Massacre de Kumba

Massacre de Kumba
Date 24 octobre 2020
Lieu Kumba, Drapeau du Cameroun Cameroun
Victimes Civils
Type Tuerie en milieu scolaire, fusillade de masse
Morts 7
Blessés 13
Auteurs présumés Séparatistes
Guerre Crise anglophone au Cameroun

Le massacre de Kumba est une tuerie en milieu scolaire survenue le à la Mother Francisca International Bilingual Academy, à Kumba dans la région du Sud-Ouest du Cameroun, lors de la crise anglophone.

Contexte

Depuis 2017, des groupes séparatistes et l'armée s'affrontent dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, où vit l'essentiel de la minorité anglophone, dont une partie s'estime marginalisée par la majorité francophone du pays. En 2020, les combats au Cameroun anglophone, mais aussi les exactions et meurtres de civils par les deux camps, ont fait plus de 3 000 morts et forcé plus de 700 000 personnes à fuir leur domicile, selon de nombreuses ONG[1].

Le complexe scolaire privé Mother Francisca International Bilingual Academy, situé à Kumba[2], n’a lancé ses activités qu’en début d’année scolaire 2020-2021[3].

Déroulement

Le , vers midi[4], des assaillants habillés en civils, armés de machettes et d'armes de guerre arrivent sur trois motos devant l'école Mother Francisca International Bilingual Academy et font irruption dans une salle de classe où ils ouvrent le feu sur des élèves, tuant des élèves âgés de 12 à 14 ans et blessant grièvement d'autres[5],[6],[7]. Un bilan de six élèves assassinés, dont cinq filles et un garçon, tous âgés entre neuf et douze ans[8] ; (4 ou 8 morts selon d'autres sources)[9],[10],[11],[12],[13] et treize blessés, soit dix filles et trois garçons, dont sept cas avérés préoccupants est annoncé[14],[15].

Dans une tentative de fuite, certains élèves sont blessés en sautant du second étage du bâtiment[3]. Des blessés sont conduits vers l'hôpital de district de la ville[16].

Victimes

Nzakame Ramane, 10 ans ; Nguemene Princess, 11 ans ; Anagym Jennifer, 11 ans ; Ngwane Rey Mongue, 12 ans ; Victory Ngamenyi Camibon, 12 ans ; Scheygnia Cindi, 14 ans; Che Telma, 15 ans[3].

Responsabilité

Bien que les auteurs de l'attaque n'aient pas encore été formellement identifiés, le gouvernement attribue le massacre aux séparatistes[17].

Réactions

Nationales

Manifestation à Kumba contre les attaques d'écoles.

Le , le Premier ministre Joseph Dion Ngute organise une réunion d'urgence sur la situation[18]. L'homme politique Maurice Kamto, président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), déclare sur Twitter : « Horreur absolue. Ma peine est sans borne. Je condamne cet acte odieux avec la dernière énergie. Combien de morts faut-il encore pour qu'une solution politique ramène la paix dans le NOSO (Nord-Ouest et Sud-Ouest, NDLR) »[19]. Le leader séparatiste Sisiku Julius Ayuk Tabe, incarcéré à la prison centrale de Kondengui publie un message, dans lequel il déclare : « J'ai vu des vidéos troublantes de l'attaque barbare contre une école à Kumba. Ces criminels qui ont assassiné nos enfants sont dirigés par Sako Ikome, et non le vrai gouvernement intérimaire de notre révolution »[20].

L'homme politique Akere Muna, ancien candidat à l'élection présidentielle de 2018, déclare sur Twitter : « Inimaginable et inacceptable! Ce qui s’est passé à Kumba devrait nous réveiller tous. Quel instinct barbare peut pousser quiconque à aller dans une école et tirer au hasard sur des enfants, en tuant certains? Est-ce ce que nous sommes devenus? Engourdis par la sauvagerie et le chaos, nous perdons lentement notre humanité. Aux mamans et à toutes ces familles en pleurs, nous offrons nos condoléances et nos prières. La souffrance et le deuil doivent cesser d’être le quotidien de certains citoyens »[21]. Le prêtre Ludovic Lado déclare sur Twitter : « Des élèves fusillés par un groupe armé dans une école catholique à Fiango Kumba dans le Cameroun anglophone. C’est pour que cesse ce carnage stupide que je marchais et que je marcherai encore ! Trop c’est trop ! »[22].

L'homme politique Serge Espoir Matomba écrit : « Halte au massacre des enfants à Kumba! Encore un drame insupportable. Refusons la banalisation de la violence. Aucune excuse et aucun pardon pour les coupables. Ils doivent être châtiés ». L'avocat Mbomo Ntimbane déclare sur Facebook : « Le régime Biya, sans être coupable, est responsable de la mort de cette dizaine d'élèves »[23]. L'homme politique Cabral Libii, président du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN) écrit : « Des terroristes viennent encore de frapper durement des jeunes élèves à Kumba. Des innocents qui ne cherchaient qu’à s’éduquer pour construire l’avenir de l’humanité. Quelle cruauté ! Quelle infamie ! Sincères condoléances aux familles des victimes. Que les coupables de cette boucherie soient traqués et traduis devant la justice. La République ne doit jamais faiblir et survivra à ces soubresauts. J’en appelle à l’unité nationale et transpartisane pour faire face au terrorisme et préserver l’unité nationale ». Dans une série de posts sur son compte Facebook, la députée du PCRN, Nourane Fotsing, exprime sa tristesse tout en condamnant le massacre. Selon la députée « rien ne justifie la prise d’arme contre la République ». Elle appelle également à la solidarité[24]. Le , le président Paul Biya déclare une journée de deuil national pour le [25].

Le , avant le coup d'envoi du match contre le Mozambique, les Lions Indomptables, portant un bandeau noir en signe de deuil, s'agenouillent pendant l'hymne national au stade de la Réunification à Douala. Les joueurs s'agenouillent à nouveau pour célébrer l'ouverture du score par Vincent Aboubakar[26].

Internationales

Procès

Le , le tribunal militaire de Buéa condamne quatre prévenus à « la peine de mort avec fusillade sur la place publique ». Les quatre hommes, présentés par l'accusation comme des séparatistes anglophones, sont reconnus coupables « d'actes de terrorisme, d'hostilité contre la patrie, d'insurrection, de sécession et d'assassinat »[28].

Notes et références

  1. « Cameroun : au moins huit enfants tués dans l'attaque de l'école dans une zone anglophone », sur Le Figaro,
  2. « Un massacre de jeunes enfants dans leur classe choque le Cameroun », sur MSN (consulté le )
  3. a b et c (en) « Cameroon: Children killed in attack on school in Kumba », BBC News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. Zone Bourse, « Cameroun-Des hommes armés tirent dans une école, 6 enfants tués », sur Zonebourse (consulté le )
  5. (en) « Attackers storm Cameroon school, kill several children », sur Aljazeera (consulté le )
  6. « Cameroun/Crise anglophone: des élèves assassinés dans une école privée à Kumba ce 24 octobre », sur Journal du Cameroun, (consulté le )
  7. « Cameroun anglophone: plusieurs enfants tués dans l'attaque d'une école », sur RFI,
  8. (es-MX) « Hombres armados invaden escuela en Camerún, matan al menos a seis niños », sur 24 Horas, (consulté le )
  9. « Cameroun/horreur dans un établissement : plusieurs élèves abattus par des hommes armés », sur AfrikMag, (consulté le )
  10. (en) « Four Children Killed In Cameroon School Attack: Local Official », sur UrduPoint (consulté le )
  11. « 8 children shot dead by gunmen in Cameroonian school : local media », sur china.org.cn (consulté le ).
  12. Agence France-Presse, « Cameroun : au moins huit enfants tués dans l’attaque de l’école dans une zone anglophone (bilan ONU) », sur Mediapart (consulté le )
  13. « Cameroun : huit enfants tués par des hommes armés inconnus dans le Sud-Ouest (presse) - Xinhua | Actualités Chine & Afrique », sur french.xinhuanet.com (consulté le )
  14. « About ‘six’ students die, odas injure for Mother Francisca International Kumba afta gunmen attack », BBC News Pidgin,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. « Assassinat de Kumba : dépassé, le gouvernement appelle à l’aide internationale (intégralité) », sur www.camerounweb.com, (consulté le )
  16. « Samedi sanglant à Kumba : Cinq élèves ont perdu la vie ce jour, lâchement assassinés par les ambazoniens - actualité du Cameroun - Agence Cameroun Presse », sur agencecamerounpresse.com (consulté le )
  17. « Le Cameroun pointe les séparatistes anglophones du doigt après l’attaque d’une école », sur RFI,
  18. « Cameroon-Info.Net:: Cameroun – Tuerie en milieu scolaire à Kumba: Le Premier ministre convoque une réunion de crise. », sur www.cameroon-info.net (consulté le )
  19. « Cameroon-Info.Net:: Cameroun - Massacre des enfants à Kumba/Maurice Kamto (opposant, leader du MRC): «Combien de morts faut-il encore pour qu'une solution politique ramène la paix dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest» », sur www.cameroon-info.net (consulté le )
  20. « Cameroon-Info.Net:: Cameroun - Massacre dans une école à Kumba: Ayuk Tabe (leader séparatiste) condamne et accuse un autre leader sécessionniste », sur www.cameroon-info.net (consulté le )
  21. recevez nos alertes infos, « Meurtre des élèves à Kumbo/Akere Muna : «quel instinct barbare peut pousser quiconque à aller dans une école et tirer au hasard sur des enfants» (vidéo) », sur Actu Cameroun, (consulté le )
  22. recevez nos alertes infos, « Meurtre des élèves à Kumbo/Père Lado : «c’est pour que cesse ce carnage stupide que je marchais» », sur Actu Cameroun, (consulté le )
  23. Lebledparle.com, « Bomo Ntimbane : « Le régime Biya, sans être coupable, est responsable de la mort de cette dizaine d'élèves » », sur Le Bled Parle : Actualité Cameroun info - journal Cameroun en ligne (consulté le )
  24. « Honorable Nourane Foster : « Rejetons définitivement le terrorisme de ces séparatistes sans foi ni loi » - actualité du Cameroun - Agence Cameroun Presse », sur agencecamerounpresse.com (consulté le )
  25. « Massacre de Kumba: le Président Paul Biya déclare une journée de deuil national », sur www.prc.cm (consulté le )
  26. « Cameroun - Crise anglophone: Les Lions indomptables à genoux pendant l’hymne du Cameroun pour rendre hommage aux élèves assassinés à Kumba », sur www.cameroon-info.net,
  27. « Cameroun : l’ONU condamne l’attaque contre une école qui a tué huit enfants | ONU Info », sur news.un.org, (consulté le )
  28. « Cameroun: quatre condamnés à mort pour le meurtre de 7 écoliers », sur Le Figaro,

Voir aussi

Articles connexes