Tourbillon de Burgers
En dynamique des fluides, le tourbillon de Burgers ou toubillon de Burgers–Rott est une solution exacte des équations de Navier-Stokes dans un écoulement incompressible. Il est ainsi nommé d'après Johannes Martinus Burgers[1] et Nicholas Rott[2]. Il décrit un écoulement stationnaire auto-similaire en point d'arrêt en symétrie cylindrique où l'écoulement radial tend à concentrer le toubillon dans une colonne étroite autour de l'axe de symétrie tandis qu'un étirement axial provoque l'augmentation du diamètre. En même temps la dissipation visqueuse tend à étendre le tourbillon. Le tourbillon de Burgers stationnaire apparaît lorsque les trois effets sont en équilibre.
Le tourbillon de Burgers, en plus de servir d'illustration du mécanisme d'étirement tourbillonnaire peut décrire des écoulements tels que des tornades, où la vorticité est alimentée par la convection.
Champ d'écoulement
L'écoulement est décrit dans des coordonnées cylindriques . En supposant une symétrie axiale (pas de dépendance à ), le champ d'écoulement associé à l'écoulement axisymétrique de point d'arrêt s'écrit :
où le taux de déformation et la circulation de la vitesse sont donnés (paramètres du problème). L'écoulement satisfait l'équation de continuité par les deux premières équations ci-dessus. L'équation de conservation de quantité de mouvement azimutale se réduit alors à[3] :
où est la viscosité cinématique du fluide. L'équation est intégrée avec la condition de sorte qu'à l'infini la solution se comporte comme un écoulement potentiel. Le choix garantit sur l'axe. La solution est :
L'équation de vorticité ne donne qu'une composante non triviale dans la direction , donnée par :
Intuitivement, l'écoulement peut être compris en regardant les trois termes de l'équation de vorticité pour :
Le premier terme du côté droit de l'équation ci-dessus correspond à l'étirement du tourbillon qui intensifie la vorticité du noyau du tourbillon en raison de la composante de vitesse axiale . Cette vorticité tente de se diffuser radialement vers l'extérieur en raison du deuxième terme du côté droit, mais est empêchée par la convection de vorticité radiale due à présent du côté gauche de l'équation ci-dessus. L'équilibre des trois mécanismes conduit à une solution stable[4].
L'une des propriétés importantes du tourbillon de Burgers est que le taux de dissipation visqueuse total par unité de longueur axiale est indépendant de la viscosité, indiquant que la dissipation est non nulle même dans la limite . Pour cette raison, il sert de candidat approprié pour la modélisation et la compréhension des tubes tourbillonnaires étirés observés dans les écoulements turbulents. Le taux de dissipation total par unité de longueur axiale est égal à l'enstrophie totale par unité de longueur, qui est donnée par[5] :
Évolution instationnaire vers le tourbillon de Burgers
Une solution exacte des équations de Navier-Stokes dépendantes du temps pour une fonction arbitraire peut être obtenue. En particulier, lorsque est constant, le champ de vorticité avec une distribution initiale arbitraire est donné par[6] :
Lorsque , le comportement asymptotique est donné par :
Ainsi, à condition que , une distribution de vorticité arbitraire tend vers le tourbillon de Burgers[7]. Si , par exemple dans le cas où la condition initiale est composée de deux tourbillons égaux et opposés, alors le premier terme est nul et le second terme implique que la vorticité décroît jusqu'à zéro lorsque .
Couche tourbillonnaire de Burgers
La couche tourbillonnaire ou nappe de tourbillon de Burgers est une couche de cisaillement contrainte qui est un analogue bidimensionnel plan du tourbillon de Burgers. C'est également une solution exacte des équations de Navier–Stokes, décrites pour la première fois par Albert Townsend en 1951[8]. Le champ de vitesse exprimé dans les coordonnées cartésiennes est :
où est le taux de déformation, et . La valeur est interprétée comme la force de la nappe tourbillonnaire. L'équation de vorticité ne donne qu'une composante non triviale dans la direction :
K. N. Beronov et S. Kida ont montré que la nappe tourbillonnaire de Burgers est instable[9] subissant ainsi d'abord une instabilité de Kelvin-Helmholtz suivie d'autres instabilités[10],[11] et peut être en transition vers des tourbillon de Kerr–Dold à des nombres de Reynolds modérément élevés, mais devenant pleinement turbulente pour des nombres de Reynolds élevés.
Tourbillons de Burgers non axisymétriques
Les tourbillons de Burgers non axisymétriques apparaissent dans les écoulements contraints non axisymétriques. Leur existence pour les petits nombres de Reynolds a été établie par A. C. Robinson et Philip Saffman en 1984[4] tandis que Keith Moffatt, S. Kida et K. Ohkitani ont développé la théorie pour en 1994[12]. La structure des tourbillons de Burgers non axisymétriques pour des valeurs arbitraires du nombre de Reynolds tourbillonnaire peut être discutée par le biais d'intégrations numériques[13]. Le champ de vitesse prend la forme :
avec . Sans perte de généralité, on suppose et . La section transversale du tourbillon se situe dans le plan , ce qui donne une composante de vorticité non nulle dans la direction :
Le tourbillon de Burgers axisymétrique est récupéré lorsque tandis que la couche de tourbillon de Burgers est récupérée lorsque et .
Tourbillon de Burgers avec source centrale
La solution explicite en géométrie cylindrique avec source sur l'axe z de rayon a été résolue par Prabakaran Rajamanickam et Adam D. Weiss[14]. La solution est exprimée dans le système de coordonnées cylindriques s'écrit :
où est le taux de déformation, est la circulation de la vitesse et est la fonction gamma incomplète. Cette solution n'est autre que le tourbillon de Burgers en présence d'un source linéaire avec une intensité de source . L'équation de vorticité ne donne qu'une composante non triviale dans la direction , donnée par :
où dans l'expression ci-dessus est la fonction gamma. Lorsque , la solution se réduit à la solution du toubillon de Burgers et lorsque la solution devient la solution de la couche tourbillonnaire de Burgers.
Références
- ↑ (en) J. M. Burgers, « A mathematical model illustrating the theory of turbulence », Advances in Applied Mechanics, vol. 1, , p. 171–199 (DOI 10.1016/S0065-2156(08)70100-5)
- ↑ (en) N. Rott, « On the viscous core of a line vortex », Zeitschrift für angewandte Mathematik und Physik, vol. 9, nos 5–6, , p. 543–553 (DOI 10.1007/BF02424773)
- ↑ (en) P. G. Drazin et N. Riley, The Navier–Stokes equations: a classification of flows and exact solutions, Cambridge University Press, (lire en ligne)
- (en) A. C. Robinson et P. G. Saffman, « Stability and structure of stretched vortices », Studies in Applied Mathematics, vol. 70, no 2, , p. 163–181 (DOI 10.1002/sapm1984702163)
- ↑ (en) H. K. Moffatt, « A brief introduction to vortex dynamics and turbulence », Environmental hazards: the fluid dynamics and geophysics of extreme events, , pp. 1-27
- ↑ (en) T. Kambe, « Axisymmetric vortex solution of Navier–Stokes equation », Journal of the Physical Society of Japan, vol. 53, no 1, , p. 13–15 (DOI 10.1143/JPSJ.53.13, lire en ligne)
- ↑ (en) G. K. Batchelor, An Introduction to Fluid Dynamics, Cambridge University Press, (ISBN 978-0521663960, lire en ligne), p. 272
- ↑ (en) A. A. Townsend, « On the fine-scale structure of turbulence », Proceedings of the Royal Society of London. Series A. Mathematical and Physical Sciences, vol. 208, no 1095, , p. 534–542 (DOI 10.1098/rspa.1951.0179, lire en ligne)
- ↑ (en) K. N. Beronov et S. Kida, « Linear two-dimensional stability of a Burgers vortex layer », Physics of Fluids, vol. 8, no 4, , p. 1024–1035
- ↑ (en) J. C. Neu, « The dynamics of stretched vortices », Journal of Fluid Mechanics, vol. 143, , p. 253–276 (DOI doi.org/10.1017/S0022112084001348)
- ↑ (en) S. C. Lin et G. M. Corcos, « The mixing layer: deterministic models of a turbulent flow. Part 3. The effect of plane strain on the dynamics of streamwise vortices », Journal of Fluid Mechanics, vol. 141, , p. 139–178 (DOI 10.1017/S0022112084000781)
- ↑ (en) H. K. Moffatt, S. Kida et K. Ohkitani, « Stretched vortices–the sinews of turbulence; large-Reynolds-number asymptotics », Journal of Fluid Mechanics, vol. 259, , p. 241–264 (lire en ligne)
- ↑ (en) A. Prochazka et D. I. Pullin, « Structure and stability of non-symmetric Burgers vortices », Journal of Fluid Mechanics, vol. 363, , p. 199–228 (DOI 10.1017/S0022112098008866, lire en ligne)
- ↑ (en) P. Rajamanickam et A. D. Weiss, « Steady axisymmetric vortices in radial stagnation flows », The Quarterly Journal of Mechanics and Applied Mathematics, vol. 74, no 3, , p. 367–378 (lire en ligne)
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Burgers vortex » (voir la liste des auteurs).