Naples

Naples
Napoli
De haut en bas, de gauche à droite : vue générale de la ville avec le Vésuve en arrière-plan, piazza del Plebiscito, palais royal, musée de Capodimonte, Castel Nuovo, station de métro Toledo, Centro direzionale.
Blason de Naples
Armoiries
Drapeau de Naples
Drapeau
Administration
Pays Drapeau de l'Italie Italie
Région Drapeau de la région de Campanie Campanie 
Ville métropolitaine Naples 
Maire
Mandat
Rodolfo Scarpa[1] (indépendant de centre-gauche)
2021-2026
Code postal 80100
Code ISTAT 063049
Code cadastral F839
Préfixe tel. 081
Démographie
Gentilé Napolitain
Population 913 462 hab. ([2])
Densité 7 675 hab./km2
Population de l'agglomération 4 434 136 hab.
Géographie
Coordonnées 40° 50′ 00″ nord, 14° 15′ 00″ est
Altitude Min. 0 m
Max. 453 m
Superficie 11 902 ha = 119,02 km2
Divers
Saint patron Saint Janvier
Fête patronale 19 septembre
Localisation
Localisation de Naples
Localisation dans la ville métropolitaine de Naples.
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Naples
Liens
Site web napoli.it

Naples (en italien : Napoli /ˈnapoli/[3] ; en napolitain : Napule /ˈnɑːpələ/) est le chef-lieu de la région de Campanie et la troisième ville d'Italie par sa population[4], derrière Rome et Milan, avec 913 462 habitants en 2023[5]. Sa ville métropolitaine est la troisième province la plus peuplée d'Italie avec 3 115 320 habitants[6], et sa banlieue s'étend au-delà de ses limites administratives sur près de 30 km. La ville joue également un rôle clef dans la diplomatie internationale puisqu'elle abrite le siège d'un commandement interalliés et interarmées de l'OTAN[7],[8] ainsi que l'Assemblée parlementaire de la Méditerranée (PAM)[9].

L'histoire de Naples s'étend sur plus de vingt-huit siècles, ce qui en fait l'une des plus anciennes villes continuellement habitées au monde. Sous le nom de Parthénope (en grec ancien : Παρθενόπη), elle fut fondée au VIIIe siècle av. J.-C. sur la colline de Pizzofalcone par des Grecs de la cité voisine de Cumes[10]. Deux siècles plus tard, elle est refondée sous le nom de Neápolis et s'étend rapidement jusqu'à devenir l'un des principaux centres commerciaux, culturels, philosophiques et politiques de la Grande-Grèce également très respecté des Romains, sous lesquels elle demeure un grand centre culturel et joue un rôle essentiel dans le développement conjoint de la civilisation gréco-romaine[11].

Après avoir été brièvement dépendante de l'Empire byzantin, elle devient autonome au sein du duché de Naples (661–1139). Dès le XIIIe siècle et pour ensuite plus de six cent ans, elle devient successivement la capitale du royaume de Naples (1282–1816) puis du royaume des Deux-Siciles. Elle reste alors un des principaux centres de développement économiques et technologiques d'Europe jusqu'à son annexion au royaume d'Italie en 1860, date à laquelle elle entame un relatif déclin socio-économique. De 1925 à 1936, son centre historique est en grande partie réhabilité sous le régime fasciste avant de subir d'intenses bombardements dans les derniers mois de la Seconde Guerre mondiale au cours de l'invasion alliée de la péninsule italienne[12].

Depuis la seconde moitié du XXe siècle, elle renoue avec une croissance économique soutenue dont les symboles sont la construction du Centro direzionale de Naples (quartier d'affaires), l'amélioration de son réseau de transports en commun (métro de Naples) et son raccordement au réseau ferroviaire à grande vitesse, Treno Alta Velocità, qui la relie notamment à Rome et à Salerne. Elle dispose du troisième PIB urbain d'Italie derrière Milan et Rome. Enfin, le port de Naples est l'un des plus importants de l'Europe méditerranéenne[13].

Au cours des siècles, Naples a aussi été l'un des grands centres universitaires internationaux. L'université de Naples « Frédéric-II » est la plus ancienne université laïque du monde et la sixième plus ancienne en général. Elle compte également l'université de Naples « L'Orientale », un des plus anciens instituts de langues orientales[14], ainsi que l'École militaire Nunziatella, l'une des plus anciennes du monde et non moins des plus renommées. Elle est aussi traditionnellement un haut-lieu de la musique (avec l'École napolitaine de musique[15], à l'origine de l'Opéra bouffe, ou la chanson napolitaine), de l'art et de l'architecture (le baroque napolitain[16], qui brille de tous ses éclats à travers l'œuvre du Caravage au XVIIe siècle, l'École du Pausilippe, le Liberty napolitain, le Théâtre napolitain et la Manufacture de Capodimonte), de l'humanisme[17] et des Lumières, ou encore la cuisine napolitaine (avec les pâtes et surtout la pizza napolitaine comme icône, Naples étant la ville italienne la plus étoilée au Guide Michelin[18]). En 2024, le site TasteAtlas la classe à la deuxième place mondiale des villes possédant la meilleure gastronomie[19]. Son club sportif le plus célèbre, la SSC Napoli, triple championne d'Italie (dernier sacre en 2023), évolue en Serie A et dispute ses matchs à domicile au stade Diego-Armando-Maradona, dans le quartier le quartier de Fuorigrotta à l'ouest du centre-ville.

La ville est aussi célèbre pour son patrimoine et ses monuments. Le centre historique de Naples (avec ses fontaines, vestiges antiques, palais et plus de mille églises) est ainsi le deuxième plus grand centre-ville inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO après Bordeaux tandis que le parc national du Vésuve et le Miglio d'oro ont été reconnus réserve mondiale de biosphère. De plus, Naples est connue pour son cadre naturel somptueux articulé autour du golfe de Naples (Pausilippe, Champs Phlégréens, Nisida, Vésuve, etc.).

Enfin, elle abrite la Villa Rosebery (l'une des trois résidences officielles du président de la République italienne), ainsi qu'un vaste patrimoine archéologique avec notamment la Naples souterraine ou, à proximité, les ruines romaines de Pompéi et d'Herculanum[20].

Géographie

Localisation

Représentation de la baie de Naples depuis la colline du Pausilippe, source d'inspiration fréquente chez les Romantiques.

Naples se trouve sur la baie homonyme, sur la côte occidentale du sud de l'Italie ; son centre historique s'élève à 17 m d'altitude et son point culminant à 450 m. Les fleuves côtiers qui traversaient autrefois la ville ont été entièrement recouverts par l'urbanisation. L'agglomération s'étend à mi-chemin entre deux systèmes volcaniques, le Vésuve et les Champs Phlégréens (Campi Flegrei), considérés comme un supervolcan[21]. La ville est le point de départ de nombreux ferries pour les îles voisines de Procida, Capri et Ischia (îles Phlégréennes). En longeant la côte vers le sud-est, en direction de Sorrente et de la Côte amalfitaine, on atteint les ruines romaines de Pompéi, Herculanum, Oplontis et Stabies, comme figées dans le temps par les dépôts de cendres engendrés par l'éruption du Vésuve en 79. Sur la côte en direction de l'ouest se trouvent les villes balnéaires de Pouzzoles et de Baïes, qui faisaient partie du complexe portuaire de Portus Julius au temps des Romains. Le territoire de Naples est composé de nombreuses collines (Vomero - 250 m, Capodimonte - 150 m, Pausilippe - 78 m, Camaldoli, la plus haute, atteignant 452 m) surplombant de près la mer Tyrrhénienne.

Risques naturels

Vue aérienne de Naples.

À mi-chemin entre deux volcans (Vésuve à l'est et champs Phlégréens à l'ouest), Naples est soumise au risque volcanique. Les 4 millions d'habitants de l'agglomération seraient en danger en cas d'éruption explosive du Vésuve accompagnée de nuées ardentes et de coulées de lave pyroclastique (du même type qu'à Pompéi). En 1984, 40 000 personnes ont dû être évacuées à la suite d'une alerte sur les champs Phlégréens. Afin d'anticiper les risques d'une éruption volcanique, des plans d'évacuation de la ville sont à l'étude, tandis que le volcan et sa chambre magmatique sont soumis à une surveillance scientifique permanente et minutieuse. En cas d'alerte d'éruption imminente, l'immense population de l'agglomération napolitaine aurait au minimum besoin de 4 à 5 jours pour évacuer Naples et ses environs à plus de 30 km du Vésuve.

Naples est aussi soumise au risque sismique, comme en témoignent les destructions causées par le séisme de 1930 et le séisme de 1980 dont les épicentres se situaient dans l'Irpinia.

Climat

Naples bénéficie d'un climat méditerranéen (Csa selon la classification de Köppen)[22] avec des étés chauds et secs et des hivers doux et pluvieux, mais toujours rafraîchis par la brise marine[23]. La douceur et la fertilité du climat local ont fait du golfe de Naples une destination de villégiature prisée dès l'Antiquité, fréquentée notamment par les empereurs romains Claude et Tibère[24]. Le reste de l'année est marqué par des épisodes pluvieux généralement courts mais qui peuvent occasionnellement être violents, comme le 15 septembre 2001 (plus de 80 mm) et le 21 juin 2009 (7 cm en 40 minutes). Le mois le plus pluvieux est novembre, le plus sec est juillet. Le soleil brille en moyenne 250 jours par an[25]. La conformation morphologique particulière du territoire de la ville est cependant de nature à garantir que la ville dispose de différents microclimats, avec la possibilité de rencontrer des variations climatiques même importantes en se déplaçant de quelques kilomètres. À titre d'exemple, la neige est un phénomène rare dans la ville proprement dite mais beaucoup plus fréquent sur les pentes du Vésuve.

Tableau climatologique de NAPOLI / CAPODICHINO (période 1991-2020).
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) 5,3 5,6 7,6 10,3 14,2 18,3 20,7 21,1 17,6 13,9 10 6,6 12,6
Température moyenne (°C) 8,8 9,4 11,5 14,3 18,4 22,2 23,7 24,7 21,4 18 13,4 9,8 17,1
Température maximale moyenne (°C) 13,4 14 16,5 19,3 23,7 28 30,7 31,3 27,1 23,1 18,3 14,5 21,6
Ensoleillement (h) 116,2 143,7 170,9 186,6 220,8 270,2 299 304,2 218,1 194 125,3 106,9 2 355,9
Précipitations (mm) 126,6 64,2 80,8 73,6 44,4 29,2 26,3 20,7 77,7 84,8 146,3 99,1 873,8
Source : [26]
Diagramme climatique
JFMAMJJASOND
 
 
 
13,4
5,3
126,6
 
 
 
14
5,6
64,2
 
 
 
16,5
7,6
80,8
 
 
 
19,3
10,3
73,6
 
 
 
23,7
14,2
44,4
 
 
 
28
18,3
29,2
 
 
 
30,7
20,7
26,3
 
 
 
31,3
21,1
20,7
 
 
 
27,1
17,6
77,7
 
 
 
23,1
13,9
84,8
 
 
 
18,3
10
146,3
 
 
 
14,5
6,6
99,1
Moyennes : • Temp. maxi et mini °C • Précipitation mm

Morphologie urbaine

Le palazzo Donn'Anna surplombant la mer au Posillipo.

L'arrière-pays se compose d'une multitude de villes et faubourgs plus ou moins organisés autour des grands axes routiers et ferroviaires, qui sont parmi les plus denses du pays. Sur la plaine de Caserte se concentrent les principales industries et activités économiques de la région. De nombreuses cités y ont vu le jour, où se concentre une certaine misère sociale.

À l'ouest de la ville se développent les beaux quartiers de Posillipo bordant la mer avec le fameux quai Francesco-Caracciolo, le Borgo Santa Lucia et le Castel dell'Ovo offrant une vue panoramique sur toute la baie. À l'est de la ville s'est développé le nouveau quartier d'affaires de Naples, le Centro direzionale, situé entre la gare centrale et le périphérique nord.

Voies de communication et transports

Selon une enquête, les Napolitains passent en moyenne 77 minutes par jour dans les transports en commun. 19 % des usagers des transports urbains voyagent plus de 2 heures par jour. Le temps moyen d'attente à un arrêt ou une station est de 27 minutes, tandis que 56 % des usagers attendent généralement plus de 20 minutes chaque jour. La distance moyenne que les gens parcourent habituellement en un seul trajet de transports en commun est de 7,1 km, et seuls 11 % d'entre eux dépassent 12 km[27].

Infrastructures routières

Naples est un des nœuds routiers les plus importants d'Italie. L'autoroute A1, véritable colonne vertébrale du pays, relie Naples à Milan et est prolongée vers le sud par l'A3 entre Naples et Salerne qui bifurque avec l'autoroute de la Méditerranée jusqu'à la pointe sud de l'Italie et l'A16 en direction de Canosa à l'est[28]. Cette dernière est surnommée « autostrada dei Due Mari » (autoroute des Deux Mers) car elle sert de liaison entre les côtes tyrrhénienne et adriatique[29].

La ville est ceinturée par plusieurs rocades, mais qui ne permettent pas de décongestionner le trafic du centre. La circulation en ville en dehors des grandes artères est difficile et mal organisée. La ville étant notoirement connue pour ses rues étroites (la municipalité de Naples fut la première ville au monde à mettre en œuvre des rues piétonnes à sens unique[30]), les automobilistes traversant le centre-ville sont incités à utiliser des véhicules de dimensions restreintes à hayon voire des scooters[31].

Transports urbains

Escalator de la station Toledo du métro de Naples, souvent citée comme l'une des plus belles stations de métro au monde[32].

Les services de transports en commun de l'agglomération napolitaine sont assurés par Trenitalia, Circumvesuviana, Ferrovia Cumana et Metronapoli.

Le vaste de transports publics napolitain comprend des tramways, des bus et des trolleybus, dont la plupart sont exploités par la société municipale Azienda Napoletana Mobilità (ANM)[33]. Certains services de banlieue sont exploités par AIR Campania.

Métro

Le métro de Naples (en italien : metropolitana di Napoli), inauguré en 1993, comprend en 2024 trois lignes, 30 stations et couvre 30 km, mais est appelé à se développer de manière importante au cours des prochaines années. De nombreuses stations de métro sont réputées pour leur architecture décorative et leur qualité esthétique. De fait, la station de la Via Toledo figure souvent aux premières places des classements des plus belles stations de métro du monde.

Tramway

Le tramway de Naples, très ancien puisque remontant à 1875, comprend un réseau de trois lignes, pour un total de 11,8 km de voies. Il relie le port, la gare centrale et la banlieue est.

Funiculaires

Le Transport hectométrique de Naples est un système automatisé de transport en commun (exploité par ANM) se composant de trois ascenseurs en libre accès, quelques escaliers roulants extérieurs et de quatre funiculaires reliant la colline de Vomero au centre[34],[35],[36] :

Desserte ferroviaire

La gare de Napoli-Centrale derrière les toits du centre historique.

La principale gare du réseau ferroviaire de la ville est Napoli-Centrale, sur la piazza Garibaldi ; les autres gares importantes sont Napoli-Campi Flegrei[37], Napoli-Mergellina et surtout Napoli-Afragola, qui est desservie par les trains à grande vitesse ne s'encombrant pas de traverser la ville jusqu'à Napoli-Centrale.

Le TGV italien (TAV), inauguré en 2007, a relié Naples à Salerne puis à Rome et Milan, mettant cette dernière à h 30 de voyage seulement et la capitale à moins d'une heure[38]. Des liaisons directes de « trains-bateaux » relient Naples aux différentes villes siciliennes chaque soir.

Desserte aérienne

Aéroport international de Naples-Capodichino.

L'aéroport de Naples-Capodichino est situé à 6 km au nord du centre-ville, dans le quartier de San Pietro a Patierno. Il est classé cinquième aéroport italien et premier du sud du pays avec 10,8 millions de passagers en 2019.

Transport maritime

Le port de Naples, situé au centre de la Méditerranée et actif depuis l'Antiquité, exerce des fonctions commerciales et de connexion, plus importantes pour le transit de passagers que de marchandises. Possédant 12 km de quais, il est le point de départ de nombreux ferries et de bateaux de croisières à destination des îles environnantes (Capri, Ischia) et des ports régionaux de Sorrente, Salerne, Positano et Amalfi[39], mais également plus loin vers la Sicile, la Sardaigne, Ponza et les îles Éoliennes. Le trafic de marchandises est relativement faible en comparaison avec les autres ports d'Italie, mais reste actif et stratégique pour le sud du pays.

Avec 6 562 325 passagers en 2016[40] et 1 306 151 passagers en croisière[41], il s'agit de l'un des ports les plus importants tant au niveau européen que méditerranéen. La ville est également desservie par le port de Pouzzoles et le port de Mergellina (avec connexion et fonctions touristiques). D'autres petits ports, tels que celui de Nisida, celui de Posillipo, celui de Molosiglio et le petit port de Santa Lucia ont des fonctions exclusivement touristiques.

Un service régional de transport par hydroptère, la « Metropolitana del Mare », fonctionne chaque année de juillet à septembre, géré par un consortium d'armateurs et d'administrations locales[42].

Toponymie

L'étymologie du toponyme « Napoli » est une dérivation du nom grec Neápolis (Νεάπολις) qui signifie « ville nouvelle ». La racine du nom Neápolis fait référence à l'arrivée de nouveaux colons, donc à l'établissement d'une époïkie (colonie), ce qui était courant pendant l'ère archaïque de la Grèce antique.

Histoire

Antiquité gréco-romaine

Illustration représentant la sirène Parthénope, qui a prêté son nom à Naples à ses toutes premières heures.
Le mont Echia, sur lequel s'est étalée la cité de Parthénope.
Carte de la ville préromaine de Neápolis.

Le site de Naples est habité depuis la période néolithique. Au deuxième millénaire av. J.-C., un premier établissement mycénien s'est formé non loin de l'emplacement de la future cité grecque[43].

Au IXe siècle av. J.-C., des marins grecs de l'île de Rhodes fondent un petit comptoir commercial nommé Parthénope (Παρθενόπη, signifiant « yeux purs », en référence à la sirène de la mythologie grecque) sur l'île de Mégaride. La colonie s'étend au siècle suivant grâce à l'aide des Cuméens comme l'attestent les indices archéologiques retrouvés jusqu'au mont Echia.

Refondée par de nouveaux colons sous le nom de Neápolis (Νεάπολις, ville nouvelle, par opposition à la Palaiópolis, vieille ville, qui correspond aux quartiers préexistants) au VIe siècle av. J.-C.[44], elle devient l'une des principales cités de la Grande-Grèce[45]. Sous influence de la puissante cité de Syracuse[46], la ville s'agrandit rapidement et conclut une alliance avec la République romaine contre Carthage au IVe siècle av. J.-C. Pendant les guerres samnites, Neápolis est conquise par les Samnites[47] avant d'être libérée par Rome, qui finit toutefois par la transformer en colonie latine[48]. Tout au long des guerres puniques, la solide muraille protégeant la ville a repoussé les armées d'Hannibal à de multiples reprises[49], ce qui lui a valu d'être élevée au rang de capitale de la Campanie à la place de Capoue (qui, au contraire, s'était alliée au général carthaginois).

Les colonnes de l'ancien temple des Dioscures, réemployées sur la façade de la basilique San Paolo Maggiore.

Neápolis inspire beaucoup de respect aux Romains qui la considèrent comme un modèle de cité hellénistique. Ainsi, sous l'Empire, la cité conserve longtemps sa langue et sa culture grecques tout en adoptant les infrastructures romaines, notamment des aqueducs, d'élégantes villas et des thermes. Les empereurs y font édifier d'imposants édifices publics tels que le temple des Dioscures et certains d'entre eux y élisent même temporairement résidence afin de s'éloigner des tumultes de la capitale à la manière de Claude et de Tibère. Virgile, auteur de l'épopée nationale de Rome, l'Énéide, reçoit une partie de son éducation dans la cité empreinte d'hellénisme et y séjournera de nombreuses fois à l'âge adulte.

Dès les premières années de l'ère chrétienne, le christianisme fait son apparition lors de la prédication supposée des apôtres Pierre et Paul. Janvier, devenu le saint patron de la ville, y est martyrisé au IVe siècle apr. J.-C. Le tout dernier empereur romain d'Occident, Romulus Augustule, est incarcéré au Castel dell'Ovo par le roi germanique Odoacre au Ve siècle.

Moyen Âge

Haut Moyen Âge

La bataille du Vésuve vers la fin de la guerre des Goths (552-553), peinture d'Alexander Zick.

À la chute de l'Empire romain d'Occident, Naples est conquise par le peuple germain des Ostrogoths, qui l'incorporent à leur royaume avant d'être reprise par Bélisaire, général byzantin, qui parvient à pénétrer dans les murs de la ville par un aqueduc en 536. À peine sept ans plus tard, toujours en pleine guerre des Goths, Totila refait brièvement passer la ville aux mains des Ostrogoths jusqu'à la désastreuse bataille du Vésuve, qui permet aux Byzantins de récupérer Naples au prix d'un lourd bilan humain. Elle est par la suite rattachée à l'exarchat de Ravenne, circonscription impériale dont l'autorité s'étend en théorie sur l'entièreté de la péninsule italienne.

Après la chute de la capitale de l'exarchat, un duché de Naples est créé et gagne progressivement en autonomie, finissant par devenir pleinement indépendant au IXe siècle. Bien que la culture grecque perdure jusqu'à cette époque, le duc Étienne II de Naples soustrait la ville à l'influence de Constantinople en la faisant passer sous la suzeraineté spirituelle du pape en 763. Les relations entre le duché et l'Empire byzantin sont particulièrement houleuses dans les années 820 alors qu'une plus grande autonomie voire l'indépendance du duché deviennent un sujet majeur lorsque plusieurs prétendants rivaux se disputent le titre ducal. Théoctiste est nommé duc sans l'approbation impériale et est évincé au profit de Théodore II, ce qui provoque le mécontentement de la population qui le chasse à son tour pour élire à sa place Étienne III, un duc particulièrement hostile à l'autorité impériale et qui fait frapper les pièces de monnaie avec ses propres initiales plutôt que celles de l'empereur. Sans guerre ni rébellion ouverte, Naples gagne de facto son indépendance.

Le duché de Naples fraîchement indépendant devient une cible de choix pour les Lombards du duché de Bénévent qui assiègent la ville. Naples s'allie alors aux Sarrasins (avec lesquels elle entretient de fructueux rapports commerciaux) en 836 qui aident la ville à repousser temporairement la menace lombarde. Toutefois, cela n'empêcha pas au général musulman Muhammad ibn al-Aghlab de piller le port de Misène dans les années 850 pour des raisons de khoms (butin islamique), sans réelle intention de conquête des territoires campaniens. La ville tombe brièvement sous le contrôle direct des Lombards après la capture par Pandolf IV de la principauté de Capoue, rivale de longue date de Naples ; cependant, sa volonté d'indépendance ne s'est jamais éteinte et, après seulement trois ans de domination lombarde, elle profite d'un affaiblissement de ces derniers pour rétablir son duché comme elle l'avait fait avec les Byzantins près de deux siècles plus tôt.

Moyen Âge central

Statue de Frédéric II au palais royal de Naples.

En 1030, pour faire face à ses ennemis Byzantins et aux Lombards de Capoue, le duc Serge IV de Naples accueille des mercenaires normands dirigés par Rainulf Drengot dans la cité vassale d'Aversa. Les Normands, engagés par les différents acteurs rivaux de la région, ne cesseront plus d'accroître leurs possessions en Italie du Sud et, en 1139, Roger II, proclamé roi de Sicile par l'antipape Anaclet II, incorpore la ville au royaume de Sicile alors qu'il l'encerclait déjà depuis deux ans après s'être emparé des duchés et principautés de Capoue, Bénévent, Salerne, Amalfi, Sorrente et Gaète[50]. Si Palerme est privilégiée comme capitale du royaume, Naples demeure une cité de prestige et prospère grâce au commerce méditerranéen[51],[52].

Après 150 ans de domination normande, le royaume de Sicile entre en crise successorale opposant Tancrède, qui s'empare du trône malgré sa naissance illégitime, à la dynastie souabe des Hohenstaufen[53], dont le prince Henri avait épousé Constance, dernière héritière légitime du trône de Sicile. En 1191, Henri VI, qui vient d'être sacré empereur du Saint-Empire romain germanique, se lance à la conquête du royaume et de nombreuses villes sont contraintes de rendre les armes dans son sillon. Pour autant, Naples lui résiste des mois de mai à août sous la direction du comte Richard d'Acerra, Nicolas d'Aiello et Margaritus de Brindisi jusqu'à ce que l'armée germanique, victime d'une épidémie, ne batte en retraite. Conrad II, duc de Bohême, et Philippe Ier, archevêque de Cologne, sont au nombre des victimes de l'effroyable siège de Naples. Pire encore pour les assaillants, Tancrède capture l'impératrice Constance lors d'une contre-attaque et la fait incarcérer au Castel dell'Ovo de Naples avant de la libérer le 11 mai 1192 sous la pression du pape Célestin II. Deux ans plus tard, après la mort de Tancrède, l'empereur Henri VI lance une seconde offensive mais cette fois la ville capitule sans résistance et le royaume de Sicile passe sous la coupe des Hohenstaufen.

Le Castel Nuovo, surnommé Maschio Angioino, construit de 1279 à 1284 sur ordre du roi Charles Ier de Sicile.

L'université de Naples, première école d'Europe dédiée à la formation des administrateurs laïcs, est fondée par Frédéric II qui fait de la ville le centre intellectuel du royaume. Les conflits incessants entre les Hohenstaufen et la papauté vont conduire le pape Innocent IV à couronner le duc angevin Charles Ier roi de Sicile en 1266[54] ; ce dernier transfère aussitôt la capitale de Palerme à Naples, où il réside au Castel Nuovo[55]. Soucieux de l'apparence de sa ville, Charles Ier est personnellement impliqué dans de nombreux projets de construction à Naples où il fait venir des architectes et des artisans français en grand nombre et dont l'influence est perceptible via l'introduction de l'architecture gothique dans la région, dont la nouvelle cathédrale de Naples qui reste à ce jour la principale église de la ville. Le monarque angevin démontre de ce fait une qualité qui est aussi une faiblesse puisqu'à trop vouloir embellir sa capitale, il néglige le reste de son royaume et s'attire durablement l'hostilité des nobles locaux.

Bas Moyen Âge

Après les Vêpres siciliennes de 1282, le royaume est divisé entre le royaume angevin de Naples (dénommé conventionnellement ainsi pour éviter toute confusion mais continue de porter le nom de « royaume de Sicile »), qui comprend la moitié sud de la péninsule italienne, et le royaume de Sicile, qui passe à la couronne d'Aragon mais ne comprend que la Sicile proprement dite. Les conflits dynastiques entre Angevins et Aragonais ne prennent fin qu'en 1302 à la signature de la paix de Caltabellotta, qui voit le pape Boniface VIII reconnaître Frédéric II de Sicile et Charles II d'Anjou comme rois de leurs domaines respectifs. Malgré la scission du royaume, Naples s'agrandit et gagne en importance, attirant à l'époque des marchands pisans et génois, des banquiers toscans et certains des artistes et intellectuels les plus éminents de la pré-Renaissance italienne tels que Boccace, Pétrarque et Giotto[56]. Au cours du XIVe siècle, le roi angevin Louis Ier de Hongrie conquiert la ville à plusieurs reprises mais finit toujours par en être chassé.

Période moderne, Naples aragonaise et espagnole

En 1442, Alphonse V d'Aragon, désigné successeur de la reine Jeanne Ire de Naples qui n'avait pas d'héritier direct, prit possession de la ville l'année suivante aux dépens de René d'Anjou. Cette conquête fut très importante du point de vue économique et militaire. Avec les Aragonais, Naples connut un très grand renouveau culturel et surtout commercial grâce à l'établissement de liens maritimes forts avec la péninsule Ibérique. Alphonse d'Aragon continua d'attirer les humanistes à sa cour et l'art de la Renaissance fit irruption à Naples. C'est également à Naples, sous la domination aragonaise, que naît l'équitation classique. Sous Ferdinand Ier, les couronnes de Naples et de Sicile, provisoirement réunies sous le règne de son prédécesseur, sont de nouveau séparées mais restent toutes deux des dépendances aragonaises. Brièvement envahie par les Français de Charles VIII en , puis victime d'une alliance franco-espagnole sous Louis XII au début du XVIe siècle, le roi Frédéric est fait prisonnier en France mais c'est à l'Espagne que Naples et son royaume passent en 1503 suite à la débâcle française à la bataille du Garigliano[57].

Revue de la flotte de De Ruyter devant Naples, Jan van Essen (1676).
La Baie de Naples, Joseph Vernet (1748).

Au même titre que l'Espagne, Naples fit partie de l'héritage de Charles Quint, entrant dans l'orbite de l'Empire espagnol tout au long du règne des Habsbourg d'Espagne. Dès lors, Naples fut gouvernée par un vice-roi directement nommé par le roi d'Espagne. Au milieu du XVIe siècle, le vice-roi Pierre Alvarez de Tolède procède à de nombreux travaux d'urbanisme et d'embellissement de la ville, ouvrant la fameuse via Toledo, principale artère commerçante de Naples, et créant les quartiers espagnols pour loger les soldats de l'armée hispanique. De même, il tenta d'introduire l'Inquisition dans la ville, cette fois sans succès[58]. En 1544, environ 7 000 habitants de la ville sont capturés par des corsaires et déportés sur la côte des Barbaresques (Afrique du Nord) où ils sont réduits en esclavage lors du sac de Naples.

Au début du XVIIe siècle, Naples devient la deuxième plus grande ville d'Europe (derrière Paris) et le plus grand port méditerranéen avec environ 250 000 habitants. Elle est alors un centre artistique et culturel majeur et contribue activement au mouvement baroque, de nombreux artistes s'y établissent à cette époque : Le Caravage, Salvator Rosa, Le Bernin ; les philosophes Bernardino Telesio, Giordano Bruno, Tommaso Campanella et Giambattista Vico ; le poète Giambattista Marino. En 1647, un pêcheur napolitain du nom de Masaniello mène une révolution aboutissant à la création de l'éphémère République napolitaine, qui ne résiste pas plus que quelques mois au siège de l'armée espagnole qui la reprend bien assez tôt. En 1656, une épidémie de peste bubonique tue environ la moitié des 300 000 habitants de Naples.

À l'exception du bref interlude de la République napolitaine, la domination espagnole aura duré de 1503 jusqu'en 1707, quand Naples et son royaume passent à l'Autriche lors de la guerre de succession d'Espagne ; en 1714, l'empereur Charles VI règne sur la ville depuis Vienne par l'intermédiaire ses propres vice-rois[59]. Cependant, en 1734, la guerre de succession de Pologne va permettre aux Espagnols de réaffirmer leurs droits sur la Sicile et Naples dans le cadre d'une union personnelle, que l'Autriche va reconnaître via le traité de Vienne en 1738 sous condition que les deux entités politiques soient indépendantes l'une de l'autre et c'est par conséquent une branche cadette des Bourbon d'Espagne qui va monter sur le trône[60].

Naples capitale (1734-1860)

Départ de Charles III d'Espagne de Naples en 1759.

Ainsi, dès 1734, le royaume de Naples regagne son indépendance après plus de deux siècles de domination étrangère : cette année, les Espagnols de Charles de Bourbon chassent les Autrichiens et Charles est nommé roi de Naples, s'installant dans la nouvelle capitale. C'est le début d'une période de grand renouveau culturel et artistique pour Naples. Charles est un grand bâtisseur, donnant à la ville et à ses environs de nombreux palais et monuments comme le palais royal de Capodimonte et le palais de Portici. Il lance en outre les premières fouilles archéologiques d'une ville romaine disparue, Herculanum. La découverte des vestiges antiques a une grande influence dans le monde des arts, avec le goût du néoclassicisme, dont le palais royal de Caserte est l'un des premiers exemples. Les touristes étrangers fortunés accourent à Naples pour visiter ses monuments antiques et modernes à l'occasion du Grand Tour. L'arrivée à Naples de la collection Farnèse, jusqu'alors répartie dans les différentes propriétés de la famille, élève la ville au premier rang des grandes capitales européennes, alors qu'elle est aussi l'une des plus peuplées[61]. La ville devient par ailleurs la capitale incontestée de la musique à cette époque et le théâtre San Carlo est la plus importante salle d'opéra d'Europe. En 1755, le duc de Noja commande une carte topographique précise de Naples, connue plus tard sous le nom de Carte du duc de Noja, employant une précision d'arpentage rigoureuse et devenant un outil de planification urbaine essentiel pour la ville.

En 1758, Charles est rappelé en Espagne pour succéder à son père et laisse le trône de Naples à son fils Ferdinand. Cette année marque donc la rupture définitive du royaume de Naples d'avec la couronne espagnole. Sous son règne, les effets de la Révolution française se font sentir jusqu'à Naples : Horatio Nelson, un allié des Bourbons, arrive dans la ville en 1798 pour mettre en garde le roi face au danger des français républicains. Ferdinand est contraint de s'enfuir à Palerme, d'où il est protégé par une flotte britannique[62]. Cependant, les lazzaroni de la classe inférieure de Naples sont fortement pieux et royalistes, favorables aux Bourbons ; dans la mêlée qui s'ensuit, ils combattent la bourgeoisie napolitaine pro-républicaine, ce qui provoque une guerre civile.

Naples sous l'éphémère République parthénopéenne.

Les républicains s'introduisent dans le castel Sant'Elmo et proclament la République parthénopéenne, protégée par l'armée française. Une milice catholique contre-révolutionnaire de lazzaroni connue sous le nom de sanfedisti (la santa fede, la sainte foi) commandée par le cardinal Fabrizio Ruffo est levée ; elle rencontre un succès fulgurant et les Français sont contraints de rendre les châteaux napolitains, et leur flotte quitte la ville pour Toulon. Ferdinand IV est rétabli sur le trône ; cependant, après seulement sept ans, Napoléon conquiert le royaume et y installe des rois bonapartistes, à commencer par son frère Joseph Bonaparte. Avec le soutien de l'Empire d'Autriche et de ses alliés, les bonapartistes sont défaits lors de la guerre napolitaine et Ferdinand IV regagne une fois de plus le trône[63].

La ville de Naples devient capitale du royaume baptisé par la suite des Deux-Siciles, qui réunit la Sicile et toute la partie continentale de l'Italie méridionale en vertu du congrès de Vienne de 1815. En 1839, Naples devient la première ville de la péninsule italienne à disposer d'un chemin de fer, avec la mise en service de la ligne Naples-Portici[64]. En 1848, lors du printemps des peuples, le roi de Naples fait bombarder la ville[65].

Naples italienne (depuis 1860)

Entrée de Garibaldi dans Naples le 7 septembre 1860.

Suite à l'Expédition des Mille menée par Giuseppe Garibaldi, qui s'achève à la fin du siège de Gaète, Naples intègre le royaume d'Italie en 1861 dans le cadre de l'unification italienne, mettant fin à l'ère de la domination des Bourbons. L'économie des régions de l'ancien royaume des Deux-Siciles, dépendante de l'agriculture, souffre désormais de la pression internationale sur les prix du blé ce qui, couplé à la diminution du prix des billets de mer, conduit à une vague d'émigration sans précédent[66] : environ 4 millions de personnes émigrent depuis la seule région de Naples entre 1876 et 1913. Dans les quarante années qui ont suivi l'unification, la population de Naples n'a augmenté que de 26 %, contre 63 % pour Turin et 103 % pour Milan ; cependant, en 1884, Naples était toujours la ville la plus peuplée d'Italie avec 496 499 habitants, soit environ 64 000 au km² (soit une densité de population deux fois plus élevée qu'à Paris).

Les conditions d'hygiène publique de la ville étaient mauvaises, avec douze épidémies de choléra et de fièvre typhoïde qui ont tué environ 48 000 personnes entre 1834 et 1884. Un taux de mortalité de 31,84 pour mille, élevé même pour l'époque, malgré l'absence d'épidémies entre 1878 et 1883. En 1884, Naples est victime d'une nouvelle épidémie de choléra d'ampleur inédite, causée en grande partie par la mauvaise infrastructure d'égouts de la ville. En réponse à ces problèmes persistants, en 1885, le gouvernement a lancé une transformation radicale de la ville appelée risanamento[67] pour améliorer l'infrastructure d'égouts et de percer les quartiers les plus denses, la densité étant considérée comme la principale cause d'insalubrité, par de grandes avenues aérées. Le projet s'est avéré difficile à réaliser politiquement et économiquement en raison de la corruption, comme le démontre l'enquête Saredo, de la spéculation foncière et d'une bureaucratie extrêmement lente et procédurière. Cela a entraîné des retards considérables dans le projet, avec des résultats mitigés. Les transformations les plus notables ont été le traçage de la via Caracciolo à la place de la plage le long de la promenade, la création de la galleria Umberto-I et de la galleria Principe ainsi que la construction du corso Umberto-I[68].

Bombardement allié de Naples en 1943.

Naples fut la ville italienne la plus bombardée pendant la Seconde Guerre mondiale. Bien que ses habitants ne se soient pas révoltés contre le régime fasciste, Naples fut la première ville italienne à se soulever contre l'occupation militaire allemande ; pour la première fois en Europe, les nazis, commandés par colonel Scholl, ont dû négocier une reddition face aux insurgés : du 27 au 30 septembre 1943, lors des Quatre journées de Naples, la population locale se soulève et s'attaque aux forces nazies qui occupent la ville. L'armée allemande est mise en déroute avant l'arrivée des Alliés. Ces actions ont valu à Naples la Médaille d'or de la valeur militaire. La ville était déjà complètement libérée le 1er octobre 1943[69], lorsque les forces britanniques et américaines entrent dans la ville. Les Allemands qui prenaient la fuite ont incendié la bibliothèque de l'université ainsi que les archives de la ville. Les bombes à retardement disséminées dans toute la ville ont continué d'exploser jusqu'au mois de novembre[70]. Le symbole de la renaissance de Naples fut la reconstruction de la basilique Santa Chiara, qui avait été détruite lors d'un bombardement de l'US Army Air Force.

Après la guerre, la ville s'est affirmée comme le centre politique, économique et social le plus important de l'Italie méridionale, avec la constitution d'une agglomération de plus de trois million d'habitants et le développement de nombreuses industries. Naples est classée troisième ville d'Italie, après Milan et Rome pour la puissance économique[71].

Un financement spécial, la Cassa del Mezzogirno, a été fourni aux régions du sud du pays de 1950 à 1984, stimulant l'économie napolitaine qui s'améliore quelque peu, permettant à certains monuments de la ville tels que la piazza del Plebiscito d'être rénovés[72]. Cependant, le développement de Naples a été freiné par de gros problèmes sociaux. Le taux de chômage avoisine les 25 % de la population active et la pauvreté règne sur près de 32 % de la population.

Les activités de la Camorra, réseau de crime organisé local, et la crise des déchets en Campanie ont achevé de ternir l'image de la ville[73]. Comme l'a révélé Roberto Saviano dans son livre Gomorra, une grave contamination environnementale et des risques sanitaires accrus restent répandus en raison des déversements illégaux de déchets. En 2007, le gouvernement de Silvio Berlusconi a tenu des réunions de haut niveau à Naples pour démontrer son intention de s'investir dans la résolution de ces problèmes[74]. Cependant, la récession de la fin des années 2000 a eu un impact sévère sur la ville, intensifiant ses problèmes de gestion des déchets et de chômage[75]. En août 2011, le nombre de chômeurs dans la région de Naples était passé à 250 000, déclenchant des protestations publiques face au marasme économique[76]. En juin 2012, des accusations de chantage, d'extorsion et d'appels d'offres illicites ont émergé concernant les problèmes de gestion des déchets de la ville[77].

Universiade d'été de 2019.

Des projets de développement sont toutefois apparus à partir de la fin du XXe siècle, comme la création du quartier d'affaires Centro direzionale achevé en 1995, tout comme la classification la même année du centre historique de Naples à l'UNESCO ou encore la création d'un métro. Le sommet du G7 de 1994 s'est tenu à Naples. Au XXIe siècle, certains quartiers ont été modernisés, avec notamment des programmes de gentrification comme dans les quartiers Espagnols. Naples a en outre accueilli le sixième Forum urbain mondial en septembre 2012[78] et le 63e Congrès international d'astronautique en octobre 2012. En 2013, elle a été l'hôte du Forum universel des cultures et en 2019 celle de l'Universiade d'été.

Politique et administration

Tendances politiques

Palazzo San Giacomo, hôtel de ville de Naples.
Palazzo delle Poste (Gino Franzi, 1936), chef-d'œuvre moderniste en marbre et diorite.

Chacun des 7 896 comuni italiens est représenté localement par un conseil municipal présidé par un maire élu, appelé sindaco et familièrement désigné « premier citoyen » (primo cittadino). Ce système est en place depuis l'invasion de l'Italie par les forces napoléoniennes en 1808. Lorsque le royaume des Deux-Siciles fut restauré, le système a été maintenu en place mais les fonctions de maires étaient occupées par des membres de la noblesse. À la fin du XIXe siècle, les partis politiques connaissent un essor ; pendant l'ère fasciste, chaque commune était représentée par un podestà. Depuis la Seconde Guerre mondiale, le paysage politique de Naples n'est ni fortement ancré à droite ni à gauche : les démocrates-chrétiens et les social-démocrates ont alternativement gouverné la ville à différentes reprises, avec une fréquence à peu près égale. Depuis le début des années 1990, les maires de Naples sont tous issus de groupes politiques de gauche ou de centre-gauche.

Depuis 2021, le maire de Naples est Gaetano Manfredi, un homme politique indépendant candidat de la coalition de centre-gauche, ancien ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche sous le deuxième gouvernement Conte, et ancien recteur de l'université de Naples « Frédéric-II ».

Subdivisions

La municipalité de Naples, auparavant divisée en 21 districts, est maintenant divisée en 10 municipalités d'environ cent mille habitants. Ces 10 municipalità sont elles-mêmes subdivisées en quartiers (30 au total) :

Plan des dix municipalità de Naples.

Liste des maires

Jumelages

Naples est jumelée avec[79] :

Communes limitrophes

Arzano, Casandrino, Casavatore, Casoria, Cercola, Marano di Napoli, Melito di Napoli, Mugnano di Napoli, Portici, Pozzuoli, Quarto, San Giorgio a Cremano, San Sebastiano al Vesuvio, Volla.

Population et société

Densité urbaine du centre-ville de Naples.

En 2022, la population de la commune de Naples s'élève à environ 910 000 habitants. L'aire urbaine élargie de Naples, parfois appelée Grand Naples, compte environ 4,4 millions d'habitants[80]. Le profil démographique de la province napolitaine en général est relativement jeune : 19 % ont moins de 14 ans, tandis que 13 % ont plus de 65 ans, contre une moyenne nationale de 14 % et 19 % respectivement. Naples a un pourcentage plus élevé de population féminine (52,5 %) que masculine (47,5 %). Naples a actuellement un taux de natalité plus élevé d'Italie, avec 10,46 naissances pour 1 000 habitants (la moyenne italienne étant de 9,45 naissances pour 1 000 habitants)[81],[82].

Évolution démographique

La population de Naples est passée de 621 000 habitants en 1901 à 1 226 000 en 1971, pour diminuer à 910 000 en 2022, beaucoup de citadins ayant migré vers les banlieues. Selon différentes sources, la ville métropolitaine de Naples est soit la deuxième aire urbaine la plus peuplée d'Italie après Milan (avec 4 434 136 habitants selon Svimez Data), soit la troisième (avec 3,5 millions d'habitants selon l'OCDE[83]). En outre, Naples est la grande ville la plus densément peuplée d'Italie, avec environ 8 182 personnes par km² ;  cependant, elle connaît une baisse notable de sa densité de population depuis 2003, alors que le chiffre était supérieur à 9 000 personnes par km².Habitants recensés (en milliers)

Pays de naissance Population (2023)
Drapeau du Sri Lanka Sri Lanka 14 627
Drapeau de l'Ukraine Ukraine 7 510
Drapeau de la République populaire de Chine Chine 4 477
Drapeau du Pakistan Pakistan 3 344
Drapeau de la Roumanie Roumanie 2 356
Drapeau du Bangladesh Bangladesh 2 101
Drapeau des Philippines Philippines 1 721
Drapeau du Nigeria Nigeria 1 550

Naples, à partir du Moyen Âge et surtout du XVIe siècle, était de loin l'une des premières villes d'Europe par sa population. Au cours de la seconde moitié du XVIe siècle, c'était probablement la ville la plus peuplée d'Europe et la deuxième en Méditerranée après Constantinople. Lors du premier recensement de l'État unitaire (1861), Naples était toujours la commune la plus peuplée d'Italie et l'une des premières d'Europe. Au début des années 1930, elle céda la primauté à Milan puis à Rome. Naples perd des habitants depuis plusieurs décennies, au profit des banlieues et d'autres régions italiennes.

Immigration

Ci-contre, un tableau qui montre les nationalités étrangères les plus fréquentes à Naples en 2023.

En 2023, il y avait officiellement 56 153 étrangers vivant dans la ville de Naples[84], mais ce chiffre est largement sous-estimé, Naples étant l'une des plaques tournantes de l'immigration illégale en Europe. La majorité de ceux-ci sont originaires d'Europe de l'Est (Ukraine et Roumanie) et d'Asie (Sri Lanka, Chine, Pakistan). Les statistiques démontrent que la majorité des immigrés sont des femmes[85]. Relativement à sa population et aux villes du nord de l'Italie, il y a peu d'étrangers à Naples ; 94,3 % des habitants de la ville sont de nationalité italienne.

Santé

L'hôpital Antonio-Cardarelli est le plus grand hôpital d'Italie du Sud.

Sports

Le football est de loin le sport le plus populaire à Naples. Introduit dans la ville par les Britanniques au tout début du XXe siècle[86], ce sport est profondément ancré dans la culture locale : aucune strate de la société n'y est insensible, des scugnizzi (enfants des rues) aux plus fortunés.

Équipements sportifs

Principaux clubs

Fresque représentant Diego Maradona sur un immeuble du vieux-Naples.

Le club de football le plus connu de la ville est le SSC Napoli, qui joue ses matchs à domicile au stade Diego-Armando-Maradona. L'équipe évolue en Serie A et a remporté le scudetto à trois reprises, la Coupe d'Italie six fois et la Supercoupe d'Italie deux fois. Son palmarès est complété par deux titres à la Ligue Europa tandis que Diego Maradona est sacré joueur du siècle par la FIFA pour ses performances au sein du club. D'autres joueurs internationaux de premier plan ont joué dans le SSC Napoli, tels que Ciro Ferrara et Fabio Cannavaro. Ce dernier est nommé capitaine de l'équipe nationale qu'il mène à la victoire lors de la Coupe du monde de football 2006. Il est nommé meilleur footballeur par la FIFA la même année.

Naples compte plusieurs autres clubs de football, parmi lesquels on trouve le FC Neapolis et l'Internapoli, qui jouent tous deux au stadio Arturo-Collana. La ville possède également des équipes dans de nombreux autres disciplines sportives : Eldo Napoli représente la ville en Serie A de basket-ball et joue ses matchs dans le quartier excentré de Bagnoli. La ville a co-organisé l'EuroBasket 1969. Partenope Rugby est l'équipe de rugby à XV la plus connue de la ville : elle a remporté la Serie A de rugby à XV à deux reprises. Parmi les autres sports locaux populaires figurent le futsal, le water-polo, les sports hippiques, la voile, l'escrime, la boxe et les arts martiaux. L'Accademia Nazionale di Scherma (Académie nationale et école d'escrime de Naples) est la seule institution en Italie où les titres de « Maître d'épée » et de « Maître de kendo » peuvent être obtenus[88].

Enseignement

Bâtiment principal de l'université de Naples « Frédéric-II ».

La principale université de Naples est l'université Frédéric-II (en italien, Università degli studi di Napoli « Federico II ») qui est la plus ancienne université laïque et d'État au monde et une des plus anciennes en absolu, ayant été fondée en 1224 par l'empereur Frédéric II « Stupor Mundi »[89]. Elle est toujours l'une des plus importantes d'Italie at réunit environ 70 000 étudiants et 6 000 chercheurs en 2022[90]. Plus récemment, d'autres universités ont été fondées à Naples : la « Seconde Université de Naples » en 1989 dans la province de Caserte[91], la « Parthénope », « L'Orientale » et la « Sœur-Ursule-Benincasa ».

Cultes

La ville est le siège de l'archidiocèse de Naples. La cathédrale est son principal lieu de culte ; chaque année, le 19 septembre, elle accueille le célèbre Miracle de saint Janvier, le saint patron de la ville[98]. Au cours du miracle, auquel des milliers de Napolitains viennent assister, le sang séché de saint Janvier est censé se liquéfier lorsqu'il est rapproché de reliques sacrées supposées provenir de son corps.

Économie

Le port de Naples.

Naples, étant au centre de certaines des routes méditerranéennes les plus importantes et disposant d'un arrière-pays fertile de deux zones volcaniques, pouvait compter à l'origine sur une économie robuste liée avant tout à l'agriculture, aux matières premières et à l'artisanat.

À l'époque médiévale et moderne, la ville est devenue l'un des grands centres italiens de l'industrie textile, en particulier de la transformation de la soie.

À l'ère industrielle naquit à Naples le premier grand complexe métallurgique du pays, le Pietrarsa, qui connut un développement industriel et économique considérable au cours des vingt années suivantes : en 1860, il employait environ 1 200 personnes. Cependant, après l'unification, l'usine a connu une phase de lente régression jusqu'à la cessation des activités de production vers 1880, tout en maintenant jusqu'en 1975 l'entretien et la réparation des locomotives.

Pour souligner l'importance économique de la ville, il suffit de penser qu'en 1871, dix ans après l'annexion, la province de Naples avait encore un indice d'industrialisation supérieur à celui de Turin. Naples abritait également la Bourse, la Monnaie et le Banco delle Due Sicilie (en).

Pour faire face à l'émergence de l'économie napolitaine, en 1904, dans le contexte du Risanamento di Napoli, de grands districts industriels ont été créés à l'est et à l'ouest, même si un décollage efficace du secteur ne se produira qu'avec le boom économique. Le PIB de Naples est actuellement[C'est-à-dire ?] vingt-sixième (sur 115) en Europe (61,8 milliards de dollars en 2014, soit plus que des pays comme la Slovénie et comparable à des villes comme Zurich ou Copenhague), mais au cinquième rang pour la croissance du taux de chômage pendant la crise et avec l'un des revenus par habitant les plus bas d'Italie.

Malgré quelques brèves périodes d'amélioration, favorisées également par la présence dans la ville d'un artisanat fort (comme l'art des crèches, le travail de la céramique et des porcelaines, la production de bijoux avec du corail et de camées gravés à Torre del Greco, etc.), l'emploi n'a jamais atteint un niveau adéquat, principalement en raison d'investissements publics insuffisants, mais aussi en raison de la présence d'infiltrations mafieuses qui découragent la création de nouvelles entreprises.

Quartier d'affaires - Centro direzionale - de Naples.

Les activités illicites napolitaines ont un impact considérable sur l'économie nationale, non sans effets négatifs sur les structures sociales et environnementales de la ville. L'absence d'un véritable développement industriel a fait de Naples un centre important du secteur tertiaire dans les domaines commercial, administratif, financier, des transports, du tourisme et plus récemment de la recherche (présence d'entreprises américaines de technologie comme Apple et Cisco Systems Academy). Le port de Naples a toujours été un élément de revenu important pour la ville, tandis que le principal centre d'affaires et tertiaire est le Centro direzionale.

Dans ses limites administratives, Naples est aujourd'hui la quatrième économie urbaine d'Italie après Milan, Rome et Turin, et la 103e économie urbaine mondiale en termes de pouvoir d'achat, avec un PIB estimé à 83,6 milliards de dollars US en 2011, soit 28 749 dollars par habitant[99]. Naples est un important terminal de fret, et le port de Naples est l'un des plus grands et des plus fréquentés de la Méditerranée. La ville a connu une croissance économique importante depuis la Seconde Guerre mondiale, mais le chômage reste un problème majeur[100],[101],[102], et la ville est gangrénée par des taux élevés de corruption politique et de crime organisé.

Au cours des dernières décennies, la province de Naples a connu une réorientation de son économie traditionnelle basée sur l'agriculture vers une économie basée sur les services. Le secteur des services emploie la majorité des Napolitains, bien que plus de la moitié d'entre eux soient des petites entreprises de moins de 20 salariés ; environ 70 entreprises sont considérées comme de taille moyenne avec plus de 200 salariés et seules 15 entreprises emploient plus de 500 travailleurs.

Tourisme

Bus touristique dans les rues de Naples.

Dès le XVIIIe siècle, Naples a attiré des visiteurs dans le cadre du Grand Tour. Aujourd'hui, c'est une destination touristique nationale et internationale majeure, l'une des principales d'Italie et d'Europe au même titre que Florence, Rome, Venise ou Milan. Avec 3 700 000 visiteurs en 2018[103], la ville est complètement sortie de la forte dépression touristique des dernières décennies (due principalement à la dégradation de l'image de la ville engendrée par les médias italiens[104], par le tremblement de terre de 1980 en Irpinia et la crise des déchets[105]). Pour évaluer correctement le phénomène, il faut cependant considérer qu'une grande partie des touristes visitent Naples chaque année, séjournent dans les nombreuses localités de ses environs, reliées à la ville par des lignes directes privées et publiques. Des escapades d'une journée à Naples sont fréquemment effectuées par divers touristes présents à Rome ou dans les autres sites touristiques de Campanie ; en 2019, Naples est la dixième ville la plus visitée d'Italie et la première du Sud du pays.

Le secteur est en croissance constante[106],[107] et la perspective d'atteindre à nouveau les chiffres espérés dans les cités d'art de son standing est attendue dans un délai relativement court ; le tourisme assume de plus en plus un poids décisif pour l'économie de la ville, c'est pourquoi, exactement comme cela s'est produit par exemple dans le cas de Venise ou de Florence, le risque de gentrification du centre historique est de plus en plus élevé[108],[109].

Culture et patrimoine

Image illustrative de l’article Naples
Pays Drapeau de l'Italie Italie
Subdivision Campanie
Numéro
d’identification
726
Année d’inscription (19e session)
Type culturel
Critères (i) (ii) (iv)
Superficie 1.02
Zone tampon 726
Région Europe et Amérique du Nord **
* Descriptif officiel UNESCO
** Classification UNESCO
Obélisque de San Domenico Maggiore.
Palais royal de Naples.
Jardins suspendus de la chartreuse San Martino.
Fontana del Gigante (fontaine du Géant).

Le centre historique de Naples est le plus étendu d'Italie avec 1 700 ha[110], la ville ayant été du Moyen Âge jusqu'au XIXe siècle la cité la plus peuplée de la péninsule. Naples possède ainsi l'une des plus grandes concentrations au monde de ressources culturelles et de monuments historiques[111]. Ainsi, l'expression Vedi Napoli e poi muori, traduite par « Voir Naples et mourir », souligne la beauté monumentale et naturelle de la ville dont la visite serait un tel accomplissement que l'existence n'aurait plus de sens au-delà.

L'écrivain Curzio Malaparte rend dans son roman La peau un hommage à Naples en la décrivant, en 1943, comme « la seule cité antique qui n'ait pas péri comme Ilion, comme Ninive, comme Babylone »[112].

En effet, les 2 800 ans d'histoire de Naples lui ont laissé une richesse de bâtiments et monuments historiques, allant des châteaux médiévaux aux ruines antiques, ainsi qu'une large gamme de sites culturellement et historiquement significatifs dans ses alentours, notamment le palais de Caserte (homologue napolitain du château de Versailles[113]) ou les ruines romaines de Pompéi et Herculanum.

Les styles architecturaux les plus marquants visibles dans Naples aujourd'hui sont les styles médiéval, Renaissance et baroque[114]. Naples compte 448 églises historiques[115] (1 000 au total[116]), ce qui en fait l'une des villes comptant le plus grande nombre d'édifices catholiques au monde[117]. En 1995, le centre historique de Naples a été inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO selon le critère suivant :

Naples est une des plus anciennes villes d'Europe, dont le tissu urbain actuel conserve les éléments de sa longue histoire riche en péripéties. Le tracé rectangulaire quadrillé des rues de l'ancienne ville grecque Neápolis est encore perceptible et constitue effectivement aujourd'hui la base du tissu urbain actuel du centre historique de Naples, un des plus grands ports de Méditerranée. À partir du Moyen Âge et jusqu'au XVIIIe siècle, Naples fut un centre inégalé en matière d'art et d'architecture, s'exprimant dans ses anciens forts, ses ensembles royaux, tels que le palais royal construit en 1600 et les palais et les églises construits par les familles aristocratiques.

Architecture et monuments remarquables

Les vestiges d'époque romaine sont nombreux dans les sous-sols de la ville et certains complexes souterrains ont été aménagés afin d'être ouverts à la visite. Le patrimoine médiéval de la ville se distingue par l'existence, unique en Italie, d'églises de style gothique d'inspiration française (et en particulier de la variante provençale de l'architecture gothique) qui s'explique par la présence de la dynastie angevine, d'origine française, sur le trône du royaume de Naples entre le XIIIe et le XVe siècle. Le patrimoine de la Renaissance se caractérise par la présence de plusieurs palais et églises bâtis dans un style syncrétique, inspiré des exemples développés à Rome et Florence mais aussi de la Catalogne alors que Naples est sous domination aragonaise à la fin du XVe siècle.

Le XVIe siècle voit les premiers grands travaux d'urbanisme, avec, sous l'impulsion du vice-roi espagnol Pierre de Tolède, le percement de la plus grande artère napolitaine, la via Toledo et la création des nouveaux « Quartiers espagnols » aux portes de la vieille ville. C'est néanmoins principalement aux XVIIe et XVIIIe siècles que le centre historique de Naples gagne son aspect actuel, alors que fleurit le style baroque qui se développe avec une grande vivacité dans la ville, où les chantiers se multiplient. Le baroque napolitain s'incarne dans de grands artistes qui sont peintres, sculpteurs et architectes - avec comme peintres Le Caravage, Ribera, Luca Giordano, Francesco Solimena, les architectes Cosimo Fanzago, Ferdinando Sanfelice, Luigi Vanvitelli, Ferdinando Fuga, les sculpteurs Domenico Andrea Vaccaro et Giuseppe Sanmartino.

La plupart des palais et des églises historiques de Naples ont été construits ou remodelés et redécorés à cette époque, alors que la ville est sous la domination du royaume d'Espagne avant de regagner son statut de capitale en 1734 avec l'arrivée des Bourbons sur le trône. Cette nouvelle indépendance induit la construction de grands monuments auliques, comme le palais de Capodimonte, le célèbre théâtre San Carlo, premier grand opéra de l'histoire, le palais du musée archéologique ou l'immense bâtiment du Real albergo dei Poveri, hospice destiné à recueillir les pauvres et les indigents aux portes de la ville.

De nombreuses villas sont construites sur la côte au nord et au sud de Naples, en bordure de la mer, pour les grandes familles aristocratiques napolitaines mais aussi pour les visiteurs étrangers fortunés, anglais, français ou allemands, qui se rendent dans la ville à l'occasion du Grand Tour. Naples est l'étape finale de ce voyage de formation de l'aristocratie européenne du siècle des Lumières grâce à ses sites et monuments antiques, le site grandiose de sa baie dominée par le Vésuve, sa cour raffinée et sa vie musicale intense (avec des compositeurs de premier plan tels que Alessandro Scarlatti, Pergolèse, Nicola Porpora, Francesco Durante, Leonardo Leo, Leonardo Vinci, Domenico Cimarosa et Giovanni Paisiello). La première moitié du XIXe siècle voit se développer, notamment dans l'architecture des villas (villa Floridiana, Villa Pignatelli), un néoclassicisme palladien et des décors inspirés des fresques romaines retrouvées aux sites tous proches de Pompéi et Herculanum.

Enfin, à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, dans les nouveaux quartiers de Naples qui voient le jour autour du centre-ville ancien se développe un style original inspiré de l'Art nouveau, connu en Italie sous le nom de style Liberty.

Architecture civile

Intérieur de la galleria Umberto-I.

La principale place publique de la ville est la piazza del Plebiscito. Sa construction a été initiée par le roi bonapartiste Joachim Murat et achevée sous le roi bourbon Ferdinand IV. La place est bordée à l'est par le palais royal et à l'ouest par la basilique San Francesco di Paola, entourée de colonnades sur chaque côté. À proximité se trouve le teatro San Carlo, qui est le plus ancien opéra d'Italie. Juste en face du San Carlo se trouve la galleria Umberto-I, grande galerie marchande couverte d'une verrière de la fin du XIXe siècle.

Outre la piazza del Plebiscito, les plus grandes places publiques de Naples sont la piazza Dante et la piazza dei Martiri. Cette dernière n'était initialement décorée que d'un mémorial dédié aux martyrs chrétiens mais, en 1866, après l'unification italienne, quatre lions furent ajoutés afin de rendre hommage aux quatre rébellions de la ville contre les Bourbons[118].

San Gennaro dei Poveri est un hospice destiné aux pauvres érigé par les Espagnols en 1667. Il fut le précurseur d'un projet beaucoup plus ambitieux, le Real albergo dei Poveri, initié par Charles III. Cet établissement était destiné aux démunis et aux malades de la ville ; il faisait vivre une communauté autarcique où les pauvres pouvaient vivre et travailler. Bien qu'il soit parvenu intact jusqu'à nos jours, cet hôtel-Dieu n'est plus en activité[119].

Castello Aselmeyer, édifié par Lamont Young dans un style néo-gothique.
Palazzina Russo-Ermolli, pur exemple de Liberty Napoletano.

Divers bâtiments inspirés par le style néo-gothique subsistent à Naples, en raison de l'influence exercée par ce mouvement sur l'architecte indo-écossais Lamont Young, l'un des architectes les plus actifs à Naples de la fin du XIXe siècle au début du XXe siècle. Young a laissé une empreinte significative dans le paysage urbain et a conçu de nombreux projets, dont celui de la première ligne de métro de la ville.

Au début du XXe siècle, une variante locale du phénomène Art nouveau, connue sous le nom de Liberty Napoletano, s'est donnée libre cours à Naples. En 1935, l'architecte rationaliste Luigi Cosenza a conçu un nouveau marché aux poissons pour la ville. Sous l'ère mussolinienne, les premières infrastructures du Centro direzionale ont été construites, toutes dans un style rationaliste-fonctionnaliste, notamment le palazzo delle Poste et les bâtiments de la Pretura. Le Centro direzionale de Naples demeure le seul groupement de gratte-ciel en Europe du Sud pendant plusieurs décennies.

Architecture religieuse

« Ce qui nous a paru le plus extraordinaire à Naples, c'est le nombre et la magnificence de ses églises; je puis vous dire sans exagérer que cela dépasse l'imagination » (Maximilien Misson, 1724)
Façade de la cathédrale de Naples.
Église du Gesù Nuovo.
Intérieur de l'église des Girolamini.

Au cours des siècles, Naples a vu des centaines de couvents, d'églises et de monastères s'élever, à tel point qu'elle lui a valu le surnom de ville aux 500 coupoles.

Aujourd'hui, leur nombre est d'environ un millier, ce qui la place parmi les villes ayant le plus grand nombre d'édifices religieux au monde. Si l'on ne considère que les églises monumentales, leur nombre est particulièrement élevé : elles sont plus de 400 dans le centre historique, parmi lesquelles :

Il existe également d'innombrables édicules sacrés à Naples, des cloîtres monumentaux et des oratoires et chapelles.

Quant à la communauté juive, elle se retrouve à la synagogue de Naples.

Architecture militaire

Castel dell'Ovo.
  • Le castel dell'Ovo (château de l'Œuf), construit sur le minuscule îlot de Mégaride, où les premiers colons grecs avaient fondé la ville. À l'époque romaine, l'îlot appartenait au domaine de la villa de Lucullus et accueillit plus tard Romulus Augustule, le dernier empereur romain d'Occident alors en exil[121]. Il servit également de prison à l'impératrice Constance entre 1191 et 1192, après sa capture par les Normands qui l'ont fait reconstruire, ainsi que pour Conradin et Jeanne Ire de Naples avant leurs exécutions respectives ;
  • Le castel Nuovo, également connu sous le nom de Maschio Angioino, est l'un des monuments les plus emblématiques de la ville ; il fut construit sous Charles Ier d'Anjou, le premier roi de Naples. Ce château fort a été le théâtre de nombreux événements historiques marquants : par exemple, en 1294, le pape Célestin V abdiqua dans l'une de ses salles, et son successeur, le pape Boniface VIII, y fut élu par le collège des cardinaux avant de s'installer à Rome[122] ;
  • Le castel Capuano, construit au XIIe siècle par Guillaume Ier, fils de Roger II de Sicile, premier monarque du royaume sicilien, puis agrandi par Frédéric II qui en fit l'une de ses résidences royales. Tout au long de son histoire, il fut habité par de nombreux rois et reines. Au XVIe siècle, il devient le palais de justice de la ville[123] ;
  • Le castel Sant'Elmo, puissante forteresse en forme d'étoile dominant Naples au sommet du Vomero achevée en 1329. Sa position stratégique surplombant toute la ville en a fait une cible de choix lors des invasions étrangères. Lors du soulèvement de Masaniello en 1647, les Espagnols se sont réfugiés à Sant'Elmo pour échapper aux révolutionnaires ;
  • Le castel del Carmine, construit en 1392 et largement modifié au XVIe siècle par les Espagnols, il fut démoli en 1906 pour laisser place à la via Marina, bien que deux anciennes tours aient été épargnées en guise de souvenir. De même, le fort de Vigliena, construit en 1702, fut détruit en 1799 lors de l'insurrection royaliste contre la République parthénopéenne et est aujourd'hui à l'état de ruines.

Sites archéologiques

Catacombes de San Gennaro.

Sous Naples se trouve un réseau de grottes et de galeries aménagées par des siècles d'extraction minière, la ville reposant sur une zone à l'importante activité géothermique. On y trouve également plusieurs anciens réservoirs gréco-romains creusés dans la tendre pierre de tuf, sur laquelle et à partir de laquelle une grande partie de la ville a été construite. Environ un kilomètre des nombreux tunnels situés sous la ville peut être visité via la Napoli sotterranea (Naples souterraine), situé dans le centre historique. Ce système de tunnels et de citernes, qui s'étend sous la majorité de la ville, se trouve à environ 30 mètres de profondeur. Pendant la Seconde Guerre mondiale, ces tunnels ont été utilisés comme abris anti-aériens, et des inscriptions sur les murs témoignent des souffrances vécues par les réfugiés de ces temps troublés.

De grandes catacombes se trouvent également dans et autour de la ville, ainsi que des monuments tels que la Piscina Mirabilis, la principale citerne qui alimentait la baie de Naples à l'époque romaine.

Plusieurs sites de fouilles archéologiques sont présents dans la ville. Ils ont permis de mettre au jour, notamment à San Lorenzo Maggiore, le macellum (marché) de Naples, ainsi qu'à Santa Chiara, le plus grand complexe thermal de la ville à l'époque romaine.

Patrimoine environnemental

Fontaine Santa Lucia dans la Villa Comunale.
Baie de Trentaremi.

Naples possède une multitude d'espaces verts : le parc de Capodimonte, étendue de verdure de 120 hectares qui entoure plusieurs bâtiments du XVIIIe siècle et en particulier le palais du même nom, la Villa Comunale, aménagée par Carlo Vanvitelli en 1780 pour donner à la noblesse napolitaine une oasis de grand raffinement sur le front de mer agrémenté de fontaines et de statues, ou encore le parc Vergiliano à Piedigrotta, la villa Floridiana, le jardin botanique et le parc régional des Champs Phlégréens.

Le parco Virgiliano de Posillipo offre une vue particulièrement saisissante, permettant d'observer simultanément l'ensemble de la baie de Naples et l'îlot volcanique de Nisida. Ce parc porte le nom de Virgile, le célèbre poète romain, qui serait enterré dans ses parages.

Sur la colline de Camaldoli commence le parc métropolitain des collines de Naples (2 215 hectares), qui occupe un cinquième de l'ensemble de la zone municipale jusqu'au parc Poggio ai Colli Aminei.

Naples possède aussi son vignoble, la vigne San Martino, existant depuis plus de six siècles au pied de la chartreuse du même nom sur la colline du Vomero.

Outre les espaces verts, Naples se caractérise également par des zones marines protégées, telles que Nisida, ou le parc submergé de Gaiola, ce dernier constituant un exemple rare en Méditerranée d'un parc archéologique entièrement submergé, comprenant la baie de Trentaremi, des côtes rocheuses, des plages, des falaises de tuf et des sites archéologiques.

Équipements culturels

Musées

Musée archéologique national.
Salle de bal du musée national de Capodimonte.
Cloître de majolique dans le museo dell'Opera di Santa Chiara.

Naples, grande capitale artistique, dispose d'une offre de musées abondante. Le plus important de tous est le musée archéologique national, considéré comme l'un des plus importants au monde, tant par la qualité que par la quantité des œuvres exposées, principalement celles de l'époque gréco-romaine[124] (il abrite la plus grande collection mondiale d'artefacts romains, notamment trouvés sur les sites voisins de Pompéi et Herculanum[125]) ; le musée national de Capodimonte, dans l'ancien palais bourbon du même nom, abrite des peintures des plus grands maîtres italiens de la Renaissance au baroque (Simone Martini, Raphaël, Titien, Le Caravage, Le Greco, José de Ribera, Luca Giordano) tandis que les appartements royaux sont décorés de mobilier ancien du XVIIIe siècle et d'une collection de porcelaines et majoliques provenant de la célèbre manufacture de porcelaine de Capodimonte, autrefois adjacente au palais ; le musée national San Martino rassemble des reliques liées à l'histoire de Naples.

Face au palais royal de Naples, la galleria Umberto-I abrite le musée du bijou en corail. Le Musée d'Art contemporain Donnaregina (MADRE), situé dans un palais du XIXe siècle rénové par l'architecte portugais Álvaro Siza, propose des expositions permanentes d'artistes tels que Francesco Clemente, Richard Serra et Rebecca Horn[126]. Le palazzo Roccella (XVIe siècle) est devenu le palazzo delle Arti di Napoli, qui conserve les galerie d'art civique de la ville. Enfin, le palazzo Como (XVe siècle) abrite le musée civique Filangieri, créé en 1883 par Gaetano Filangieri et consacré aux arts plastiques.

Bibliothèques

Arts

De nombreux romantiques ont puisé l'inspiration de leurs œuvres dans les paysages napolitains (peinture de Rudolf Wiegmann, 1836).

Naples a longtemps été un centre d'art et d'architecture, mais le facteur déterminant dans la création de l'École napolitaine de peinture a été l'arrivée du Caravage à Naples en 1606. Au XVIIIe siècle, la ville a connu une intense période de néoclassicisme, stimulée par la découverte des ruines romaines exceptionnellement préservées d'Herculanum et de Pompéi.

L'Académie des Beaux-Arts de Naples, fondée par Charles III de Bourbon en 1752 sous le nom de Real Accademia di Disegno (Académie royale de dessin), a été le centre de l'école artistique de Posillipo au XIXe siècle. Des artistes tels que Domenico Morelli, Giacomo Di Chirico, Francesco Saverio Altamura et Gioacchino Toma ont œuvré à Naples au cours de cette période, et de nombreuses créations de ces artistes sont aujourd'hui exposées parmi la collection d'art de l'académie.

Naples est également renommée pour ses théâtres, parmi les plus anciens d'Europe, notamment le teatro San Carlo, une salle d'opéra qui remonte au XVIIIe siècle.

La ville est également le berceau de la tradition artistique de la porcelaine de Capodimonte. En 1743, Charles de Bourbon fonde la Manufacture royale de Capodimonte, dont de nombreuses œuvres sont aujourd'hui exposées au musée de Capodimonte. Certaines manufactures de porcelaine datant du milieu du XIXe siècle sont encore actives en ville.

Musique

Intérieur du teatro San Carlo.

Naples a joué un rôle important dans l'histoire de la musique classique en Europe occidentale pendant plus de quatre siècles[129]. Les premiers conservatoires de musique ont été établis dans la ville sous la domination espagnole au XVIe siècle. Le conservatoire de musique San Pietro a Majella, fondé en 1826 par François Ier de Bourbon, continue aujourd'hui d'être un centre prestigieux d'éducation musicale ainsi qu'un musée consacré à la musique.

Pendant la période baroque tardive, Alessandro Scarlatti, père de Domenico Scarlatti, a fondé l'École napolitaine d'opéra. Celle-ci s'est distinguée par le développement de l'opera seria, genre musical novateur à l'époque[130]. L'opera buffa, également née à Naples, est un style d'opéra comique étroitement associé dans la ville à des compositeurs tels que Giovanni Battista Pergolesi et Niccolò Piccinni avant de s'étendre à Rome puis au reste de l'Europe par Rossini et Wolfgang Amadeus Mozart. Le teatro San Carlo, construit en 1737, est le plus ancien théâtre encore en activité en Europe et demeure le cœur opératique de Naples[131].

Tarentelle à Naples sur une carte postale de 1903.
Mandoline napolitaine.

La première guitare à six cordes a été créée par le Napolitain Gaetano Vinaccia en 1779 ; cet instrument est aujourd'hui connu sous le nom de guitare romantique. La famille Vinaccia a également été à l'origine de l'invention de la mandoline[132]. Influencés par la tradition espagnole, les Napolitains ont joué un rôle pionnier dans la musique de guitare classique, avec des représentants comme Ferdinando Carulli et Mauro Giuliani[133]. Ce dernier, originaire des Pouilles mais ayant vécu et travaillé à Naples, est souvent considéré comme l'un des plus grands guitaristes et compositeurs du XIXe siècle, aux côtés de son contemporain catalan Fernando Sor[134],[135]. Autre musicien napolitain de renom, le chanteur d'opéra Enrico Caruso est l'un des ténors les plus célèbres de tous les temps[136]. Issu d'un milieu ouvrier, il était considéré comme un homme du peuple à Naples[137].

La danse traditionnelle la plus populaire dans le Mezzogiorno et à Naples est la tarentelle (tarantella), originaire des Pouilles puis répandue dans tout le royaume des Deux-Siciles. La tarentelle napolitaine est une danse de séduction amoureuse exécutée en couple, caractérisée par des « rythmes, mélodies, gestes et chants d'accompagnement distingués », avec une musique plus rapide et joyeuse que la version d'origine.

L'un des genres notables de la musique populaire de la ville est le style de la canzone napoletana (chanson napolitaine), qui représente la musique traditionnelle de Naples et comprend un répertoire de plusieurs centaines de chansons folkloriques, dont les plus anciennent remontent au XIIIe siècle. Ce genre est devenu une institution en 1835 avec l'introduction du concours annuel de composition du festival de Piedigrotta. Parmi les artistes les plus célèbres de ce genre figurent Roberto Murolo, Sergio Bruni et Renato Carosone[138]. Par ailleurs, Naples est à l'origine d'autres formes de musique moins célèbres à l'étranger, comme le style cantautore (chanteur-compositeur) et la sceneggiata, souvent décrite comme un "soap opera musical". Le représentant le plus connu de ce genre est Mario Merola[139].

À la Belle Époque, Naples rivalisait avec Paris pour ses cafés-concerts, où de nombreuses chansons napolitaines célèbres ont été créées pour divertir le public. Parmi celles-ci, on peut citer Ninì Tirabusciò (Nini Tirebouchon), probablement la plus connue. L'histoire de la création de cette chanson a été portée à l'écran dans la comédie dramatique éponyme, Ninì Tirabusciò: la donna che inventò la mossa, avec Monica Vitti dans le rôle principal.

Théâtre

Gravure représentant Polichinelle (1700).

Le théâtre est l'une des traditions artistiques les plus anciennes et les plus connues de la ville ; déjà l'empereur Néron a joué au premier siècle de notre ère sur la scène du théâtre romain de Neápolis. En effet, Naples fut l'un des foyers d'origine du théâtre moderne tel qu'on le conçoit de nos jours depuis l'apparition de la commedia dell'arte à la Renaissance. Le personnage masqué de Polichinelle est devenu une figure mondialement célèbre, aussi bien dans le domaine du théâtre que dans celui de la marionnette.

Le siècle d'or du théâtre napolitain moderne fut le XVIIIe siècle, date à laquelle ont été construits de nombreux théâtres, parmi lesquels le Teatro Real San Carlo, une des salles les plus anciennes (1737) et les plus célèbres au monde.

De nos jours, Naples propose une vaste offre théâtrale, parmi lesquels le Mercadante, le San Ferdinando, l'Augusteo, le Sannazaro, le teatro Bellini, le Mediterraneo et bien d'autres. Grâce à cette tradition séculaire et durable et au grand nombre de théâtres de la ville, Naples a été choisie pour accueillir d'importants événements, tels que le Festival national du théâtre.

Le genre populaire napolitain de la sceneggiata constitue un volet essentiel du théâtre folklorique moderne, avec des récits dramatiques portant sur des thèmes classiques tels que les histoires d'amour malheureuses, les comédies ou les mélodrames. Ces histoires mettent souvent en scène des personnages honnêtes poussés à devenir des hors-la-loi au sein de la camorra à la suite de circonstances tragiques. La sceneggiata a gagné une immense popularité parmi les Napolitains et est devenue l'un des genres les plus emblématiques du cinéma italien grâce à des acteurs et chanteurs comme Mario Merola et Nino D'Angelo. De nombreux écrivains et dramaturges, comme Raffaele Viviani, ont écrit des comédies et des drames pour ce genre. Par ailleurs, des acteurs et comédiens tels qu'Eduardo Scarpetta et ses enfants Eduardo, Peppino et Titina De Filippo ont fortement contribué au développement du théâtre napolitain. Leurs comédies et tragédies, comme Filumena Marturano et Napoli Milionaria, sont particulièrement célèbres et continuent d'être jouées et appréciées à travers le monde.

Cinéma

Totò, célèbre acteur napolitain.
Sophia Loren, actrice de renommée mondiale, a grandi près de Naples dont elle est citoyenne à titre honorifique.

Les premières tentatives de production cinématographique remontent à 1904, mais c'est à partir de 1905 que les films commencent à être tournés à Naples avec une certaine régularité, grâce aux frères Troncone. En 1924-25, plus d'un tiers des films produits en Italie provenaient de Naples, avec des expressions souvent dialectales. L'époque pionnière de l'industrie cinématographique napolitaine a pris fin pendant les vingt années du fascisme : l'accent mis sur le développement du capital et la réduction des coûts due à la centralisation a entraîné le transfert de la production de films italiens à Rome, où les studios Cinecittà ont été construits.

La ville napolitaine a toujours été considérée comme un lieu de tournage important tant au niveau national qu’international (plus de 500 films tournés au cours de la période de trois ans 2016-2017-2018) : de nombreux réalisateurs se sont succédé au fil des ans, à commencer par les frères Lumière qui en 1898 ont réalisé certains de leurs premiers plans sur le front de mer de Naples (ce qui en fait en fait l'une des villes avec le plus ancien témoignage cinématographique), en passant par les années soixante et soixante-dix avec les films de Mario Monicelli, Roberto Rossellini, Francesco Rosi, Pier Paolo Pasolini, Vittorio De Sica, Ettore Scola, Nanni Loy, Dino Risi et bien d'autres, jusqu'à nos jours avec Massimo Troisi, Giuseppe Tornatore, Gabriele Salvatores, Matteo Garrone, John Turturro, Paolo Sorrentino et Ferzan Özpetek. Parmi les films les plus importants se déroulant à Naples, donnant souvent une idée précise de l'âme de la ville, figurent :

Littérature

Événements culturels

La richesse culturelle de Naples se reflète aussi dans la salve de festivals qui se déroulent dans la ville. Voici une liste de quelques-uns des festivals les plus notables :

  • Représentation du festival de Piedigrotta en 1813.
    Festival de Piedigrotta - un événement musical généralement organisé en septembre, en l'honneur de la célèbre Madone de Piedigrotta. Tout au long du mois, des ateliers musicaux, concerts, événements religieux et activités pour enfants sont proposés pour divertir les Napolitains[140] ;
  • Pizzafest - comme Naples est réputée pour être le berceau de la pizza, la ville organise un festival de onze jours dédié à ce plat emblématique. Cet événement attire autant les Napolitains que les touristes, et de nombreux stands proposent une vaste gamme de pizzas napolitaines authentiques à déguster. En plus des dégustations, des spectacles et animations variés sont proposés[141] ;
  • Maggio dei Monumenti (Mai des Monuments) - un événement culturel lors duquel la ville organise diverses manifestations spéciales pour célébrer la naissance du roi Charles de Bourbon. Ce festival met en avant l'art et la musique du XVIIIe siècle, et de nombreux bâtiments habituellement fermés au public sont ouverts aux visiteurs pour l'occasion[142] ;
  • Il Ritorno della festa di San Gennaro (Le Retour de la fête de Saint Janvier) - une célébration annuelle et une fête religieuse de trois jours en l'honneur de saint Janvier. Le festival comprend des parades, des processions religieuses et des animations musicales. Une célébration similaire est également organisée chaque année dans le quartier de Little Italy à Manhattan[143].

Langues

Répartition des différents dialectes napolitains.

La langue napolitaine, considérée comme une langue distincte de l'italien, est principalement parlée dans la ville de Naples ainsi que dans la région de la Campanie. Elle s'est également diffusée dans d'autres parties du sud de l'Italie ainsi que dans de nombreuses régions du monde en raison des migrations napolitaines. Le 14 octobre 2008, une loi régionale a été adoptée en Campanie pour protéger l'usage de la langue napolitaine[144].

Le terme « napolitain » est souvent utilisé pour désigner la langue parlée dans toute la Campanie (à l'exception du Cilento) et est parfois appliqué à l'ensemble des langues du centre-sud de l'Italie. Ethnologue désigne ce groupe linguistique sous le nom de Napoletano-Calabrese[145]. Ce groupe linguistique est répandu dans la majeure partie du sud de l'Italie continentale, à savoir les alentours de Gaète et de Sora dans le sud du Latium, le sud des Marches et des Abruzzes, le Molise, la Basilicate, le nord de la Calabre et des Pouilles.

En 1976, on estimait à 7 047 399 le nombre de locuteurs natifs de ce groupe dialectal.

Cuisine

La pizza a vu le jour à Naples.
Des sfogliatelle, viennoiserie très courante à Naples.

Naples est mondialement célèbre pour sa cuisine et ses vins, qui reflètent les diverses influences culturelles ayant marqué l'histoire de la ville, notamment grecques, espagnoles et françaises. La cuisine napolitaine a émergé comme un style culinaire distinct au XVIIIe siècle, caractérisée par ses saveurs riches malgré sa faible diversité d'ingrédients censée à l'origine la rendre accessible à toute la population (y compris les plus pauvres)[146].

La ville est reconnue comme le berceau de la pizza[147]. À l'origine un plat simple destiné aux classes populaires, la pizza a gagné en popularité auprès de l'aristocratie sous le règne de Ferdinand IV. La célèbre pizza margherita doit son nom à la reine Marguerite de Savoie qui en a dégusté une lors de sa visite dans la ville. La pizza napolitaine est traditionnellement cuite dans des fours à feu de bois et, depuis 2004, sa préparation est soumise à des règles strictes. Ses ingrédients authentiques sont : de la farine de blé, de l'eau minérale, des tomates pelées ou des tomates cerises fraîches, de la mozzarella, du sel de mer et de l'huile d'olive extra vierge[148].

Le nom de Naples est également pour certains synonyme de spaghetti agrémentés de palourdes (spaghetti alle vongole) ou d'autres fruits de mer. La proximité maritime se reflète dans une grande variété de plats locaux à base de produits de la mer, tels que : l'impepata di cozze (moules pimentées), le purpetiello affogato (poulpe poché dans un bouillon), les alici marinate (anchois marinés), le baccalà alla napoletana et le baccalà fritto (plats de morue populaires à Noël). Parmi les autres plats napolitains emblématiques, on trouve la parmigiana di melanzane et le casatiello (gâteau salé traditionnellement consommé à Pâques)[149].

La gastronomie napolitaine compte également une variété de desserts renommés : les zeppole, le babà (gâteau imbibé de rhum), les sfogliatelle (viennoiserie en forme de coquille, garnie de ricotta), la pastiera (tarte sucrée à base de ricotta et de blé, traditionnellement préparée pour Pâques[150]) ou encore les struffoli (boules de pâte enrobées de miel, consommées à Noël). La ville est également renommée pour son gelato, une glace aux saveurs fruitées, et sa culture du café. La cuccuma ou cuccumella, cafetière napolitaine, a précédé l'invention de la machine à expresso et a inspiré celle de la Moka (dite cafetière italienne).

Les terres volcaniques fertiles autour du Vésuve produisent des vins renommés tels que le Lacryma Christi (Larmes du Christ) et le terzigno[151]. Naples est également le berceau du limoncello, une liqueur de citron acidulée appréciée dans le monde entier[152].

En mai 2024, Time Out a déclaré Naples meilleure ville gastronomique, consolidant ainsi sa réputation de capitale culinaire.

Personnalités liées à Naples

Notes et références

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Voir aussi

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Articles connexes

Bibliographie

Ouvrages anciens

  • (fr) Stanislao d'Aloe, Naples, ses monumens et ses curiosités, avec un catalogue détaillé du Musée royal bourbon, suivi d'une description d'Herculanum, Pompéi, Stabies, Pæstum, Pouzzoles, Cumes, Baïa, Capoue, etc., Imprimerie Piscopo, Naples, 1856, 602 p.

Ouvrages contemporains

  • Sébastien Allard, Sylvain Bellenger et Charlotte Chastel-Rousseau, Naples à Paris : Le Louvre invite le musée de Capodimonte, Gallimard, , 320 p. (ISBN 978-2073013088).
  • (fr) Colette Vallat, Brigitte Marin et Gennaro Biondi, Naples : démythifier la ville, L'Harmattan, Paris, 1998, 362 p. (ISBN 9782738454317)

Filmographie

  • (fr) Naples, ville ouverte, film documentaire de Ben Hopkins (en), Royaume-Uni, 2009, 70'

Liens externes