Obergruppenführer
Obergruppenführer (abréviation Ogruf.) est un grade de général dans l’Allgemeine SS (en français : la « SS générale ») et dans la Waffen-SS, la branche militaire de la SS. Sept des dix-huit Reichsleiter[c], plus hauts cadres du NSDAP, détenaient ce grade, qui venait en troisième position après ceux de Reichsführer-SS[d] et de SS-Oberst-Gruppenführer.
Contexte historique
Dans « l'organisation politico-policière et militaire » qu'est la SS du Troisième Reich, ce grade correspond à ceux de General[e] (des armées de terre ou de l’air) ou d’Admiral (de la marine) au sein de la Wehrmacht (les forces armées du Reich). Il est l'équivalent de général de corps d'armée dans l'Armée française.
Pour la partie politique de l’organisation, il constitue un titre honorifique et une reconnaissance de l'importance politique de son titulaire, comme pour Konstantin von Neurath ou pour les Reichsleiter du parti nazi.
En revanche, pour sa partie policière (Orpo, RSHA) ou sa partie militaire (Waffen-SS), il traduit une réelle fonction de commandement opérationnel.
C'est le troisième grade d'officier général le plus élevé dans le corps des officiers généraux SS qui en compte cinq (si on inclut celui de Reichsführer-SS, principalement porté par Himmler). Dans l'ordre hiérarchique descendant, pour les grades comportant une ou plusieurs feuilles de chêne au collet (les grades d’Oberführer et Standartenführer ne sont pas des grades d'officiers généraux, mais d'officiers supérieurs), on a le tableau suivant :
Ordre hiérarchique descendant |
Insignes de col (1942-1945) |
Grade dans la SS | Suffixe pour la police[f] | Suffixe pour la Waffen-SS[g] | Équivalent dans les armées de terre ou de l’air | Équivalent dans la marine |
---|---|---|---|---|---|---|
Officiers généraux | ||||||
N/A | N/A | Pas d’équivalent | N/A | N/A | Reichsmarschall[h] | Pas d’équivalent |
1 | Reichsführer-SS | und Chef der deutschen Polizei | N/A | Generalfeldmarschall | Großadmiral | |
2 | SS-Oberst-Gruppenführer | und Generaloberst der Polizei | und Generaloberst der Waffen-SS | Generaloberst | Generaladmiral | |
SS-Obergruppenführer | und General der Polizei | und General der Waffen-SS | General[e] | Admiral | ||
4 | SS-Gruppenführer | und Generalleutnant der Polizei | und Generalleutnant der Waffen-SS | Generalleutnant | Vizeadmiral | |
5 | SS-Brigadeführer | und Generalmajor der Polizei | und Generalmajor der Waffen-SS | Generalmajor | Konteradmiral | |
Officiers supérieurs avec feuilles de chêne au collet | ||||||
6 | SS-Oberführer | Néant | Néant | Pas d’équivalent | Kommodore | |
7 | SS-Standartenführer | und Oberst der Polizei | Néant | Oberst | Kapitän zur See |
Insignes de grade (1942-1945)
-
Patte d'épaule.
-
Pattes de collets.
-
Sur tenue de camouflage (au niveau du bras).
Équivalents
Liste de Obergruppenführer
Cette liste, non complète, est classée par ordre alphabétique.
- Max Amann (1891-1957), éditeur de Mein Kampf.
- Erich von dem Bach-Zelewski (1892-1972), haut-commissaire de la SS et de la police du groupe d'armées Centre (Heeresgruppe Mitte) sur le front de l'Est.
- Gottlob Berger (1886-1975), chef du bureau central de la SS.
- Theodor Berkelmann (1894-1943), chef supérieur de la SS et de la Police en Sarre et en Moselle.
- Werner Best (1903-1989) plénipotentiaire au Danemark.
- Wilhelm Bittrich (1894-1979), général de la Waffen-SS.
- Martin Bormann (1900-1945), chef de la chancellerie du NSDAP.
- Philipp Bouhler, (1899-1945), chef de la chancellerie de Hitler, responsable du programme d'euthanasie Aktion T4.
- Walter Buch (1883-1949), juge suprême du parti nazi.
- Richard Walther Darré (1895-1953), chef du RuSHA, ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation.
- Karl-Maria Demelhuber (1889-1988), un des commandants de la division SS « Das Reich ».
- Otto Dietrich (1897-1952), chef du service de presse du IIIe Reich.
- Theodor Eicke (1892-1943), l’un des responsables de la création et de l’organisation des camps de concentration et premier commandant de la division SS « Totenkopf ».
- Karl Fiehler (1895-1959), maire de Munich.
- Albert Forster (1902-1952), gauleiter de Dantzig.
- Karl Hermann Frank (1898-1946), secrétaire d'état puis ministre d'état du protectorat de Bohème-Moravie.
- Herbert Otto Gille (1897-1966), général de la Waffen-SS.
- Arthur Gütt (1891-1949), médecin eugéniste.
- Karl Hanke (1903-1945), « bref » successeur de Himmler en tant que Reichsführer-SS.
- Wolf-Heinrich von Helldorf (1896-1944), préfet de police de Berlin.
- Konrad Henlein (1898-1945), Reichstatthalter des Sudètes.
- Rudolf Hess (1894-1987), secrétaire d'Hitler, a quitté le Reich en 1941.
- Reinhard Heydrich (1904-1942), directeur du Reichssicherheitshauptamt (RSHA) et protecteur adjoint de Bohême-Moravie, assassiné à Prague.
- Friedrich Jeckeln (1895-1946), commandant d'une des Einsatzgruppen.
- Ernst Kaltenbrunner (1903-1946), successeur de Himmler[j] à la tête du RSHA et du SD.
- Hans Kammler (1901-1945?), ingénieur, obtient ce grade le , le plus haut gradé du camp de Dora-Mittelbau.
- Georg Keppler (1894-1966), général de la Waffen-SS.
- Matthias Kleinheisterkamp (1893-1945), général de la Waffen-SS.
- Walter Krüger (1890-1945), général de la Waffen-SS, frère aîné du suivant.
- Friedrich-Wilhelm Krüger (1894-1945), chef supérieur de la SS et de la Police dans le Gouvernement général (Pologne non annexée), frère cadet du précédent.
- Hans Lammers (1879-1962), chef de la chancellerie du Reich.
- Konstantin von Neurath (1873-1956), ancien ministre des Affaires étrangères, protecteur de Bohème-Moravie[k].
- Carl Oberg (1897-1965), chef supérieur de la SS et de la Police (Höhere SS- und Polizeiführer) pour la France, avec sous ses ordres le Standartenführer Helmut Knochen.
- Günther Pancke (1899-1973), chef supérieur de la SS et de la police au Danemark.
- Oswald Pohl (1892-1951), chef de l'Office central SS pour l'économie et l'administration.
- Hans-Adolf Prützmann (1901-1945), chargé du Werwolf.
- Rudolf Querner (1893-1945), général de la Waffen-SS
- Wilhelm Rediess (1900-1945), chef supérieur de la SS et de la Police en Norvège.
- Joachim von Ribbentrop (1893-1946), ministre des Affaires étrangères.
- Fritz Sauckel (1894-1946), chargé de la déportation des travailleurs étrangers en Allemagne.
- Julius Schaub (1898-1967), aide de camp personnel d'Adolf Hitler.
- Arthur Seyss-Inquart (1892-1946), chancelier autrichien, commissaire du Reich aux Pays-Bas.
- Felix Steiner (1896-1966), général de la Waffen-SS.
- Wilhelm Stuckart (1902-1953), Staatssekretär au ministère de l'Intérieur[l].
- Joseph Terboven (1898-1945) Commissaire du Reich en Norvège
- Karl Wolff (1900-1984), général de la Waffen-SS, condamné et libéré à plusieurs reprises.
- Udo von Woyrsch (1895-1983), commandant d'une unité des Einsatzgruppen lors de l'invasion de la Pologne.
Historique des promotions de 1933 à 1945
Notes et références
Notes
- Le grade de Standartenführer figure aussi au début de cette rangée (avec une seule feuille de chêne), bien ce que ce ne soit pas celui d’un officier général : il est en effet équivalent à celui de colonel en France. Comme celles du Reichsführer-SS, les insignes de Standartenführer n'ont pas changé en 1942 : ils sont restés stables de 1933 à 1945. La raison de la présence des insignes de Standartenführer dans cette planche est que sa patte de collet utilise aussi la feuille de chêne comme ingrédient. La raison est identique pour le cas de l’Oberführer.
- Probablement pour ne pas prêter à confusion avec ses grades supérieurs qui sont des grades d'officiers généraux, on observe que les insignes de grade d’Oberführer, intermédiaires entre ceux de « colonel » (Standartenführer) et de « général de brigade » (Brigadeführer), se sont rapprochés de ceux du Standartenführer ; en effet :
- sur les pattes de collet, la première feuille de chêne est désormais identique à celle d’un Standartenführer et la seconde feuille de chêne est beaucoup plus petite ;
- la patte d’épaule n'est plus celle commune aux officiers généraux, mais elle est devenue celle d’un Standartenführer, officier supérieur également.
- Les sept Reichsleiter qui portaient le grade de SS-Oberguppenführer étaient : 1° Max Amann ; 2° Martin Bormann ; 3° Philipp Bouhler ; 4° Walter Buch ; 5° Richard Walther Darré ; 6° Otto Dietrich ; 7° Karl Fiehler.
- Pour ce rang de chef suprême de la SS, le principal détenteur — entre 1929 et 1945 — a été Heinrich Himmler.
- Dans le cas de la Wehrmacht, ce grade est accompagné de la spécialité de son détenteur : dans l'armée de terre, on trouve par exemple les General der Infanterie, General der Artillerie, etc. ; dans l'armée de l’air, on trouve par exemple les General der Flieger, General der Flakartillerie, etc.
- L'attribution de ce suffixe est souvent postérieure (en la suivant de quelques mois) à l'attribution du grade de général SS (SS-Brigadeführer, SS-Gruppenführer, etc.) et peut ainsi apparaître comme une marque de la reconnaissance de la compétence du policier de la part de la hiérarchie du Reich, et donc sembler avoir un caractère honorifique.
- L'attribution de ce suffixe est souvent postérieure (en la suivant de quelques mois) à l'attribution du grade de général SS (SS-Brigadeführer, SS-Gruppenführer, etc.) et peut ainsi apparaître comme une marque de la reconnaissance de la compétence du militaire de la part de la hiérarchie du Reich, et donc sembler avoir un caractère honorifique. Ceci se constate dans le titre de Josef Dietrich : SS-Oberst-Gruppenführer und Panzer-Generaloberst der Waffen-SS, où sa hiérarchie (en l'occurrence ce ne peut relever que de la compétence de Hitler, étant donné le rang de Dietrich) a en outre éprouvé le besoin d'adjoindre le préfixe Panzer au mot Generaloberst. En effet la simple dénomination SS-Oberst-Gruppenführer suffit amplement pour comprendre à quel rang se situe l'individu dans la hiérarchie de l'Allgemeine SS ou de la Waffen-SS.
- Seul Hermann Göring, commandant en chef de la Luftwaffe (Oberbefhlshaber der Luftwaffe), a porté ce titre, de 1940 à 1945 car les premiers Generalfeldmarschall de la Luftwaffe (en dehors de Göring qui avait reçu ce titre en 1938) ont été nommés en , entraînant la nécessité de créer un rang supplémentaire dans cette armée de l’air, pour raison de préséance à l'égard de son commandant en chef.
- Les insignes de grade, notamment les pattes de collet, seuls correctement visibles ici, sont ceux en vigueur après .
- Faute de désigner immédiatement un successeur à son adjoint Heydrich assassiné, Himmler a assuré l'intérim à la tête du RSHA et du SD pendant environ huit mois, de à .
- En réalité, c’est son suppléant et adjoint Heydrich qui exerçait de fait la fonction.
- Lui-même brièvement ministre de l'Intérieur dans le Gouvernement de Flensbourg — du 6 au 23 mai 1945 — au moment de la capitulation du Reich.
Références
Voir aussi
Bibliographie
- (en) T. H. Flaherty, The Third Reich : The SS, Time-Life Books, Inc, (ISBN 1-84447-073-3).
- (en) Chris McNab, The SS : 1923–1945, Amber Books Ltd, , 192 p. (ISBN 978-1-906626-49-5).
- (en) Chris McNab, The Third Reich, Amber Books Ltd, 2009b, 192 p. (ISBN 978-1-906626-51-8).
- (en) Michael Miller, Leaders of the SS and German Police, vol. 1, R. James Bender Publishing, (ISBN 93-297-0037-3).
- (en) Mark C. Yerger, Allgemeine-SS : The Commands, Units and Leaders of the General SS, Schiffer Publishing Ltd., , 251 p. (ISBN 0-7643-0145-4).
- Autres sources bibliographiques
- (en) Friedemann Bedurftig and Christian Zenter, The Encyclopedia of the Third Reich (en), 1985.
- (en) Stan Cook and R. James Bender, Leibstandarte SS Adolf Hitler – Volume One: Uniforms, Organization, & History, San Jose, CA, R. James Bender Publishing, 1994. (ISBN 978-0-912138-55-8).
- (en) Andrew Mollo, Uniforms of the SS, Collected Edition Vol. 1–6, Motorbooks Intl, 1997, (ISBN 978-1-85915-048-1).
- (en) Personnel Service Records of the S.S., National Archives and Records Administration, College Park (Maryland)