Théâtre du Soleil

Théâtre du Soleil
Histoire
Fondation
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Paris (75012, France)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Fondatrice
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Le Théâtre du Soleil est une compagnie de théâtre fondée en 1964 sous forme de société coopérative et participative (scop) par Ariane Mnouchkine, Philippe Léotard, Jean-Claude Penchenat, Roberto Moscoso, Françoise Tournafond ou encore Claude Forget.

Mnouchkine crée la troupe après avoir suivi les cours de Jacques Lecoq. C'est alors une jeune troupe cosmopolite qui, en 1970, élit domicile dans le 12e arrondissement de Paris, dans des hangars désaffectés qui deviennent rapidement un nouveau lieu de théâtre[1] : ce lieu est l'ancienne cartoucherie du bois de Vincennes ; « la Cartoucherie » s'impose alors naturellement comme nom de baptême et enseigne du lieu, où viennent ensuite rapidement s'installer d'autres compagnies.

Ainsi, le « théâtre du Soleil » désigne aussi l'une des salles de théâtre de la Cartoucherie, où est spécifiquement hébergée cette compagnie.

Histoire de la troupe « Théâtre du Soleil »

Dès sa création en 1964, la troupe invente de nouveaux modes de fonctionnements et privilégie le travail collectif. Le but est, dès cette époque d'avant 1968, d'établir de nouveaux rapports avec le public et de se distinguer du « théâtre bourgeois » pour faire un théâtre populaire de qualité.

La troupe s'installe en 1970 dans les locaux désaffectés de l'ancienne cartoucherie du bois de Vincennes et devient rapidement, dès ces années 1970, une des troupes majeures du paysage théâtral, tant par le nombre d'artistes qu'elle abrite — plus de 70 personnes à l'année — que par son rayonnement international et son engagement à traiter sous un angle universel des grandes questions politiques et humaines. La troupe construit sa propre éthique, attachée à la notion de « troupe de théâtre » semblable à une tribu, une famille : chacun reçoit le même salaire. Plus original encore, la distribution définitive ne se décide qu'après que les comédiens se sont exercés à plusieurs rôles. La troupe présente souvent ses spectacles en tournée hors de France et accueille fréquemment à la Cartoucherie des spectacles de troupes internationales. Les décors sont conçus par le scénographe Guy-Claude François.

Le comédien Philippe Caubère, après son départ de la troupe, en a popularisé le fonctionnement grâce à ses spectacles. Il a mis en scène les difficultés relationnelles et les mœurs de celle-ci en lui consacrant de nombreuses pièces en solo à partir de ses souvenirs et de ses notes, rencontrant ainsi un certain succès. Ariane Mnouchkine est sans doute la première directrice d'un théâtre public à ouvrir en personne les portes de la salle au public, à déchirer les contremarques, à permettre au public d'assister au maquillage et à lui offrir à manger (des soupes réputées)[réf. nécessaire].

Les spectacles du Soleil ont toujours été des spectacles engagés d'une manière ou d'une autre, avec une parole critique sur l'époque, cherchant à avoir une vraie fonction sociale. Ils sont porteurs d'une dimension humaniste et politique au sens premier du terme. En 1995, Ariane Mnouchkine fait une grève de la faim, contre les massacres en Bosnie-Herzégovine[réf. nécessaire]. Elle prend la tête d'un collectif d'artistes en faveur des Africains sans papiers en 1996, abrités quelque temps dans les locaux de la Cartoucherie même.

En 2011, pour ne pas plier devant les contraintes de temps, et donc d'argent, qu’il affronte lors du tournage du film tiré des Naufragés du Fol Espoir, le Théâtre du Soleil lance le concept de DVD-mécène, une souscription auprès de son public[a].

Musiques

La musique fait partie intégrante des spectacles et rythme le jeu des acteurs. Depuis 1979, c’est Jean-Jacques Lemêtre qui compose et qui interprète, en direct et sur scène, les partitions musicales de tous les spectacles de la compagnie[4].

Spectacles et films du Théâtre du Soleil

« Enfants du Soleil »

Le Théâtre du Soleil s'est de longue date distingué par sa haute exigence artistique, requérant de ses interprètes un grand dévouement allié à un profond sens du collectif, les comédiens et comédiennes du Soleil n’étant pour la plupart guère connus du grand public.

Dans la grande famille d'artistes issus de ce théâtre, certains « Enfants du Soleil », en référence à l'un des spectacles de Philippe Caubère, se sont néanmoins fait un nom, parmi lesquels on peut citer :

  • Pierre Garin (1925-1986), comédien en 1961 (1 création) ;
  • Jean-Claude Penchenat (né en 1937), cofondateur en 1964, comédien de 1964 à 1975 (5 créations et 2 films)[b] ;
  • Philippe Léotard (1940-2001), cofondateur en 1964, comédien de 1961 à 1968 (3 créations) ;
  • François Joxe (1940-2020), comédien de 1965 à 1969 (5 créations)[c] ;
  • Gérard Hardy, cofondateur en 1964, comédien de 1961 à 1972 (7 créations) ;
  • Louba Guertchikoff (1919-1999), comédienne de 1964 à 1979 (4 créations et 2 films) ;
  • Anne Demeyer, comédienne, costumière et musicienne de 1964 à 1982 (7 créations et 1 film) ;
  • Mario González (né en 1943), comédien de 1967 à 1976 (4 créations et 2 films) ;
  • Philippe Caubère (né en 1950), comédien de 1970 à 1977 (2 créations et 2 films) ;
  • Georges Bigot (né en 1955), comédien de 1981 à 1992 (8 créations) ;
  • Zinedine Soualem (né en 1957), comédien de 1985 à 1991 (5 créations) ;
  • Simon Abkarian (né en 1962), comédien de 1985 à 1992 (6 créations) ;
  • Christophe Rauck (né en 1963), comédien de 1991 à 1992 (1 création)[d] ;
  • Serge Nicolaï (né en 1967), comédien de 1997 à 2014 (6 créations et 3 films) ;
  • Olivia Corsini (née en 1979), comédienne de 2003 à 2013 (5 créations et 3 films).

Citations

« Je ne sais pas si c'est né d'une idée, mais plutôt d'une nécessité. Au début, les gens venaient de loin, ils marchaient dans la boue, il était important de leur permettre de s'alimenter. Et avec de bonnes nourritures, nous voulions rendre les gens heureux. 1789 exigeait un champ de foire. Nous avons demandé un terrain de la taille d'une aire de basket, car nous savions qu'il y avait des terrains de basket partout ! C'est donc le projet qui a donné cette configuration à la pièce ; c'est aussi la pièce qui exigeait des comédiens-spectateurs. Pour les mêmes raisons, c'est parce qu'il n'y avait pas de loges à la Cartoucherie que les acteurs se maquillaient en public. Nous avons gardé l'idée. Mais je crois que notre public est d'abord celui du Théâtre du Soleil. »

— Ariane Mnouchkine[6]

« Mes engagements ont toujours été idéalistes. »
« Le théâtre est fait pour raconter des histoires vraies. Même imaginaires mais vraies. »
« Quand un spectacle raconte une histoire vraie et importante ce n'est pas seulement un témoignage c’est aussi une participation à l’Histoire. »

— Ariane Mnouchkine

Notes et références

Notes

  1. Ce qui fait s'interroger Fabienne Pascaud en ces termes dans Télérama : « Vers une nouvelle responsabilité du spectateur-téléspectateur ? »[2],[3].
  2. Jean-Claude Penchenat est le fondateur et directeur du Théâtre du Campagnol de 1975 à 2002.
  3. François Joxe est le fondateur et directeur du Chantier-Théâtre et du Festival de Gavarnie (de 1972 à 2016).
  4. Christophe Rauck est successivement le fondateur de la compagnie Terrain Vague (en 1995), le directeur du théâtre du Peuple de Bussang (de 2003 à 2006), du théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis (de 2008 à 2013) puis du théâtre du Nord (Centre dramatique national), succédant à l'Américain Stuart Seide le .

Références

  1. Lise Gauvin, « Entretien avec Ariane Mnouchkine : l’itinéraire d’une troupe », Études françaises, vol. 15, nos 1-2,‎ , p. 175 (ISSN 0014-2085 et 1492-1405, DOI 10.7202/036687ar, lire en ligne, consulté le )
  2. Fabienne Pascaud, « Le courage du pire », Télérama, no 3201,‎
  3. « Présentation du film et appel », sur www.theatre-du-soleil.fr (consulté le )
  4. « Jean-Jacques Lemêtre : la musique du ver à soie », entretien réalisé par Jean-Claude Lallias, in Jean-François Dusigne, Le Théâtre du Soleil : des traditions orientales à la modernité occidentale, CNDP, 2003, p. 53-56.
  5. Les Éphémères, le film sur le site Arte.tv
  6. In Lieux du possible de François Campana et Anne Quentin, édité par le Thécif et La scène, 2001.

Liens externes