Liste des chansons jugées inappropriées par Clear Channel Communications à la suite des attentats du 11 septembre 2001
La liste des chansons jugées inappropriées par Clear Channel Communications à la suite des attentats du est un document distribué par Clear Channel Communications aux quelque 1 200 stations de radio détenues par la compagnie, peu après les attentats du , présentant un grand nombre de chansons aux paroles jugées douteuses[1].
Historique
Peu de temps après les attentats, de nombreuses stations de radio et de chaînes télévisées bouleversent leurs grilles de programmes. Une rumeur se répand selon laquelle Clear Channel et ses filiales ont établi une liste de « chansons aux paroles douteuses » que les chaînes et stations ne devraient plus diffuser depuis ces attentats. La liste fut rendue publique par la lettre d'information Hits Daily Double[2], qui n'a aucun lien avec Clear Channel[3].
Clear Channel nie l'existence d'une telle liste lors d'une conférence de presse pour Radio Ink, bien que la compagnie avait déjà admis l'avoir distribuée[4]. Le site Snopes consacré aux légendes urbaines conclut que la liste existe bien, mais qu'il s'agit en fait d'une recommandation adressée aux stations radio, et non d'une interdiction totale de diffuser ces chansons[5]. Un article du Washington Post de réaffirme que l'existence réelle de la liste n'est pas vérifiée, les témoignages des anciens employés de Clear Channel n'étant pas concordants. Il apparaît cependant que la liste était à l'origine une discussion email entre employés de Clear Channel, discussion qui a pris de l'ampleur avec l'option de transfert d'email (en). Cependant, sa diffusion publique l'a rendu légitime et en a fait une référence pour les professionnels du secteur. Une semaine après le début de sa diffusion, Clear Channel a publié un communiqué de presse[6] affirmant que cette liste n'a aucune autorité et rappelant que le Premier amendement de la Constitution complique la possibilité d'établir une telle liste. D'autres comme Jeffrey Melnick (professeur et auteur de 9/11 Culture) défendent que Clear Channel, derrière l'histoire d'un email devenu involontairement viral, souhaitait rééllement diffuser cette liste pour reprendre une forme de contrôle sur les programmes après le Telecommunications Act de [7].
La liste a des conséquences irréparables pour certains groupes comme Drowning Pool qui commence à peine à devenir célèbre avec son morceau Bodies qui figure sur la liste. La liste est publiée alors que System of a Down vient tout juste de sortir Toxicity et POD sort son album Satellite le jour des attaques[7].
L'idée d'éviter les contenus culturels faisant référence à des chutes ou crash d'avions ou de corps humains a été spontanément appliquée dès le lendemain des attaques. L'existence pas complètement vérifiée de cette liste est symptomatique de l'hystérie que provoqua les attaques, à une époque ou les informations vraies ou fausses circulaient librement via les forwards groupés d'email[7].
Liste
La liste contient 165 chansons, dont toutes celles de Rage Against the Machine, ainsi que différentes versions d'une même chanson interprétée par plusieurs artistes (comme Knockin' on Heaven's Door de Bob Dylan, la reprise des Guns N' Roses étant également présente dans la liste). Dans certains cas en revanche, seules certaines versions sont présentes dans la liste, comme la reprise de la chanson Smooth Criminal par le groupe Alien Ant Farm, alors que l'originale de Michael Jackson n'y figure pas ; a contrario la chanson Last Kiss de J. Frank Wilson y figure, alors que la reprise par Pearl Jam y est quant à elle absente[8].
La liste ne contient pas de morceau de hip-hop ou de country, peu de chansons chantées par des femmes, et beaucoup de chansons de metal et nu metal. Les chansons contenant les mots sky, die et suicide semblent systématiquement ciblées[7].
Notes et références
Notes
- ↑ When You're Falling est présentée comme étant de Peter Gabriel, mais il s'agit en fait d'une chanson d'Afro Celt Sound System, avec Gabriel en tant que chanteur invité.
- ↑ Le nom initial de la chanson était Speed Kills, mais à la suite des attentats du 11 septembre 2001, le groupe la renomma en The People That We Love.
Références
- ↑ (en) Steven Wishnia, « Bad Transmission: Clear Channel's Hit List », sur lipmagazine.org, (version du sur Internet Archive).
- ↑ (en) « Clear Channels List of Songs with Questionable Lyrics », sur hitsdailydouble.com (version du sur Internet Archive).
- ↑ (en) Jeremy Dutton et William Puchert, « Music industry responds to terrorism », Zephyr, école de journalisme Reynolds, université du Nevada à Reno, (version du sur Internet Archive).
- ↑ (en) Eliza Truitt, « Profiles in Ass Covering », sur Slate, (consulté le ).
- ↑ (en) David Mikkelson, « Radio, Radio », sur Snopes, (consulté le ).
- ↑ (en) « Clear Channel says national "banned playlist" does not exist », sur clearchannel.com, (version du sur Internet Archive).
- (en-US) Allison Stewart, « The fallout over Clear Channel’s (possibly apocryphal) do-not-play list lasted well past 9/11 », The Washington Post, .
- ↑ (en) Eliza Truitt, « It's the End of the World as Clear Channel Knows It », sur Slate, (consulté le ). Le site Slate publia ce qu'il affirma être une copie de la liste.
Voir aussi
Bibliographie
- (en) Paul Friedlander et Peter Mill (collab.), Rock and Roll : A Social History, Boulder (Colorado), Westview Press, , 2e éd. (1re éd. 1996), VIII-388 p. (ISBN 0-8133-4306-2), p. 309–310.
- (en) Eric Klinenberg, Fighting for Air : The Battle to Control America's Media, New York, Henry Holt & Company, , 351 p. (ISBN 978-0-8050-8729-1, lire en ligne).
- (en) Janet Kolodzy, Convergence Journalism : Writing and Reporting Across the News Media, Rowman & Littlefield, , 267 p. (ISBN 0-7425-3886-9), p. 17 [lire en ligne].
- (en) Andrew Milner, Literature, Culture And Society, Londres et New York, Routledge, , 2e éd. (1re éd. 1996), XI-336 p. (ISBN 0-415-30785-6), p. 154–155 [lire en ligne].
- (en) Neil Strauss, « The Pop Life; After the Horror, Radio Stations Pull Some Songs », Arts, The New York Times, (consulté le ).