Louis Gallait

Louis Gallait, né le à Tournai et mort le à Schaerbeek, est un peintre et graveur belge.

Biographie

Louis Joseph Gallait est né à Tournai[1] le 10 mai 1810, à la rue aux Rats. Son père, Ignace Joseph Gallait, Tournaisien et alors peigneur de laines, mais plus tard qualifié de revendeur, et sa mère Marie Joséphine Deronne, fille d'un cultivateur, s'étaient mariés à Havinnes[2] en l'an X de la République française. Louis Gallait fut orphelin de père bien tôt puisque ce dernier mourut dans la ville de Flandre à l'époque vouée au textile qu'est Saint-Nicolas-Waes[3] en mai 1822, probablement le 5 du mois. La mère de Louis Gallait ne se remaria pas, et demeura à la rue aux Rats à Tournai[4], où elle est morte le 12 mars 1858, dans cette rue qui sera dénommée plus tard rue Louis Gallait, en l'honneur de son fils.

Après des études à l'Athénée royal de Tournai, il se place comme clerc chez un avocat-avoué. Le soir, il suit à l'Académie de dessin de sa ville natale les cours de Philippe-Auguste Hennequin.

En 1832, il obtient son premier succès avec sa peinture Le Denier de César qui lui vaut le prix d'Histoire au concours organisé par la Société des beaux-arts et de littérature de la ville de Gand.

Malgré le refus du bourgmestre José de Hulste de lui assurer la continuation d'un subside de 300 francs que la ville de Tournai lui accordait, Gallait se rend néanmoins à Anvers, muni de maigres ressources, pour compléter sa formation sous la direction de Mathieu-Ignace Van Brée.

Son Christ guérissant les aveugles, exposé à Bruxelles en 1833 le fait connaître du grand public et est aussitôt acheté pour la cathédrale de Tournai par souscription publique.

Cette vente lui permet d'aller à Paris étudier au musée du Louvre des maîtres comme Rubens, Ribera ou Murillo. Il y suit également les leçons de Paul Delaroche et y trouve dès lors la voie qu'il n'allait pas cesser de suivre.

À côté des deux écoles classique et romantique, représentées alors en Belgique par François-Joseph Navez et Gustave Wappers, suivis chacun d'une lignée d'artistes distingués, Gallait crée une école de peinture historique, qui s'attache surtout à la vérité de la couleur locale et à l'intérêt dramatique des scènes. Plusieurs artistes se forment à ses côtés à Bruxelles, dont Frédérique O'Connell[5].

À Paris, il expose au salon de 1835 son tableau Le Serment de Vargas qui lui ouvre le carnet de commandes pour le musée historique de Versailles auquel le roi Louis-Philippe consacre alors une part importante des ressources de sa liste civile. C'est pour cette collection qu'il peint notamment le Portrait du duc de Biron (Versailles), de même que Job sur son fumier, entouré de ses trois amis et de sa femme (Palais des beaux-arts de Lille).

Dans le même temps, il envoie deux toiles à l'Exposition triennale de Bruxelles : le Repentir et Montaigne visitant Tasse à Ferrare.

En 1841, la réputation de Gallait devient européenne grâce à L'Abdication de Charles-Quint (musée des beaux-arts de Tournai). Commencée en 1838, cette vaste composition de cinq mètres sur sept a nécessité trois années de labeur assidu en recherches documentaires et iconographiques. Cette peinture est une commande du gouvernement belge[6]. Exposée dans de nombreuses capitales d'Europe, cette œuvre remporte un succès considérable, attirant sur son auteur une pluie de distinctions honorifiques dont la Légion d'honneur. Tournai fête triomphalement ce succès lors d'un banquet organisé en l'honneur du peintre le dimanche à l'Hôtel de Ville.

L'artiste épouse à Paris le , Hippolyte Simonne Pick ou parfois erronément Picke, d'une famille belge, et le couple s'installe à Schaerbeek. Une première fille, Amélie Josephine Simonne, leur naît à Schaerbeek[7] le 30 décembre 1844. Elle épousera à Paris en 1867 l'ingénieur Jules Bucheron, qui mourra à Schaerbeek[8] déjà en 1870. Une seconde fille, Marie Catherine Louise, leur naîtra à Schaerbeek[9] le 8 septembre 1849 et elle y[10] épousera en 1870 l'industriel Charles Faider. Louis Gallait fit, en 1871 et en 1873, des portraits de sa petite-fille[11]. Il eut le malheur de perdre sa seconde fille Marie Catherine Louise, morte le 28 janvier 1887, à Paris, âgée de 37 ans seulement[12].

La féconde activité de portraitiste et de tableaux historiques de Louis Gallait le met à la tête d'une fortune considérable.

Louis Gallait atteint l'apogée de sa gloire avec son tableau Derniers honneurs rendus aux comtes d'Egmont et de Hornes, célèbre sous le titre Les Têtes coupées, véritable page d'histoire qui restera comme la flétrissure d'un crime d'État (1851, musée des beaux-arts de Tournai).

De 1872 à 1877, Gallait peint les quinze portraits historiques qui ornent l'enceinte de l'hémicycle du sénat belge[6].

La Peste de Tournai en 1092 (1882). Musée des Beaux-Arts de Tournai.

Enfin, Gallait termine en 1882 La Peste de Tournai en 1092 (musée des beaux-arts de Tournai). Ce tableau de près de cinq mètres sur huit, auquel il travaillait déjà en 1853, est une œuvre de jeunesse née, comme il le dit lui-même, de son vif attachement pour sa ville natale.

Il pratique également la gravure pour produire des vues de Tournai (réalisées vers 1830), d'Allemagne, d'Autriche et de France. Il peint aussi des aquarelles, avec rehauts de gouache blanche, à l'île de Wight en 1862 et 1866.

La notoriété de Gallait lui vaut de nombreuses nominations dans les sociétés savantes. Il est membre de l'Académie impériale des beaux-arts à Vienne et à Berlin, ainsi que directeur puis président de l'Académie royale de Belgique.

En , il refuse le titre nobiliaire de baron que lui offre le roi Léopold Ier.

À sa mort, Tournai lui fait des funérailles grandioses et, en 1891, Guillaume Charlier érige un monument en son honneur dans le parc communal de Tournai.

Tournai et Schaerbeek ont donné son nom à une rue.

Œuvres

Vue de l'hémicycle du sénat belge depuis la tribune du président. Dans le fond de l'hémicycle, on voit neuf des quinze peintures historiques de Gallait qui décorent le pourtour du sénat belge. Les quinze peintures furent réalisées de 1872 à 1877. Sur la vue, on voit de gauche à droite: Philippe d'Alsace, Jean II duc de Brabant, Guillaume le Bon, Philippe le Noble, Philippe le Bon, Charles Quint, l'archiduchesse Isabelle, l'archiduc Albert, l'impératrice Marie-Thérèse.
Vue de l'hémicycle du sénat belge depuis la tribune du président. Dans le fond, neuf des quinze peintures historiques (1872-1877) de Gallait qui décorent le pourtour du sénat belge. De gauche à droite: Philippe d'Alsace, Jean II duc de Brabant, Guillaume le Bon, Philippe le Noble, Philippe le Bon, Charles Quint, l'archiduchesse Isabelle, l'archiduc Albert, l'impératrice Marie-Thérèse.

Iconographie

Honneurs

Louis Gallait est :

Notes et références

  1. Tournai, acte de naissance n° 342 du vendredi 11 mai 1810. Ignace Joseph Gallait, 30 ans, revendeur, originaire de la paroisse Saint-Brice de Tournai, domicilié rue aux Rats, et Marie Joséphine Deronne, 35 ans, originaire d'Havinnes. Les témoins étaient Louis Gallait, 38 ans, revendeur, domicilié à Tournai, rue de Marvis, et Etienne Alexandre Joseph Gallez, 28 ans, aussi revendeur, domicilié à Tournai, même rue, tous deux oncles paternels.
  2. Havinnes, acte de mariage du 20 frimaire an X - soit donc le 11 décembre 1801 - , entre Ignace Joseph Gallait, 22 ans, né à Tournai, le 16 novembre 1779, peigneur de laine, fils de Severain Gallait, marchand graissier, demeurant à Tournai, et de Marie Madelaine Choteau, son épouse, d’une part, et d’autre part Marie Joséphine Deronne, 25 ans, née à Havinnes, le 22 janvier 1776, demeurant à Havinnes, fille d’Arnould Deronne, cultivateur, demeurant à Havinnes, et de défunte Marie Catherine Petit, son épouse légitime. En présence de Philippe Deronne, cultivateur à Havinnes, 34 ans, Alexandre Joseph Gallait, 21 ans, peigneur à Tournai, Alexandre Maijeu, 22 ans, journalier à Havinnes, François Amoris, 35 ans, journalier à Tournai, Philippe Deronne étant le frère de l’épouse et Alexandre Gallait le frère de l’époux. (signé) Ignace Joseph Gallait, Marie Josephine Deronne et Arnould Deronne, maire d’Havinnes.
  3. Registre des décès de Saint-Nicolas, acte de décès (en néerlandais) n° 185 du 7 mai 1822 d'Ignatius Gallait-derone, marchand natif de Tournai et y demeurant, fils des feus Severinus et de Magdalena Choteau, époux de Josephina Deronne, a été trouvé mort le 5 mai sans que l'on puisse préciser la date exacte de décès. Les comparants étaient Joannes Baptiste Fourneaux, 43 ans, boutiquier, et Ferdinandus Joannes Meul, 33 ans, aubergiste, qui ont signé.
  4. Tournai, acte de décès n° 194 du 13 mars 1858. Les déclarants du décès étaient Alexandre Duprez, 46 ans, plombier, domicilié à Tournai, voisin de la défunte, et Gustave Lefrancq, 39 ans, fabricant cirier, domicilié à Tournai, voisin. Joséphine Deronne, rentière, née à Havinnes le 22 janvier 1775, domiciliée à Tournai, veuve d'Ignace Joseph Gallait, fille des feus Arnould Deronne et Catherine Petit, est décédée hier à trois heures du matin, à la rue aux Rats.
  5. Le peintre-graveur hollandais et belge du XIXe siècle par Theodor Hippert et Joseph Linnig, Fr J. Olivier, Bruxelles 1879, p. 767.
  6. a b et c Hervé Hasquin, La Wallonie, son histoire, Bruxelles, Editions Luc Pire, , 292 p. (ISBN 2-930240-18-0), page 45 (deuxième édition)
  7. Schaerbeek, acte de naissance n° 1 du 2 janvier 1845. L'enfant est né au domicile de ses parents, rue des Palais n° 67, à six heures de l'après-midi, du comparant, Louis Gallait, 34 ans, peintre d'histoire, né à Tournai et domicilié à Schaerbeek, et de son épouse Hippolyte Simonne (le nom n'est pas indiqué, et le second prénom semble être, dans cet acte, le nom de l'épouse), 20 ans, sans profession, née à Paris, France, et domiciliée à Schaerbeek. Déclarations faite en présence de Daniel Adolphe Roberts Jones, 38 ans, peintre, domicilié à Schaerbeek, et de Henri Hallart, 47 ans, lieutenant-colonel du génie, domicilié à Laeken.
  8. Schaerbeek, acte de décès n° 616 du 25 décembre 1870. Jules Auguste Bucheron, ingénieur civil, décédé chez son beau-père, Louis Gallait, déclarant du décès, le 23 décembre 1870 à 9 heures et demie du soir, rue des Palais n° 106, né à Tours (Indre et Loire) le 1er juillet 1832, domicilié à Paris, boulevard Suchet n° 15, époux d'Amélie Joséphine Simonne Gallait, fils d'Antoine Pierre Jules Bucheron, décédé, et de Pailne Clémence De Lapparent, propriétaire domicilié à Tours. Le second déclarant du décès est Charles Faider 31 ans, industriel, domicilié à Anvers, beau-frère.
  9. Schaerbeek, acte de naissance n° 187 du 10 septembre 1849. L'enfant est né le 8 septembre à 7 heures et demie du matin, au domicile parental, rue des Palais. La mère est dénommée Hippolyte Simonne Pick, 25 ans, née à Paris. Les témoins étaient Guillaume Joseph Van Campenhout, 49 ans, rentier, domicilié à Saint-Josse-ten-Noode, et Daniel Adolphe Roberts Jones, 42 ans, artiste peintre domicilié à Schaerbeek.
  10. Schaerbeek, acte de mariage n° 79 du 18 mai 1870. Le contrat de mariage a été passé pardevant le notaire Vanbevere à Bruxelles le 17 mai 1870. Marie Catherine Louise Gallait, née à Schaerbeek le 8 septembre 1849, y résidant, sans profession, est la fille de Louis Joseph Gallait, résidant à Schaerbeek, peintre, grand officier de l'Ordre de Léopold, et de Hippolyte Simonne Picke, résidant à Schaerbeek, sans profession. Charles Désiré Edmond Florent Faider, né à Louvain, le 11 septembre 1839, résidant à Saint-Josse-ten-Noode, fabricant, est le fils d'Edmond François Charles Benoit Faider, mort à Saint-Josse-ten-Noode le 19 mars 1853, et d'Anne Marie Sophie Du Pré, résidant à Saint-Josse-ten-Noode, pensionnée de l'Etat. Les témoins étaient Alfred Marie Anne Faider, résidant à Liège, substitut du procureur général de la cour d'appel de Liège, Charles Jean Baptiste Florent Faider, résidant à Bruxelles, premier avocat général à la cour de Cassation, commandeur de l'ordre de Léopold, Jules Auguste Bucheron, résidant à Paris, ingénieur, et Félix Marie Champion de Villeneuve, résidant à Bruxelles, rentier.
  11. Lucien Solvay, Notice sur Louis Gallait, à lire en ligne [1], page 25.
  12. Le Moniteur belge de 1892, page 2188, mentionne, à l’occasion d’une expropriation pour une rectification de voirie à Schaerbeek, les héritiers de Louis Gallait : 1° Mme Amélie-Joséphine-Simonne Gallait, veuve de M. Jules-Auguste Bucheron, propriétaire, domiciliée au château de La Motte, commune de Thoury-Férottes (Seine-et-Marne) ; 2° M. Charles-Désiré-Edmond Faider, industriel, domicilié à Paris, rue Fortuny n° 25, en qualité de père et tuteur légal de ses deux enfants encore mineurs, Louis et Maurice Faider, retenus par lui de son mariage avec feu la dame Marie-Catherine-Louise Gallait ; 3° Mme Hippolyte-Simonne Pick, rentière, veuve de M. Louis-Joseph Gallait, domiciliée à Paris, rue de Prosny, n° 55 ; ; 4° Mlle Juliette-Sophie-Louise Faider, sans profession, domiciliée à Paris, rue Fortuny, n° 25 ; 5° M. Victor Vleminckx, docteur en médecine, domicilié à Bruxelles, rue Thérésienne, n° 18, en qualité de subrogé tuteur des dits mineurs Faider.
  13. Geneviève Lacambre, « L'affirmation de la nation par l'histoire », Paris-Bruxelles. Bruxelles-Paris, Éditions de la Réunion des musées nationaux-Fonds Mercator, 1997, p. 79.
  14. J.G.A. Luthereau, Revue de l'exposition des beaux-arts, Bruxelles, Imprimerie photographique, , 88 p. (lire en ligne), p. 16.
  15. Rédaction, « Exposition nationale des beaux-arts », L'Indépendance belge, no 307,‎ , p. 1-2 (lire en ligne, consulté le ).
  16. Moniteur, « Nominations », Moniteur belge, no 135,‎ , p. 1 (lire en ligne, consulté le ).

Annexes

Bibliographie

  • Serge Le Bailly de Tilleghem, Gallait (Louis-Joseph), dans la Biographie nationale, tome 40, supplément tome XII, fascicule 1, col. 327 à 339, Bruxelles, 1977, Bruylant, à lire en ligne [2].
  • Lucien Solvay, Notice sur Louis Gallait (Annuaire de 1915-1919), avec une liste de ses œuvres, à lire en ligne [3].
  • Dictionnaire Bénézit.
  • Auguste Voisin, Abdication de Charles-Quint par Louis Gallait : Légende historique et descriptive, Gand, C. Annoot-Braeckman, , 31 p., 20 x 14 cm (lire en ligne).
  • Gaston Lefebvre, Biographies tournaisiennes des XIXe et XXe siècles, Archéologie industrielle de Tournai, 1990, p. 109-110.

Liens externes

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