou après l'annonce du coup d'Etat », sur RTBF (consulté le ).
  19. « Burkina Faso : Roch Marc Christian Kaboré, un président lassé du pouvoir – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com (consulté le ).
  20. a et b « Burkina: deux jours après le putsch, le président renversé détenu mais en bonne santé », sur TV5MONDE, (consulté le ).
  21. « Ouattara pour un accompagnement du Burkina dans sa lutte contre le terrorisme », sur RFI, RFI, (consulté le ).
  22. « Burkina Faso : la junte rétablit la Constitution et modifie les institutions », sur Le Figaro, lefigaro, (ISSN 0182-5852, consulté le ).
  23. AfricaNews, « Burkina Faso : déclaré président, le colonel Damiba doit prêter serment », sur Africanews, (consulté le ).
  24. « Burkina : le lieutenant-colonel Damiba investi président », sur LEFIGARO, lefigaro, (ISSN 0182-5852, consulté le ).
  25. « Charte constitutionnelle de la Transition : L'intégralité du document provisoire - leFaso.net », sur lefaso.net (consulté le ).
  26. « Au Burkina Faso, la période de transition fixée à trois ans avant des élections », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
  27. « Burkina Faso: cérémonie officielle d'investiture du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba », sur RFI, RFI, (consulté le ).
  28. Philippe Chapleau, « Des Russes font déjà des offres de service au Burkina Faso », sur Ouest-France, (consulté le ).
  29. « Burkina: le chef des mutins avait proposé à Kaboré de faire appel au groupe Wagner », sur Agence d'information d'Afrique Centrale, (consulté le )
  30. « Burkina: le coup d'Etat militaire condamné par la communauté internationale », sur VOA (consulté le )
  31. « Burkina Faso : les militaires aux commandes bénéficient d'un relatif soutien de la population », sur fr.news.yahoo.com (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes